par Dominique Delawarde
Les dernières données chiffrées du FMI viennent de paraître ce 12 avril 2023. Elle méritent d’être examinées avec attention en gardant à l’esprit que le FMI est un organisme tenu et dirigé par les Occidentaux et que ses prévisions sont traditionnellement optimistes pour l’Occident et plus sévères pour les pays qui se posent en challengers de l’Occident (Russie et Chine notamment).
Tous les six mois, des réactualisations sont faites dans ces prévisions pour tenir compte des résultats réels constatés. Selon mes observations sur plus d’une décennie, ces réactualisations donnent très souvent des résultats plus favorables que prévus pour les pays BRICS en général, pour la Chine et la Russie en particulier.
En l’an 2000 le PIB des 5 pays qui allaient créer les BRICS comptaient pour 18,1% du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat (PPA). Aujourd’hui, la part de ces 5 pays est montée à 32,1% du PIB mondial et le FMI prévoit que cette part va continuer d’augmenter, parce que la croissance des BRICS tirée par la Chine et l’Inde est beaucoup plus forte que celle des pays occidentaux.
Dès leur sommet annuel d’août 2023, en Afrique du Sud, les BRICS vont très probablement commencer à s’élargir progressivement en sélectionnant les meilleurs candidats pour les intégrer en qualité de membres permanents. Une vingtaine de candidats seraient sur les rangs dont certains ont déjà fait officiellement acte de candidature. En intégrant 1 à 2 pays par an d’ici 2028, les BRICS (qui devront changer de nom) pourraient compter de 10 à 15 pays en 2028. Leur poids dans l’économie mondiale va incontestablement et significativement s’accroître.
À noter que la liste ci dessus est loin d’être exhaustive. Certains États hésitent à rendre public leur souhait d’adhésion au BRICS, craignant des représailles du camp occidental.
Avec l’entrée de un ou deux nouveaux pays dès 2023, un effet d’entraînement pourrait bien être observé.
Il ne faut pas oublier non plus que la Turquie s’est déclarée, depuis longtemps, intéressée par une adhésion au BRICS.
Elle n’hésitera pas à franchir le pas si le bateau occidental prend l’eau ou si la tutelle US devient trop pesante…
Du côté occidental, le déclin se poursuit inexorablement, ou du moins la part des économies occidentales dans le PIB mondial (PPA).
Le PIB US était, à lui seul, de 50% du PIB mondial au sortir de la guerre en 1945. Il ne comptait plus que pour 20,3% en l’an 2000. Il n’en compte désormais que 15,4% et cette part se réduit d’année en année.
Les Européens comptaient eux aussi pour 20,3% du PIB PPA mondial en l’an 2000. Aujourd’hui cette part n’est plus que de 14,6% et continue de se réduire d’année en année.
En clair, le camp occidental ne dispose plus du poids économique qu’il avait encore, il y a 23 ans et qui lui permettait de dominer de la tête et des épaules l’économie et la finance mondiale.
D’autant que l’opération de dédollarisation des échanges mondiaux initiée par la Russie et mise en oeuvre par la totalité des pays BRICS n’a pas encore produit ses premiers résultats.
Un nombre croissant de pays se rallient jour après jour aux échanges hors dollars pour échapper aux pressions, voire aux sanctions et à l’extraterritorialité du droit états-unien, attachée à l’emploi du dollar dans les transactions.
Cette dédollarisation qui ne fait que commencer pourrait avoir des effets d’une ampleur inédite sur l’économie mondiale, boostant les économies s’affranchissant du dollar et précipitant le déclin des États qui s’accrochent aux « règles », désormais obsolètes, du passé.
Les premières indications sur ces effets pourraient bien être perceptibles dès Octobre 2023 ou Avril 2024, à l’occasion de la réactualisation des données chiffrées par le FMI.
Quoi qu’il advienne, le monde de demain sera très différent de celui d’hier et tout retour en arrière semble bien improbable. Le déclassement de l’occident prendra sans doute quelques années, mais il est désormais inéluctable et irréversible.
La guerre en Ukraine, survenant après la phase aiguë de la crise Covid, aura précipité les choses. L’opération spéciale aura pleinement joué son rôle en obtenant, par l’économie, plus que par la force des armes, un affaiblissement durable de la coalition occidentale et de l’ idéologie néoconservatrice et mondialiste de sa gouvernance.
La messe est dite.
Dominique Delawarde
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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