La violence doit cesser, a déclaré le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
Source : RT, 24 mars 2023
Traduction : lecridespeuples.fr
Le gouvernement français a fait un usage disproportionné de la force contre des manifestants qui protestaient contre la réforme des retraites, en violation de leur liberté de réunion et d’expression, a déclaré vendredi le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic.
Mme Mijatovic a qualifié de « préoccupantes » les circonstances des manifestations contre la réforme des retraites, ajoutant que « les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d’autres actes répréhensibles commis par d’autres au cours d’une manifestation ne sauraient justifier l’usage excessif de la force par des agents de l’État ».
Si certains « incidents violents » ont eu lieu, y compris contre la police, ils ne sont « pas suffisants pour priver les manifestants pacifiques de leur droit à la liberté de réunion », a-t-elle déclaré, ajoutant que les autorités françaises ont l’obligation de protéger les manifestants pacifiques et les journalistes à la fois contre la violence policière et contre les manifestants marginaux.
« Si un État peut être habilité à recourir à la force, notamment pour rétablir l’ordre, cet usage ne doit intervenir qu’en dernier ressort et dans le strict respect des conditions de nécessité et de proportionnalité », a déclaré la commissaire. « La violence, d’où qu’elle vienne, ne peut en aucun cas être utilisée comme moyen de résoudre une crise sociale et/ou politique. »
Mme Mijatovic a appelé le gouvernement du président Emmanuel Macron à respecter les recommandations de la Commission de 2019, relatives aux manifestations des « Gilets jaunes », ainsi que celles émises par la Commission française des droits de l’homme en début de semaine.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a déclaré jeudi que, pendant les manifestations qui ont duré une semaine, la police avait « mis en nasse » des manifestants pacifiques et les avait sommairement arrêtés sans motif. Le fait que seules 9 des 292 personnes arrêtées à Paris le 16 mars aient été inculpées suggère un « usage excessif de la garde à vue » comme moyen de réprimer les manifestations légitimes, a déclaré la CNCDH.
Les manifestations contre la réforme des retraites ont rassemblé plus d’un million de personnes dans toute la France jeudi. Contournant le pouvoir législatif, M. Macron avait utilisé le privilège de l’exécutif pour relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Bien que les syndicats et les partis d’opposition aient dénoncé la mesure, M. Macron a refusé de céder.
Le ministre de l’intérieur, Gerald Darmanin, a déclaré vendredi matin que près de 450 policiers et gendarmes avaient été blessés et que les émeutiers avaient allumé plus de 900 feux dans les rues. Il a imputé la responsabilité des violences à des groupes d’ «extrême gauche » et à des anarchistes du « black bloc » [mais également à des excès individuels des forces de l’ordre « sous le coup de la fatigue », une excuse grotesque qui contient du moins un aveu].
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Manifestations en France : un recours excessif à la force et aux arrestations abusives (Amnesty International)
Depuis janvier 2023, des manifestations ont lieu partout en France dans le cadre du mouvement social d’opposition au projet de réforme des retraites du gouvernement. Nous alertons sur le recours excessif à la force et aux arrestations abusives, signalé dans plusieurs médias.
Utilisation abusive des matraques
Après la mobilisation du 19 janvier, un manifestant a dû être amputé d’un testicule après avoir reçu un coup de matraque à l’entrejambe. Pourtant, il ne présentait aucun danger. D’autres utilisations abusives des matraques ont été signalées.
Rappel d‘usage des matraques
Elles ne doivent jamais être utilisées sur des personnes pacifiques, déjà maîtrisées ou en train de se disperser.
Utilisation abusive des lacrymogènes
Plusieurs médias ont documenté le recours à des gaz lacrymogènes projetés directement sur des manifestants pacifiques pour disperser les manifestations sans systématiquement de possibilité de dispersion, et dans des quantités importantes.
Rappel d’usage des gaz lacrymogènes
Ils ne peuvent être utilisés que dans des situations de violence généralisée et que quand il y a la possibilité de se disperser. Les gaz lacrymogènes ne peuvent jamais être tirés directement vers des personnes.
https://twitter.com/lecridespeuples/status/1639408339171028992
Utilisation abusive de grenades de désencerclement
Lors de la manifestation du 11 mars, une lycéenne de 15 ans aurait été grièvement blessée au visage, après avoir été touchée par une grenade de désencerclement selon Mediapart.
Notre position sur les grenades de désencerclement
Au vu de la dangerosité de ces armes dont les projectiles frappent de façon aléatoire les personnes, nous demandons aux autorités françaises l’interdiction de l’utilisation des grenades de désencerclement.
Arrestations abusives
Le 16 mars, 292 personnes ont été interpellées et mises en garde à vue durant la manifestation Place de la concorde. 283 d’entre elles sont ressorties libres. Les arrestations et gardes à vue abusives sont des atteintes sérieuses au droit de manifester.
Depuis plusieurs années, nous documentons l’utilisation de lois trop vagues ou contraires au droit international pour arrêter, parfois poursuivre des manifestants pacifiques. Les autorités françaises doivent fournir un cadre législatif protecteur du droit de manifester.
Alors que de nouvelles manifestations sont attendues dans toute la France nous rappelons que les autorités françaises doivent veiller à ce que le droit de manifester soit respecté et garanti et doivent assurer la sécurité des manifestants en évitant de recourir à une force excessive.
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Le Communiqué de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH)
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Le Communiqué du Syndicat des Avocats de France
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Le Communiqué du Syndicat de la Magistrature
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Le Communiqué de la Section Créteil du syndicat enseignant SNES-FSU
Les enseignants en général (et le SNES en particulier) sont généralement timorés, à l’exception de SUD Education, mais ce dernier paragraphe d’un Communiqué particulièrement inspiré mérite d’être salué (malgré l’écriture inclusive). Il a sûrement fait grincer des dents la direction nationale de ce syndicat majoritaire, mais du moins n’a-t-il pas été désavoué.
[…] Le SNES–FSU dénonce la répression qui touche les personnes mobilisées. À Nantes, Paris ou encore Bordeaux nous assistons à des violences inouïes sur des manifestant-es dont plusieurs centaines sont mis-es en garde à vue arbitrairement. Des femmes ont été traînées par les cheveux sur plusieurs mètres et certaines ont subi des agressions sexuelles lors de palpations. Au soir du 18 mars, à Paris, nous avons vu les mêmes scènes honteuses, celles de jeunes, comme à Mantes-la-Jolie en décembre 2018, mis-es à genoux la tête contre le mur et menotté-es après avoir été cueilli-es au hasard : des scènes dignes d’une police aux mains d’un pouvoir fasciste cherchant à contrôler par la force la colère légitime d’un peuple. Les pratiques de la BRAV-M, brigade dont nous demandons la dissolution, nous rappellent les pires actes des voltigeurs en roue libre se déchaînant tout en étant hors du contrôle de leur hiérarchie. Une immense majorité des gardé-es-à-vue sont relâché-es sans qu’aucune infraction ne leur soit reprochée. La FSU appelle le gouvernement, s’il ne veut pas en arriver à un drame, à tenir sa police chaque jour que les manifestant-es s’exprimeront dans la rue pour manifester contre cette réforme injuste et devenue intenable. […]
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