par Jorge Capelán
Ce que vit le Pérou est un coup d’État de longue durée orchestré par Washington.
La phase de préparation a duré presque un an et demi à partir de l’investiture de Pedro Castillo après qu’il est ait gagné les élections avec un pourcentage record pour un candidat populaire au Pérou, jusqu’au 7 décembre dernier, quand un Congrès dominé par des forces férocement d’opposition, l’a déclaré « incapable moralement, » l’a accusé de conspiration et de rébellion et l’a condamné d’abord à 18 mois de prison « préventive » et ensuite à 36 mois.
En décembre dernier, le président Pedro Castillo a été victime d’une conspiration avec de fausses informations pour organiser sa destitution et ensuite le traduire en justice en attendant que le mouvement populaire qui le soutient dans les rues se démobilise et renonce à libérer ce pays stratégique des États-Unis. C’était la phase d’exécution du coup d’État.
La phase actuelle est celle de la normalisation. Le peuple dans les rues ne cesse pas de protester, de réclamer le retour de Castillo et une assemblée constituante. D’autre part, la classe politique du modèle néolibéral fujimoriste soutenue par les États-Unis espère que la répression et la fatigue fassent leur effet. Selon certaines estimations, il y a eu 60 ou 70 morts.
Une observation : alors que le Commandement Sud affirme que la lutte contre le crime organisé fait partie de ses priorités dans la région, le record des agents politiques à son service au Pérou montre exactement le contraire.
Le Congrès aux mains d’un trafiquant de drogue
Le 12 septembre dernier, le général à la retraite, José Williams Zapata ancien chef, du commandement, conjoint des forces armées, connu pour ses relations avec les cartels mexicains de la drogue lorsqu’il était chef de la région militaire Nord de Piura en 2004–2005, est élu président du Congrès.
Selon des rapports de la division antidrogue de la police nationale (DIVANDRO), de l’administration de contrôle des drogues des États-Unis (DEA), et du site WikiLeaks, quand le général José Williams Zapata était chef de cette région militaire, dans cette zone du Pérou, le cartel de Tijuana exportait de la drogue par la mer avec la complicité présumée de militaires de haut rang et al transportait même à quelques mètres des installations de l’armée.
En 2006, Williams Zapata a été accusé de corruption et d’avoir couvert l’assassinat de 69 personnes à Accomarca en 1985, l’un des chapitres les plus sanglants de la guerre contre le groupe terroriste appelé Sentier Lumineux. À cette occasion, 69 femmes, hommes, vieux et enfants ont été assassinés.
Zapata a lu aussi la charge de l’opération Chavín de Huantar, célébrée par les fujimoristes comme une grande victoire contre le terrorisme. Lors de cette opération militaire destinée à secourir 72 otages à l’Ambassade du Japon, le 22 avril 1997, il y a eu 17 morts (les 14 membres de la guérilla du MRTA et 3 autres personnes) sur lesquels 8 ont été assassinés par les soldats.
Représentant du parti d’extrême droite, le pays avance et soutiennent actif de Keiko Fujimori, Williams Zapata a prouvé qu’il était un courageux agent du coup d’état contre le président Pedro Castillo. L’élection de Williams comme le président du Congrès n’a pas déchaîné de furieuses critiques des États-Unis bien que ses relations avec les cartels de la drogue du Mexique aient été connues depuis longtemps.
Entre autres choses, 48 heures avant le coup d’État contre le président Castillo, le 5 décembre dernier, Williams Zapata a « recommandé » au général d’armée, Walter Cordova de démissionner, « pour le bien de l’institution », à cause de « graves plaintes » contre lui. Concrètement, Williams a dit à Cordova qu’il avait un dossier qui contenait plusieurs plaintes contre lui ce qui est affectait l’armée en tant qu’institution.
Cordoba a été le seul général qui n’avait pas voulu se prêter au coup d’État contre Castillo qui consisté à fournir au président de faux rapports sur la situation politique du pays pour provoquer des erreurs de sa part que le Congrès et d’autres pouvoir de l’État contrôlés par la droite et le fujimorisme utiliseraient comme prétexte pour le destituer.
Bien que Williams Zapata, nie avoir fait chanter le chef militaire, le journal péruvien La República dit que plusieurs sources ont confirmé que la « demande » de démission de Cordova existait bien.
Le rôle des États-Unis
Comme d’habitude dans notre région, l’ambassade des États-Unis à Lima était directement impliquée dans le coup d’État contre Castillo.
La réunion entre l’ambassadrice ancien officier de la CIA, Lisa Kenna, et le ministre de la défense Emilio Bobbio Rosas moins de 24 heures avant le coup d’État pour mettre au point les détails de l’opération destinée à déposer le président Pedro Castillo est un exemple de cette implication.
La désignation immédiate, le coup d’État étant toujours en cours, de l’ancien officier de liaison du commandement sud, le colonel à la retraite Juan Carlos Liendo O’Conor comme chef de la direction nationale du renseignement attire également l’attention. Il faut dire de plus qu’O’Conor est une figure importante du fujimorisme.
