par Mohamed El Bachir
« L’impérialisme qui aujourd’hui se bat contre une authentique libération des hommes, abandonne çà et là des germes de pourriture qu’il nous faut implacablement détecter et extirper de nos terres et de nos cerveaux. » (Frantz Fanon)
Ukraine : porte européenne de l’Eurasie
La guerre en Ukraine dure depuis plus d’un an suite à l’intervention militaire russe. Et loin de mettre en place les conditions nécessaires à une solution politique du conflit, les membres de l’OTAN avec, à leurs têtes les États-Unis, ont encouragé Kiev à livrer une guerre sans merci, notamment en livrant des armes. Ainsi les membres de l’OTAN sont devenus des belligérants.
Et toutes les données géopolitiques convergent vers la même conclusion : l’OTAN a acculé la Russie à intervenir en Ukraine.
Un exemple historique illustre le rôle attribué à l’Ukraine par l’OTAN dans son combat pour conserver et consolider sa suprématie mondiale : l’Afghanistan.
Hier, dans sa « froide » confrontation avec l’URSS, l’OTAN a semé des « germes de pourriture »[1] en Afghanistan en utilisant les « combattants de la liberté », selon la terminologie des défenseurs de la démocratie. Pour mesurer le cynisme de l’impérialisme occidentale, traduire « combattants de la liberté » par Taliban. Et c’est le conseiller aux Affaires étrangères du président J.Carter (1976), Zbigniew Brzeziński qui donne la mesure de ce cynisme en déclarant :
« Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les Taliban ou la chute de l’union soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la fin de la guerre froide ? »
Mais quarante ans plus tard, le peuple afghan a du mal à se débarrasser des « germes de pourriture ». Et soit dit en passant, les larmes des tenants occidentaux du droit des femmes et des hommes ne sont d’aucun secours pour le peuple afghan. Cependant ces larmes servent à effacer l’histoire tout en donnant bonne conscience à l’âme occidentale.
Sous couvert de Droits d’ingérence et de Responsabilité de protéger, l’impérialisme a accompli sa mission : détruire… morceler… afin que les peuples n’accèdent pas à la souveraineté pleine et entière. L’idéologue néo-conservateur Karl Rove a résumé cet objectif stratégique en des termes sans ambiguïté : « nous américains, nous sommes un Empire… Nous sommes les acteurs et les producteurs de l’Histoire. »
Des exemples pour illustrer les propos de K. Rove ?
L’Algérie et le Groupe islamique armée (GIA) dans les années 90… Yougoslavie… Irak… Libye…
Pour « clore le volet Eurasie » où la Russie est enfermée dans un espace « otanien », il est nécessaire de rappeler que, de par sa richesse en hydrocarbure et sa place géostratégique, l’Eurasie a une importance capitale pour l’impérialisme dans son aventure pour l’hégémonie planétaire. Une hégémonie remise en cause par l’axe de la résistance dont la Chine, l’Iran et la Russie sont les principaux portes drapeaux
Le Moyen-Orient : l’autre porte orientale vers l’Eurasie
Il est inutile de rappeler l’œuvre accomplie par « les acteurs et les producteurs de l’Histoire » dans cette région en utilisant ce qui a réussi en Afghanistan, à savoir, « les combattants de la libertés », sous de nouvelles appellations Organisation de l’État islamique, Front El Nosra…
Pour accomplir le même objectif stratégique, le morcellement des États en fonction des ethnies qui les constituent. Cela n’a pas réussi ! Ni en Syrie, ni en Irak, ni au Liban grâce à l’armée syrienne et à la résistance arabe dont le Hezbollah est le fer de lance. Il est indéniable que la Russie et l’Iran ont joué un rôle de premier plan. Néanmoins, il reste à éradiquer « les germes de pourriture. »
Il n’est pas superflu de souligner que le droit du peuple palestinien à l’autodétermination reste le centre de gravité des conflits passés et à venir dans cette région du monde. Riche, elle aussi, en hydrocarbure. Et c’est, Muasher, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jordanie, l’un des premiers pays arabes ayant collaboré avec l’État sioniste, qui a fini par admettre qu’ : « il y a un vrai danger. Israël ne veut pas d’un État palestinien en Cisjordanie et à Jérusalem, et il ne veut pas d’une majorité de palestinien dans les territoires placés sous contrôle….Il ne reste donc qu’une solution : le transfert, qui touchera directement la sécurité nationale jordanienne »… Une réalité qui incite de plus en plus d’élus jordaniens à appeler à la révision du traité de paix signé en 1994 avec l’État sioniste…
… En effet, « la solution à deux États pour mettre fin au conflit israélo-palestinien est morte et elle ne pourra pas ressusciter »[5], dixit Muasher… Et pour cause, pour le mouvement sioniste, l’État d’Israël s’étend du Nil jusqu’à l’Euphrate.
Autrement dit, les Accords d’Oslo ne sont qu’un conte des mille et une nuits… Un état de fait qui accélère l’unité des organisations de résistance du peuple palestinien. Avec l’aide précieuse tant politique que militaire du Hezbollah et de l’Iran.
Sur ce point, le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour, d’une part, éteindre le feu au Yémen où l’impérialisme israélo-occidental joue le rôle de pyromane et, d’autre part, permettre à la Syrie de retrouver toute sa place au Moyen-Orient est capitale pour consolider le front de résistance face au mouvement sioniste. Il est évident que l’apport politique chinois pour assainir les divergences politiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite est à mesurer à l’aune de la confrontation mondiale qui s’amplifie de jour en jour entre l’impérialisme et l’axe de la résistance… Ainsi, le pont construit par la Russie entre l’Eurasie et le Moyen-Orient pour, entre autre, sauvegarder la souveraineté de la Syrie vient d’être consolidé par la Chine. À n’en pas douter, les membres de l’OTAN et l’État d’Israël ont pris la mesure de l’évolution géopolitique en cours… Mais pour ne pas fermer les deux portes de l’Eurasie afin de permettre l’élaboration de solutions pacifiques aux grands défis qui se posent à l’humanité, prendront-ils en compte les déclarations officielles des ministres des Affaires étrangères chinois et russe, Qin Gang et Sergueï Lavrov ainsi que celle du président iranien Ebrahim Raïssi ?
Il est permis d’en douter !
Sans oublier le vent de résistance qui commence à souffler en Amérique du Sud et en Afrique.
Enfin en guise de conclusion, je cite sans commentaire les déclarations des deux ministres et du président iranien.
Pour Qin Gang : « nous ne ferons aucune concession à ceux qui tentent de mettre à mal la souveraineté et la sécurité de la Chine. Quiconque jouera avec le feu sur la question de Taïwan finira par se brûler. »
Pour Sergueï Lavrov : « Appelons un chat un chat: personne n’a autorisé la minorité occidentale à parler au nom de toute l’humanité… Le monde s’est probablement approché d’une limite plus dangereuse que pendant la Guerre froide. »
Et pour terminer, la déclaration de Ebrahim Raïssi, à l’occasion de la Journée de l’armée, le 18 avril : « les ennemis, en particulier le régime sioniste, ont reçu ce message que le moindre mouvement contre le pays suscitera une réponse sévère des forces armées et s’accompagnera de la destruction de Haïfa et de Tel-Aviv. »
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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