par Al Manar
La décision du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de former les forces de la Garde nationale, sous l’autorité du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, et sur son insistance, en échange de l’accord de suspension des réformes judiciaires, a soulevé des questions sur la nature de leurs fonctions au cours de la prochaine période.
D’après les propos de Ben-Gvir, cette force devrait être limitées à l’intérieur occupé, mais certains Israéliens appréhendent qu’elle ne se transforme en une milice armée à la solde du ministre extrémiste du gouvernement de Netanyahou, en particulier à la lumière du fossé qui se creuse entre lui et les chefs de la police israélienne.
Contre les Palestiniens
La Garde nationale sera chargée de faire face aux défis sécuritaires qui surgissent « lors des différentes conditions d’urgence, notamment pour faire face aux opérations palestiniennes dans l’intérieur occupé et afin de renforcer la capacité du gouvernement à exercer son autorité dans les zones où la réalité l’exige ».
La création de ces forces prévoit entre autres de charger le ministre de la Sécurité nationale de former un comité dirigé par le sous-secrétaire et avec la participation des représentants du cabinet du Premier ministre, des ministères de la Sécurité et de la Justice, de la police et de l’armée d’occupation, à condition que ce comité présente ses recommandations au ministre de la Sécurité nationale dans un délai de 60 jours concernant les missions et les objectifs de la Garde nationale, ainsi que ses attributions et l’identité de ses éléments et autres.
Selon la proposition, cette garde sera composée de « forces régulières et de brigades tactiques… de sorte qu’elles puissent se déployer au niveau national, et opérer en période normale grâce à l’utilisation de moyens technologiques et de renseignement ». La proposition prévoit également « la possibilité que la Garde nationale puisse recourir aux forces de réserve et des volontaires en cas d’urgence ».
À la place des Gardes-frontières
Ben-Gvir propose d’étudier le transfert d’entreprises de la garde-frontière à la garde nationale. Il a écrit dans sa proposition que « la garde formera une force spécialisée, qualifiée et entraînée, pour faire face à divers scénarios d’urgence, à la criminalité nationale, à la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’au renforcement de la capacité de gouverner dans les endroits qui l’exigent, dans le cadre des tâches qui incombent aujourd’hui à la police israélienne dans ces domaines ».
Selon les médias hébreux, Ben-Gvir envisage de proposer une force composée d’environ 2000 membres, équipés d’armes, et surnommée « Police de combat », avec un budget d’environ 280 millions de dollars.
Un gaspillage des ressources
Parmi les voix qui conteste le plus haut la création de la Garde nationale est celle du commissaire de la police d’occupation Roni Alsheikh.
Le site Makor Rishon a rapporté qu’il a envoyé une lettre à Netanyahu et au chef du Conseil de sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, leur disant : « La création de la Garde nationale est un gaspillage de ressources et un pari dont l’avantage n’a pas été prouvé ».
« L’objectif de la proposition qui nous est présentée n’est pas du tout clair. Cela pourrait gravement nuire aux capacités opérationnelles du service interne de l’entité. C’est un pari dont l’avantagé n’est pas avéré. Elle pourrait porter atteinte à l’unité de commandement », a-t-il écrit.
Lafamilia et Lahava
Quant au journal économique israélien Calcalist, il a décrit la Garde nationale comme de « milice spéciale de Ben Gvir » car elle serait formée de gangs de la droite laïque connus sous le nom Lafamilia et de gangs de la droite religieuse baptisés Lahava.
Selon le journal, le budget alloué à cette milice sera déduit des budgets d’autres ministères.
Dans ce contexte, l’ancien commissaire de la police israélienne, Moshe Karradi a accusé Ben-Gvir de vouloir « façonner son projet de rêve, légitimer ses armées terroristes et les intégrer dans le service de sécurité israélien, mais sous sa direction directe, afin de le nourrir avec l’idéologie qui lui convient ».
Il a mis en garde que « Ben-Gvir pourrait utiliser la Garde nationale pour mener un coup d’État ».
« Je n’envie pas le chef du Shin Bet pour son statut », a-t-il souligné.
Lecture analytique
Dans ce contexte, le journaliste et chercheur sur les affaires israéliennes, Mohamad Badr, affirme que la droite israélienne cherche depuis des décennies à former des milices armées dans un double objectif : le premier est tourné vers l’intérieur dans le but de créer une sorte de différence de pouvoir entre les composantes de la société dite israélienne en faveur de la droite religieuse nationale, parmi lesquelles Lafamilia et Lahava.
Badr a ajouté qu’il existe des enquêtes antérieures menées par la police d’occupation israélienne qui indiquent le rôle de Ben-Gvir dans le commandement de la milice Lafamilia, car ces groupes adoptent des slogans sociaux racistes.
Selon lui, ces milices ont des slogans qui pronent la violence contre deux parties : contre les Palestiniens afin d’élargir leur audience interne et de renforcer leur image en tant qu’outil de dissuasion et d’oppression des Palestiniens, ce qui se fait en coordination avec l’institution sécuritaire qui les a convoqués dans les territoires occupés lors de la campagne de mai 2021.
Et contre les Israéliens aussi de l’autre côté. Le journaliste et chercheur sur les affaires israéliennes souligne que ces groupes pratiquent la violence au sein de la société israélienne, et même si cela n’a pas été remarqué jusqu’à présent, cela aurait pu exploser lors des récentes manifestations de réformes judiciaires, surtout que Lahava et La Familia ont agressé les participants contre le plan.
Et « Cellules de sécurité »
Selon Badr, il y a eu récemment la formation d’une nouvelle milice appelée « Cellules de sécurité », qui sont entraînées et armées pour intervenir dans les incidents de sécurité. Elles ont des pouvoirs similaires à ceux de la police et sont autorisées à tuer si elles suspectent quelqu’un.
Il indique que la majorité des membres de ces groupes sont volontaires, et sont pour la plupart des partisans de la « tendance nationaliste religieuse » qui tentent d’avoir un certain poids dans l’armée et dans les milices dans le cadre de leur vision du « pouvoir juif ».
Badr explique que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir , cherche, par ce qu’il fait actuellement en lançant les forces de la Garde nationale, à créer un cadre légal pour la majorité de ces groupes, à les protéger et à les exempter de toute reddition de comptes en les transformant en une « milice » affiliée au gouvernement et au système politique israélien officiel.
Conformément à cette affaire, Ben-Gvir cherche à travers son plan, à trouver un financement complet pour cette milice et à lui déduire des fonds de ceux des ministères et institutions officiels du gouvernement israélien, parce que lui et le ministre des Finances Bezalel Smotrish ont découvert qu’il y avait des traces d’un État profond dans les institutions, ce qui rend le régime inadapté à leurs idées, selon le journaliste et chercheur en matière israélienne.
« Cette démarche destinée à lancer la milice de la Garde nationale sera parallèle à l’appareil policier dans l’occupation, et c’est la nature des courants idéologiques qui arrivent au pouvoir, lorsqu’ils cherchent à créer des institutions parallèles pour eux par peur de l’État profond, ce sur quoi Ben-Gvir travaille actuellement », a conclu Mohamad Badr.
Selon certains observateurs, la création de la Garde nationale avec les deux milices Lafamilia et Lahava n’est pas sans craindre qu’elle ne recoure aux même procédés terroristes de ceux des milices qui ont proliféré lors de l’usurpation de la Palestine, dans les années 40 du siècle dernier. À l’instar de la Hagana.
source : Al Manar
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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