Le 9 mars dernier, en donnant lecture du rapport du Commandement Sud au comité des services armés de la chambre des représentants, la général Laura Richardson a qualifié le crime organisé de menace « primaire », dans la région, responsable de la mort de 100 000 Étasuniens par an à cause de la drogue, mais l’USSOUTHCOM ne semble pas avoir de meilleures manières avec ses contacts au Pérou qui comprennent des militaires avec des dossiers sordides de trafic de drogue jusqu’à toute la gamme de la délinquance. Des représentants du fujimorisme.
Dans ce plan apparaît Justin Davis, officier écran de la CIA qui, pour son expérience contre les pays latinos américains comme Cuba où il a été fonctionnaire du bureau politique de l’ambassade des États-Unis, a été désigné au Pérou à ce même poste pour aider à saboter de la gestion de Pedro Castillo.
Le facteur géopolitique
Les États-Unis ont aujourd’hui au Pérou un point critique pour leur stratégie de réajustement de la corrélation des forces opérationnelles en Amérique latine en ayant plus de 10 bases militaires en territoire péruvien situées à des endroits stratégiques du point de vue énergétique et minier. Beaucoup de ces bases se trouvent dans le Varem, une zone de vallées surmontée par l’Apurimac et d’autres, un lieu stratégique pour le Commandement Sud.
Évidemment, la zone du Warren a été le scénario, la scène de différents massacres, ces dernières années, coïncidant avec des situations d’augmentation de la lutte populaire dans lesquelles celui qui bénéficie le plus du réveil du fantôme du Sentier Lumineux est le fujimorisme. En effet, à l’intérieur et à l’extérieur du Pérou ceux qui pensent que cette guérilla « maoïste » spécialisée dans l’assassinat de paysans et d’activistes sociaux a été un produit de la CIA destiné à affaiblir stratégiquement la gauche sont de plus en plus nombreux.
La préparation du groupes tactiques équatoriens et l’intérêt marqué du Commandement Sud pour accaparer le travail dans les ports équatoriens très proches du Pérou sous prétexte d’attaquer des opérations de drogue attirent l’attention.
Au début de cette année, les États-Unis ont envoyé 20 000 cartouches lacrymogènes grâce à l’entreprise étasunienne Force Improvement LLC avec un appel d’offres de légalité douteuse puisque selon des médias locaux, on a payé un sur-prix excessif pour celles-ci et que la démarche n’était ouverte que pour cette entreprise pendant quelques heures.
Le Congrès du Pérou
Le Congrès du Pérou est dominé par diverses factions du fujimorisme et par d’autres partis qui ne jouissent pas du soutien du peuple. Alors que le peuple dans les rues réclame le retour de Castillo et la convocation d’une assemblée constituante, la classe politique fait la sourde oreille en attendant que la répression et la fatigue fassent leur effet.
On attaque les dirigeants syndicaux comme c’est arrivé en Colombie pour décapiter les manifestations et les démobiliser. Les organismes occidentaux comme Amnesty international qui en arrive même à parler d’exécutions extrajudiciaires ne peuvent pas ignorer l’ampleur de la répression.
Pendant ce temps, l’État aux mains des putschistes continue à accorder aux multinationales minières des concessions à 30 ans ou plus sous la figure abominable de contrats-lois, introduite par Fujimori en 1993, selon laquelle les contrats signés ne peuvent être modifiés par les lois, ni par un autre mécanisme démocratique.
Parmi les parlementaires putschistes figurent :
La députée Yessica Rosselli Amuruz Dulanto qui, après plusieurs scandales de corruption (par exemple, elle a encaissé des bons du Congrès alors qu’elle était en congé, a plagié des projets de loi et son frère a été engagé illégalement par l’État pour des sommes importantes), on dit qu’elle a réussi à se remettre sur pied dans sa charge grâce au « bons offices » du fonctionnaire de l’ambassade des États-Unis dont nous avons déjà parlé, Justin Davis.
Leidy Camones, du parti pro-fujimoriste Alliance Pour le Progrès, ancienne présidente du Congrès de réputation douteuse destituée de sa charge pour trafic d’influence. En septembre, elle assurait déjà que Castillo tomberait en quelques mois, selon des enregistrements audios révélés à la presse. Elle a fait ces affirmations à César Acuña, du groupe Avancée pour le Progrès auquel répond Camones. Trafic d’influence I et trafic d’influence II.
Rafael López Aliaga, patron, et homme politique de Rénovation Populaire qui en est arrivé à menacer Castillo de mort et à mobiliser toutes ses forces dans la capitale pour l’arrêter.
Yessica Rosselli Amuruz Dulanto de Le Pays Avance, fille de l’ancien député fujimoriste Roger Amuruz, gère les commissions permanentes les plus influentes du Congrès, (affaires étrangères, transport, communication et sciences, innovation et technologies).
Diego Fernando Bazan est au premier rang pour faire obstacle à toute aide au président, critique tout recours pénal en sa faveur et appelle à mépriser le soutien international qu’il reçoit en mettant en place la censure de ses arguments.
Conclusion
Depuis le 7 décembre dernier, le peuple dans les rues exige le retour de Castillo et une assemblée constituante mais ni les États-Unis ni la classe politique corrompu ne semblait intéressés à résoudre cette situation. Même, l’empire pourrait être intéressé par le fait de maintenir un cadre d’apparente impossibilité de gouverner qui justifie une intervention militaire du Commandement Sud, par exemple, sous la protection de l’OEA.
source : Resumen Latinoamericano via Bolivar infos
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International