par Nora Durbecq
Il est difficile de dater l’apparition de la musique, même si les traces de pratique musicale connues remontent à environ 43 000 ans. D’abord orale, la musique s’est ensuite transmise par l’écriture. Mais qui a inventé les notes de musique que nous utilisons aujourd’hui et qui les a répertoriées ? C’est notre question de lecteur de la semaine.
Les traces les plus anciennes de pratique musicale remontent à 43 000 ans
Si la musique fait partie de nos cultures depuis si longtemps qu’on ne puisse pas vraiment dater son apparition, elle n’a pas toujours existé sous la même forme et a connu bien des évolutions. Pour mieux comprendre les origines de la musique et de sa notation, Sciences et Avenir vous propose ici quelques éléments clés de son histoire. Même si les plus vieilles traces de pratique musicale connues remontent à environ 43 000 ans, les pratiques musicales comme le chant et la danse ont très certainement une origine bien antérieure. Quant aux premières notations musicales, on en retrouve des éléments datant de l’Antiquité, même si ce n’est qu’à partir du Moyen-Âge qu’apparaissent réellement les premiers systèmes occidentaux d’écriture musicale.
Des traces écrites depuis l’Antiquité
La musique connait des évolutions différentes selon les régions du monde. Les systèmes de notation musicale ne se développent pas au même rythme, et certains sont plus anciens que d’autres. En Chine, par exemple, le système des 12 Lyu (système de notation musical à 12 notes) daterait du 3ème millénaire avant notre ère.
Au XIVe siècle avant J.-C., des hymnes hourrites inscrits sur des tablettes d’argile en écriture cunéiforme témoignent également des premières formes d’écriture musicale. L’hymne d’Ugarit (actuelle Syrie) en particulier, est accompagné d’indications et est considéré comme le plus vieux chant connu à ce jour. Diverses interprétations en ont d’ailleurs été proposées.
Un peu plus récentes, des compositions de la Grèce antique, datées du IIe siècle avant notre ère ont également été retrouvées entières, à la fin du XIXe siècle, sur le mur du Trésor des Athéniens (Delphes, Grèce). Elles sont néanmoins rapportées comme étant complexes, puisqu’elles mêlent des notations à la fois vocales, rythmiques et instrumentales. Autre vestige des débuts de l’écriture musicale, la chanson de Seikilos, une brève composition musicale retrouvée gravée sur une épitaphe et datée de la fin du IIe siècle avant notre ère. Cette chanson est basée sur le système de notation de la Grèce antique, qui est constitué de plus de 1000 signes spécifiques permettant d’en déchiffrer la composition musicale et d’en proposer des interprétations.
Le Moyen-Âge, tournant dans l’écriture musicale en occident
Bien que les premières traces écrites de musique remontent à plusieurs millénaires, il semble difficile de faire le tri et d’interpréter les premières notations musicales, tellement celles-ci varient selon les cultures et peuvent s’avérer complexes. Le système musical a évolué différemment selon les régions du monde et reste encore aujourd’hui très variable, mais en Occident, c’est au Moyen-Âge que la notation musicale a pris un réel tournant.
Aux V et VIe siècle après J.-C., Boèce (480-524), philosophe et homme politique latin, a pour projet de composer quatre ouvrages basés sur les sciences du Quadrivium (dans la théorie antique, elles correspondent aux quatre arts mathématiques) dont fait partie la musique. Son ouvrage, « De institutione musica », distingue trois musiques : la musique céleste (qui s’inspire de l’harmonie des sphères de Platon, datée environ du Ve siècle avant J.-C.), la musique humaine et la musique instrumentale. Il simplifie – ou fait le tri – dans la notation de la Grèce antique, en proposant d’associer les 15 premières lettres de l’alphabet latin à 15 notes ascendantes. Ce système de notation ne permet pas encore de faire référence à des notes fixes, mais plutôt à la hauteur d’une note par rapport à une autre. Au début du XIe siècle, le nombre de lettres utilisées est réduit à sept dans le Dialogus de Musica, dont l’écriture est attribuée de manière controversée à Odon de Cluny, moine bénédictin et théoricien de la musique. Les lettres utilisées vont de A à G (La à Sol). Cette dénomination est toujours utilisée dans les pays anglophones et germanophones, avec quelques variantes.
Quelques siècles plus tard, dans cette épopée du long Moyen-Âge, le chant grégorien, chant liturgique officiel de l’Église catholique dont l’origine est attribuée au Pape Grégoire 1er, apparait. Soucieux de réorganiser la liturgie (ensemble des rites et chants destinés au culte), il contribue à rassembler et classer les chants, même si ce n’est qu’à partir du règne de Charlemagne (768-814) que le chant grégorien prendra son nom. Exclusivement vocal et monodique (à une seule voix), le chant grégorien se transmet et se généralise en Occident, de même que sa notation carrée basée sur des signes appelés neumes. Ceux-ci se présentaient sous forme d’accents (dont ils étaient probablement inspirés) pour indiquer la ou les notes à chanter (source : Richard H. Hoppin, « La musique au Moyen-Age », ed. Mardaga)
Mais quand est enfin apparu notre système de notation ?
Au XIe siècle, le moine Guido d’Arezzo (992-1033) améliore la notation neumatique en élaborant le système de notation musicale sur portée (l’ensemble de lignes horizontales représentant les hauteurs). Dans le solfège, la portée est aujourd’hui constituée de cinq lignes horizontales et de quatre interlignes. D’Arezzo a quant à lui proposé le système à quatre lignes horizontales, de même que le système de solmisation (ut, ré, mi, fa, sol, la) en s’inspirant de l’hymne à saint Jean-Baptiste, écrit au VIIIe siècle par le poète Paul Diacre (720-799) :
Ut queant laxis
Resonare fibris,
Mira gestorum
Famuli tuorum,
Solve polluti
Labii reatum,
Sancte lohannes.
C’est bien ce système de solmisation qui a donné naissance à notre notation actuelle. À la fin du XVIe siècle, la note Si, qui n’était pas dans le système de solmisation proposé par d’Arezzo apparait. L’ajout de cette note qui reprend le dernier vers de l’hymne à saint Jean-Baptiste est attribué à divers musiciens.
Plus tard, à partir du XVIIe siècle, ut change de nom pour devenir do, pour des raisons pratiques de prononciation essentiellement, même si ut ne disparait pas complètement du vocabulaire musical, puisqu’on l’utilise quand on parle de « clef d’ut », par exemple. Enfin, le nombre de lignes sur la portée qui a plusieurs fois varié jusqu’à la Renaissance, reste définitivement à 5.
source : Sciences et Avenir
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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