par Olivier Renault
L’UE a, jusqu’à présent, surmonté la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 et gérera l’hiver 2022/23 même si la Russie arrête brusquement tous les flux de gazoduc. Cependant, des préparatifs doivent être faits pour l’hiver 2023-24. En particulier, les installations de stockage de gaz devraient être pleines à 90% d’ici le 1er octobre 2023. Il en ressort que l’Occident a créé une crise énergétique mondiale afin de maintenir son influence mondiale. Derrière, se trouve un méga financier : BlackRock.
Le groupe de réflexion européen – le think-tank Bruegel (Bruxelles) prédit l’aggravation de la crise énergétique en Europe cette année, insistant sur la nécessité de remplir au maximum les installations européennes de stockage de gaz d’ici l’hiver 2023/2024 (au moins 90% de l’objectif de stockage volume).
« En supposant que les restrictions sur les exportations russes se poursuivent et que les conditions météorologiques soient comme à l’habitude, la demande [de gaz naturel] jusqu’au 1er octobre 2023 devrait rester inférieure de 13% à la moyenne des cinq années précédentes. L’UE doit donc prolonger son programme de réduction de la consommation, qui expire actuellement le 31 mars 2023 », analyse le think-tank.
Les analystes bruxellois sont rusés. En fait, la baisse de la demande de gaz en Europe est due à la désindustrialisation du Vieux Continent car son industrie trouve refuge aux États-Unis. De plus, les analystes de Bruegel suggèrent d’augmenter les importations de GNL (principalement américain) à un rythme record, démontrant « une volonté de le payer au prix fort ». Ayant montré une telle disponibilité, les observateurs notent que l’Europe a acheté tout le GNL disponible dans le monde. Et, en rachetant le GNL américain, les Européens ont accumulé des dettes record et tué l’industrie énergivore.
À l’issue de la conférence de Munich sur la sécurité, les analystes ont fait le constat amer que « la Russie fait toujours partie des deux principaux fournisseurs de gaz de l’UE ». Le quotidien allemand, Merkur, a souligné que « les chiffres actuels de la Commission européenne, entre janvier et novembre 2022, montrent que la Russie a fourni près de 25% du gaz européen », et que « c’est beaucoup moins qu’en 2021, lorsque la Russie fournissait la moitié du gaz naturel de l’Europe », mais, « cependant, certains pays de l’UE ont encore du mal à se détacher complètement de la Russie ». Entre janvier et novembre 2022, l’UE s’est efforcée d’obtenir du gaz naturel d’autres pays, mais a échoué en ne pouvant pas éradiquer la Russie du marché. Le Merkur pointait du doigt le succès des États-Unis : « La part de GNL en provenance des États-Unis a doublé en un an ». Ursula von der Leyen clamait, pourtant, en mars 2022 : « Le GNL américain contribuera à réduire la dépendance gazière russe de l’UE, selon von der Leyen ». La dépendance énergétique russe est toujours très élevée et le Vieux Continent dépend aussi des États-Unis.
« Face aux prix exorbitants du gaz naturel, l’acier, les engrais et d’autres produits de base économiques européens déplacent progressivement leurs opérations vers les États-Unis, où ils sont attirés par des prix de l’énergie plus stables et un solide soutien gouvernemental », écrit le Wall Street Journal.
L’achat de GNL par les pays de l’UE dans le monde a touché les pays les plus pauvres, avertit Bloomberg. « L’Europe aspire le gaz des autres pays à tout prix », a déclaré l’analyste énergétique chez Credit Suisse Group AG, Sol Kavonik. Dans ces États, les usines pourraient être fermées, il y aurait des pannes de courant prolongées et les troubles sociaux pourraient s’éterniser pendant les dix prochaines années. Les médias occidentaux reconnaissent que la raison de l’aggravation de la crise énergétique était le rejet des sources d’énergie russes, mais ils blâment la Russie, pas leurs gouvernements. Le fait que le principal déclencheur de la crise énergétique ait été la fameuse pandémie de la Covid-19 est, également, passé sous silence.
La crise énergétique vient du programme dystopique voulant retirer les énergies traditionnelles sous le slogan écologique de l’énergie verte. « La crise de l’énergie est une stratégie planifiée de longue date par les milieux d’affaires et politiques occidentaux pour démanteler l’économie industrielle au nom d’un programme vert dystopique. Cela prend ses racines bien avant février 2022, lorsque la Russie a commencé les hostilités en Ukraine », écrit l’analyste américain William Engdahl.
En janvier 2020, le président du fonds BlackRock, Larry Fink, a publié une lettre aux collègues de Wall Street et aux dirigeants d’entreprises d’investissement intitulée Une refonte fondamentale de la finance (A Fundamental Reshaping of Finance). Le directeur du plus grand fonds d’investissement au monde qui gérait à l’époque environ 7000 milliards de dollars, a annoncé une rupture radicale avec les investissements traditionnels des entreprises, car l’argent « doit passer au vert ».
