par Gabrielle Cluzel
C’est Denis Payre qui a jeté le pavé dans la mare sur Twitter, il y a deux jours : « J’ai besoin de refaire une carte d’identité, un acte régalien élémentaire, et je ne parviens pas à trouver de rendez-vous à 60 kilomètres autour du centre de Paris d’ici le 20 juin… en payant les impôts les plus élevés au monde… où va l’argent ? » Ce tweet, liké 3740 fois, retweeté 1171 fois, a fait l’objet de près de 900 commentaires.
J’ai besoin de refaire une Carte d’Identité, un acte régalien élémentaire, et je ne parviens pas à trouver de rendez-vous à 60 km autour du Centre de Paris d’ici le 20 Juin…en payant les impôts les plus élevés au monde….Où va l’argent ? pic.twitter.com/15lGMrvo7Q
— Denis Payre (@DenisPayre) March 20, 2023
Car la situation est la même dans toute la France. Grande métropole ou petite ville rurale. Refaire une CNI ou un passeport est devenu un parcours du combattant, une course d’endurance comprenant deux épreuves : d’abord décrocher un rendez-vous en mairie, puis attendre la fabrication par la préfecture. Sur la plupart des sites municipaux, le premier créneau est disponible dans trois mois. Rappelons que les papiers d’identité à jour ne sont pas simplement nécessaires pour les touristes souhaitant aller à l’étranger, ils sont également indispensables pour les candidats aux examens.
Si ce goulot d’étranglement était récent, les Français pourraient éventuellement prendre leur mal en patience. Mais « l’allongement vertigineux des délais d’obtention », selon l’expression de 20 Minutes, dure depuis… 2021.
Déjà en octobre 2021, Capital titrait : « Les délais pour refaire ses papiers d’identité explosent ». La faute au Covid, à l’interruption des services publics pendant le confinement et à la suspension des voyages. Une fois les restrictions levées, la demande avait été trop forte pour être absorbée. Sauf que nous sommes en 2023 et rien n’est réglé. Une défaillance conjoncturelle des services publics est devenue structurelle.
En mai dernier, Gabriel Attal avait reconnu que les délais d’attente pouvaient dépasser 100 jours dans certains départements, contre 20 habituellement. En janvier, le ministre délégué aux Collectivités Dominique Faure avait annoncé en fanfare 500 nouveaux guichets et 20 millions d’euros. Sans résultats probants. Les rendez-vous sont toujours distribués sur Internet au compte-gouttes, les horaires d’ouverture des services dédiés dans les mairies n’ont pas été élargis. Sans doute veut-on éviter que les fonctionnaires municipaux se surmènent.
Sur le modèle de Vite ma dose, le site Vite mon passeport – à quand « Vite mon médecin », puisqu’à chaque pénurie correspond un site dédié – permet d’essayer de trouver à l’arrache un rendez-vous… souvent à l’autre bout de la France dans un délai de quelques heures. Quand on s’est organisé, il a déjà disparu.
La France aime tellement les sans-papiers qu’elle s’emploie à en générer chaque jour parmi ses propres ressortissants. Nos frontières sont béantes, mais à sens unique : on rentre chez nous comme dans un moulin ; en revanche, les Français sont empêchés de sortir, faute de documents d’identité.
Nos services publics ne sont plus qu’un champ de ruines. Denis Payre a raison : où donc peuvent bien aller nos impôts ?
source : Nouveau Monde
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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