L’État d’Israël célèbre les 75 ans de sa déclaration d’indépendance, le 14 mai 1948 (les Israéliens commémorent ce jour selon le calendrier juif). Anniversaire – et fête nationale – sur fond de crise profonde : les manifestations se succèdent chaque samedi contre la coalition de droite et d’extrême-droite du Premier ministre Benyamin Netanyahu et contre son projet de réforme judiciaire que beaucoup en Israël qualifient de dangereuse pour la démocratie.
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Israël marque son 75ᵉ anniversaire sur fond de fracture. Certes, le gouvernement a décrété une pause dans son projet de réforme judiciaire, mais sans y renoncer. L’objectif reste de raboter les prérogatives de la Cour suprême, ce qui fragiliserait le seul contre-pouvoir dans ce pays qui n’a pas de Constitution.
Dans cet entre-deux, les alliés ultranationalistes de Benyamin Netanyahu piaffent d’impatience : « Ce n’est pas un type de droite, il est de gauche, peut-être centriste, mais pas de droite », vitupère Arieh King. Pour cet adjoint au maire de Jérusalem, le chef du gouvernement est décidément trop modéré. « Benyamin Netanyahu ne nous permet pas de construire pour les juifs à Jérusalem, il n’autorise pas les juifs à se comporter comme ils devraient sur le mont du Temple [nom donné par les juifs à l’esplanade des Mosquées à Jérusalem]. Nous avons un seul lieu saint dans le monde, c’est le mont du Temple… et notre Premier ministre ne nous autorise pas à nous y rendre ! » déplore-t-il. Arieh King se définit comme proche du parti Sionisme religieux, dont le chef et actuel ministre des Finances Betsalel Smotrich a récemment déclaré : « le peuple palestinien n’existe pas ».
« Il ne croit pas en la démocratie »
Car le gouvernement israélien actuel est le plus à droite de l’histoire du pays. Outre le parti Sionisme religieux (Tsionout HaDatit) de Betsalel Smotrich, on y trouve un représentant de la formation Force juive (Otsma Yehudit) du ministre de la Sécurité intérieure Itamar ben Gvir. Ce dernier inquiète particulièrement les centaines de milliers d’Israéliens qui manifestent chaque semaine contre le gouvernement et ses projets.
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« Crise de société »
« C’est une crise constitutionnelle, une crise de régime, mais aussi une profonde crise de société », résume la sociologue israélienne Perle Nicolle-Hasid de l’Université hébraïque de Jérusalem. La chercheuse observe « d’un côté une population libérale et active, majoritairement non-religieuse, qui connait un réveil politique nouveau, inédit depuis vingt ans. Et en face, le réveil et l’activisme de groupes radicaux de plus en plus explicites sur leurs visées concernant l’ensemble de la société ». Pour Perle Nicolle-Hasid, « on est face à une crise de définition des buts politiques et sociétaux de l’’État d’Israël. Qu’est-ce qu’être Israélien aujourd’hui ? On est dans une impasse pour le définir. »
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