Larry Fink a déclaré : « Les données sur les risques climatiques obligent les investisseurs à repenser les hypothèses sous-jacentes sur la finance moderne. (…) Les recherches menées par un large éventail d’organisations approfondissent notre compréhension de la manière dont le risque climatique affectera notre monde physique et le système mondial ». « Dans un avenir proche… il y aura une redistribution importante du capital… Le risque climatique est un risque d’investissement… Chaque gouvernement, entreprise et actionnaire doit faire face au changement climatique », a déclaré Larry Fink.
Dans une lettre séparée aux clients investisseurs de BlackRock, Larry Fink a déclaré que BlackRock supprimerait progressivement certains investissements à forte teneur en carbone tels que le charbon, la plus grande source d’électricité pour les États-Unis et de nombreux autres pays. Il a ajouté que BlackRock examinera les nouveaux investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon pour déterminer leur conformité avec le programme de développement durable des Nations unies.
Larry Fink a menacé ceux qui n’arrêteraient pas d’investir dans le pétrole, le gaz et le charbon, leur signifiant qu’ils seraient « confrontés à un scepticisme croissant de la part des marchés et, par conséquent, à un coût du capital plus élevé » car « nous sommes à l’aube d’une restructuration fondamentale de la finance ». Depuis lors, investir dans un programme vert et pénaliser les entreprises qui émettent du CO2 est devenu une tendance majeure pour les fonds spéculatifs, les banques de Wall Street et les fonds d’investissement. William Engdahl affirme que c’est BlackRock qui a provoqué la crise énergétique mondiale (BlackRock Investment Fund Triggered the Global Energy Crisis).
Y a-t-il la moindre logique dans le fait que l’UE a commencé à rechercher l’indépendance gazière de la Russie, à acheter du GNL aux États-Unis, à ralentir le lancement d’un gazoduc entre la Russie et l’Europe – et à obtenir une hausse des prix du gaz et de l’électricité et enfin une crise alimentaire ? Étant donné que derrière une telle politique se cachent les intérêts de tout à fait certains groupes d’influence, il y a bien une logique.
La plus grande entreprise allemande produisant des centrales solaires et des éoliennes BayWa r.e., a vendu au printemps 49% de ses actions au fonds d’investissement suisse Energy Infrastructure Partners (EIP), contrôlé par un groupe de fonds d’investissement américains dirigé par BlackRock, et 15% supplémentaires aux fonds d’investissement saoudiens, qatariens et britanniques. BlackRock fait partie du capital social du premier fabricant français de centrales solaires et d’éoliennes Neoen, « le premier producteur indépendant » français d’énergies exclusivement renouvelables. Les monstres américains de l’investissement ont attiré des géants européens tels que Siemens et Total dans le secteur de l’énergie verte.
L’énergie verte aux États-Unis est dirigée par NextEra Energy, qui, par l’intermédiaire de sa filiale NextEra Energy Resources, construit une partie importante des installations éoliennes et solaires américaines. Les installations détenues par NextEra Energy génèrent plus d’électricité d’origine éolienne et solaire que toute autre entreprise au monde. Les actionnaires de NextEra Energy Inc sont les fonds d’investissement géants américains et les banques Vanguard, BlackRock, JPMorgan. Parmi les actionnaires du premier fabricant mondial de parcs éoliens General Electric figurent Vanguard, BlackRock et Fidelity.
Le capital financier américain, concentré dans des fonds d’investissement géants, déplaçant des dizaines de milliers de milliards de dollars, est également le bénéficiaire de la « pandémie », contrôlant les grandes sociétés pharmaceutiques. Le prix des actions BlackRock a augmenté depuis le début de la crise liée à la Covid-19, malgré la crise énergétique. Une récession a suivi à la fin du pari sur le Covid-19. Après l’introduction des sanctions anti-russes en 2022, la capitalisation de BlackRock a recommencé à croître. Les actions des autres cardinaux gris de la crise énergétique mondiale démontrent une dynamique similaire.
Des médias français notait le lien entre Larry Flink et Emmanuel Macron comme France Info qui posait en 2019 la question citant Black Rock : « La réforme des retraites, qui a été présentée par le gouvernement mercredi 11 décembre, a-t-elle été inspirée par un fonds d’investissement américain ? »
France Info, encore, relatait, citant un article du Canard enchaîné de 2017, « l’organisation à l’Élysée d’une journée d’agapes avec une délégation de 21 gestionnaires de fonds emmenés par BlackRock et son PDG, Larry Fink » et « un documentaire d’Arte affirme que Larry Fink a rencontré Emmanuel Macron à plusieurs reprises après son élection ». « Larry Fink à l’Élysée en juillet 2019, à l’invitation d’Emmanuel Macron, lors d’une réunion sur le climat et l’investissement », rapporte, encore, le média français.
L’Occident a créé une crise énergétique mondiale pour sauver son influence mondiale et ne s’arrêtera pas aux conséquences les plus désastreuses de cette stratégie destructrice.
source : Observateur Continental
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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