« L’Église nous a servi d’État quand nous n’avions pas d’État »
Il est d’usage, pour expliquer les tares de la société québécoise, de se référer à son «vieux fond catholique» qui structurerait encore son inconscient collectif.
Il serait responsable de notre méfiance envers l’argent, envers la réussite, envers la modernité.
On connaît ce discours par cœur. Je veux bien croire qu’il porte une part non négligeable de vérité.
Histoire
Pourtant, de ce vieux fond, je voudrais dire du bien.
Je pourrais commencer par rappeler que le catholicisme, dès les origines de la Nouvelle-France, a donné un souffle particulier à notre aventure en Amérique. Un souffle poétique, même mystique, rappelé par Carl Bergeron dans son très beau livre La grande Marie ou le luxe de sainteté (2021), consacré à Marie de l’Incarnation.
Je pourrais ajouter que le catholicisme, après la Conquête, a servi de base de repli pour notre identité collective. L’Église nous a servi d’État quand nous n’avions pas d’État. À terme, ce refuge est devenu une prison. Mais pendant longtemps, il nous a permis de tenir, surtout dans le siècle de la survivance, qui a suivi les insurrections ratées de 1837-1838.
J’ajouterais que le catholicisme a aussi engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale.
Ceux qui chantent les vertus de notre social-démocratie sont-ils conscients qu’elle serait probablement moins vigoureuse si elle ne s’appuyait sur l’éthique catholique de la solidarité, porteuse d’un fort sens du collectif?
Collectif
C’est ce même sens du collectif qui nous amène à résister aujourd’hui au fractionnement de la société sous la pression du multiculturalisme. Il donne une vitalité particulière au sentiment national, autrement dit.
Alors on peut toujours critiquer l’Église comme on veut, mais on devrait garder à l’esprit qu’on ne saurait la congédier d’un bloc, sans nuances.
Nous l’oublions trop souvent.
À la veille de Pâques, j’ai cru utile de le rappeler.
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