par Panagiotis Grigoriou
La saison s’ouvre et le vieux pays se visite de manière agréable ; ou comme on le dit parfois, bien en circuit guidé. On peut même y goûter çà et là du bon vin local, à Némée par exemple, toutefois désormais sans Héraclès et sans son lion. Les mythes ont sûrement une vie et non pas plusieurs.
Nos visiteurs, si possible curieux apprécient bien y compris à Némée, car dans ma démarche de « Grèce Autrement », rien ne leur est dans un sens épargné. Le cadre… trop ancien certes y est pour commencer, et ensuite, selon les parcours, on remémore nos héros de la Révolution nationale et chrétienne de 1821, tel Théodoros Kolokotrónis, dont la statue domine depuis 1914 le passage de Dervenákia, sur la vieille route la plus directe, entre Argos et Corinthe.
Au 25 juillet 1822 en calendrier julien, l’infanterie turque et albanaise de Drámali Pacha, tentait le passage à travers les montagnes pour atteindre Corinthe, depuis Argos. Les Grecs sous le commandement de Kolokotrónis, les attendaient embusqués. La veille de la bataille, le chef des Grecs est monté sur le toit d’une maison afin d’encourager ses combattants. « Grecs, aujourd’hui nous sommes nés et aujourd’hui nous mourrons, pour le salut de notre patrie et ainsi pour le nôtre ».
« Aujourd’hui chacun de nous en déchirera pas mal d’ennemis, vous saisirez le butin et vous distribuerez les trésors d’Ali Pacha ainsi que le fez des Turcs aux nôtres ; car c’est de l’argent chrétien. Le tyran d’Épire les a volés à nos frères. Notre Dieu Saint nous les a envoyés, et ils sont notre trésor. Demain au même moment, je vous verrai tous porter les armes des Turcs, monter leurs chevaux, et vous serez resplendissants, portant leurs tenues. Dieu est avec nous, et rien ne vous arrivera ».
Le lendemain, une première partie des troupes de Drámali s’engagea dans le passage, là où et Theódoros Kolokotrónis avait réparti 3000 de ses hommes, à Dervenákia. Et quand les Ottomans étaient suffisamment avancés, les tireurs grecs embusqués sont entrés en action et le combat au corps à corps débutait.
Durant trois jours, les forces de Drámali tentaient le passage, mais en vain. Les Grecs ont certes perdu près de cinquante hommes, mais l’armée ottomane perdit près de 3000 hommes morts ou blessés. La victoire à Dervenákia, avait déjà sauvé une première fois, la Révolution des Grecs dans le Péloponnèse.
Notons que Theódoros Kolokotrónis qui fut un proche du Gouverneur Ioánnis Kapodístrias, avant, comme après l’indépendance, il avait été considéré comme un des chefs du « parti russe », dont les deux concurrents étaient le « parti français » et le « parti anglais ». Mais disons que c’est une veille histoire grecque alors sans fin.
À proximité du monument de Kolokotrónis, il y a l’église de Saint-Sózon, littéralement « le Saint qui sauve », rien que pour ne pas oublier ce néophyte originaire de Lycaonie en Asie Mineure, ayant vécu sous le règne de Dioclétien.
Il était berger en Cilicie, et d’après la tradition des ecclésiastes, il n’a jamais voulu tomber plus bas que ses braves moutons… en termes d’attitude. Et quand il aurait arraché la main en or d’une idole pendant une fête polythéiste et en aurait distribué les morceaux aux pauvres, il a fini condamné à mort et ainsi brûlé vif à Pompéiopolis en Cilicie.
C’est bien connu. Les mythes ont une vie, pas plusieurs. Sauf peut-être ceux des politiciens et de leurs maîtres, qui ne se cachent même plus derrière les rideaux du théâtre occidental actuel.
Depuis que les visiteurs de jadis admiraient déjà nos monuments, par exemple à Némée, la Grèce actuelle ou plutôt actualisée, fut très rapidement tombée aux mains des patrons occidentaux, et d’abord anglais, sitôt l’assassinat du premier et dernier Gouverneur des Grecs choisi par les Grecs, Ioánnis Kapodístrias accompli, en 1831.
Sous la bien longue suite xénocrate, les élections législatives du 21 mai prochain, ne constituent qu’un épisode de plus, dans le funeste feuilleton, inauguré il y a presque deux siècles. En attendant et en visitant d’autres lieux que nos belles ruines antiques, j’ai tenu à montrer à nos voyageurs lucides, la suite ; à savoir, les décombres économiques et sociales de la Grèce contemporaine.
Telles ces rues des petites bourgades aux boutiques fermées à jamais, notamment à partir des années 2010. Sauf que l’on peut toujours en ces lieux… « admirer » tel ou tel local appartenant aux partis de la démocrature moderniste, ou même, déjeuner en local et déguster les vins des lieux.
Le pays réel grec… se déréalise, et il subsiste d’ailleurs vaguement, quand il compte encore sur les promesses de ses politiciens prostituants, tout comme quand il compte sur la seule économie héliotropique de la saison touristique.
Certes, la saison s’ouvre et le vieux pays se visite autant de manière agréable. Peut-être aussi parce que nos visiteurs ne distinguent guère ces nombreux politiciens qui sillonnent nos villes et nos campagnes en ce moment.
L’autre jour dans un village terrien du Péloponnèse non loin de Némée, un tel énergumène, député du parti LGBTiste de l’attardé Mitsotákis, a pris place autour d’une table dans un bistrot. Ceux du village l’ont salué, mais personne n’a vraiment voulu engager la discussion avec… l’élu. Seuls certains notables locaux ont cru bon échanger quelques phrases brèves et entrecoupées de silence, histoire coûte que coûte, de maintenir… encore et toujours l’insupportable, « au cas où ».
Le climat est alors bien bizarre… chez nos moutons de Saint-Sózon et d’ailleurs. Durant toute cette campagne électorale, ce blog – greekcris.fr, ne livrera que peu de faits, issus de la fausse actualité fabriquée, ou sinon ce qui tient de son observation participante, issue du… terrain. Comme par exemple ce que certains habitants de Némée disaient, de la visite du député Mitsotakién des lieux. « Il est arrivé d’Athènes… nous emmenant avec lui, deux cars de supporteurs payés à la tâche, ainsi qu’un troisème car, bourré de journalistes serviables ».
Ou, comme le dit Zóis Béchlis, ancien médecin militaire à la tête du mouvement patriotique « K21 – Hellas-21 », en écho aux ancêtres de 1821, « nous participons aux élections pour d’abord démonter le jeu de la démocrature, puis pour la défaire. Ce n’est pas une lutte politique, mais une guerre, sans doute la dernière, quant à savoir si notre nation existera encore dans trente ans ».
Mais alors en local, et pour faire dans l’ostentatoire, le député Mitsotakién a fumé son cigare, et il s’est même photographié aux côtés… des chats du café. Puis, il a repris son bâton de perlimpinpin afin de poursuivre dans son théâtre, visitant les autres bourgades du coin… sans Héraclès et sans son lion depuis bien longtemps.
Et enfin une fois chez nous, nous avons tout raconté à notre Volodia, le plus vaillant et le plus valeureux des matous comme on sait. Pour… le salut de sa patrie, et ainsi pour celui de la nôtre.
source : Greek Crisis
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