L’administration Biden enquête sur une fuite de documents de guerre classifiés concernant la stratégie des États-Unis et de l’OTAN pour aider l’armée ukrainienne avant une offensive contre la Russie prévue au printemps, ont confirmé de hauts fonctionnaires.
Le New York Times a révélé jeudi que le Pentagone enquêtait pour retracer l’origine de la fuite de documents sensibles – dont certains ont été falsifiés – et qui sont apparus publiquement sur Twitter et sur Telegram.
« Nous sommes au courant des informations de presse concernant des messages publiés sur les réseaux sociaux et le ministère est en train d’examiner la question », a déclaré une porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, au New York Times.
Les documents en question ne dévoilent pas de plans de bataille spécifiques, mais offrent notamment un aperçu des forces ukrainiennes en date du 1er mars. Certains passages évoquent le rythme d’utilisation des munitions des lance-roquettes mobiles HIMARS, ou encore le calendrier de livraisons d’armes et les formations fournies par l’Occident aux soldats de Kiev.
Selon ces fuites, douze brigades ukrainiennes seraient en train d’être constituées, dont neuf entraînées et équipées par les États-Unis et d’autres alliés de l’OTAN, note le New York Times.
Désinformation
Les documents semblent authentiques, analysent des experts cités par le journal new-yorkais, mais certains auraient été modifiés de façon à présenter la situation russe sous un jour plus favorable, notamment en minimisant l’ampleur des pertes.
Par exemple, des informations indiquent que 16 000 à 17 500 soldats russes ont été tués, et que l’Ukraine a enregistré jusqu’à 71 500 morts parmi ses troupes. Le Pentagone et d’autres analystes ont estimé que la Russie a subi beaucoup plus de pertes, avec près de 200 000 morts et blessés, tandis que l’Ukraine a recensé plus de 100 000 morts et blessés.
La manière dont les documents se sont retrouvés sur les médias sociaux n’est pas claire non plus.
Des analystes militaires ont toutefois indiqué que des canaux gouvernementaux prorusses avaient partagé et fait circuler des diapositives d’un breffage. Ils ont prévenu que les documents publiés par des sources russes pouvaient être modifiés pour véhiculer la désinformation du Kremlin.
« Que ces documents soient authentiques ou non, les gens devraient faire attention à tout ce qui est publié par des sources russes », a soutenu Michael Kofman, directeur des études russes à CNA (Center for a New American Security), un institut de recherche situé à Arlington, en Virginie.
Les analystes ont néanmoins reconnu que certaines parties des documents semblaient bel et bien authentiques et fourniraient à la Russie des informations précieuses, telles que les calendriers de livraison des armes et des troupes, l’ampleur chiffrée du renforcement des troupes ukrainiennes parmi d’autres détails militaires cruciaux.
« Cette fuite d’informations représente la première percée des services de renseignement russes rendue publique depuis le début de la guerre », observent les journalistes du New York Times. Elle pourrait bien nuire à l’échange de renseignements entre l’Ukraine et les États-Unis, concluent-ils.
Ukraine : quand Elon Musk ridiculise une demande du Pentagone
Le richissime homme d’affaires américain Elon Musk n’est pas allé par quatre chemins pour répondre à une demande qui a été formulée par les autorités du Pentagone par rapport à une fuite de documents classifiés.
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Il a été demandé en effet au patron du réseau social Twitter de supprimer de la plateforme ces documents qui y circulent. L’avis de ce dernier sur ce type de situation est tout de même connu de tous. « Oui, vous pouvez totalement supprimer des éléments d’Internet. Cela fonctionne parfaitement et n’attire pas du tout l’attention sur ce que vous essayez de cacher », a répondu l’homme d’affaires aux multiples casquettes. Elon Musk avait souvent violemment critiqué la censure qui était imposée par l’ancienne équipe dirigeant le réseau social.
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