par Panagiotis Grigoriou
En pays grec, les histoires de caste se complètent et se répètent. Il n’y a que le casting qui change au gré des saisons que l’on dit d’ailleurs datées en histoire, et encore. C’est la preuve même, s’il en faut, qu’une caste politique entière sous la Démocrature d’Athènes, refuse de disparaître et qu’elle se porte bien, et même grandit de prédation en privilège sous le Régime globalisé de la Xénocratie. Le peuple quant à lui, ira à la pêche… en attendant ses touristes pour leur vendre l’ersatz d’Apollon et d’Artémis, comme déjà en ce doux Péloponnèse des côtes et des hauteurs.
L’affaire des trains qui se sont télescopés en Thessalie il y a un petit mois, participe toujours de l’ambiance comme d’un certain… train de vie des manifestations qui s’estompent naturellement, sauf que le Régime prépare déjà sa riposte. Le mot de code est lancé, d’abord par Portosálte ; journaliste vedette du grand merdia SKAI présumé contrôlé par les Turcs, avant d’être repris non sans raison, par le sociopathe Mitsotákis en personne.
« La mort de tant de jeunes Grecs relève d’un sacrifice, qui plus est, nécessaire. Même les rescapés de l’accident du train doivent s’y mettre pour que le pays puisse changer ». Sciemment ou en laissant faire ses sous-fifres, le Régime scénarise son énième assassinat du genre, autant à l’occasion que sa gestion mémorielle, dans la série des « catastrophes » et autres nouveautés technologiques ou si besoin, climato pamphages… en attendant la prochaine péritonite généralisée des banques voleuses ; voire, les missiles volants visant même le cœur pourri de l’Occident.
Mitsotákis, était pour son premier déplacement après « la catastrophe ferroviaire », dans le quartier de Maroússi, et toute la mafia de l’État d’Athènes, comme celle de son parti, se sont réunies pour faire rabattre du beau monde vers le café nommé Castalie, lieu où le chef de pacotille a prononcé ses formules d’attardé mental, sous les applaudissements de la racaille en costume deux pièces.
Et il faut préciser que le quartier de Maroússi, est le siège de nombreuses grandes entreprises, dont le chiffre d’affaires, nous dit-elle la presse économique, représente pour elles seules près du 40% du PIB du pays, nous voilà donc rassurés. Mitsotákis s’est donc rendu chez les siens issus de la sous-classe de l’hyperclasse, au message réel plutôt explicite. « Courage mes gars, tous ces gueux disparaîtront sous le ballast ». Cependant, une femme ayant échappé aux contrôles des prétoriens, s’est mise à crier « Mitsotákis salopard », elle a été évacuée sitôt par les « gorilles » d’escorte.
Les jours suivants, il y a eu encore le chef de la Police du pays qui vient d’être limogé, sa faute, ne pas vouloir dégarnir davantage les Commissariats d’Athènes, afin de fournir de la garde supplémentaire aux journalistes tels que Portosálte, car depuis ce qu’ils ont craché sur les plateaux tout leur venin au sujet des trépassés du train de la Démocrature, ils sont directement menacés par certains groupes de jeunes issus des ultras des équipes de foot. Ces derniers, menacent ouvertement le journaliste de SKAI, « de le baiser et de le tuer ». Ah… le bas peuple, chasse, pêche, nature et même tradition.
Sinon, comme certaines histoires de caste se complètent et décidément se répètent, début mars, je me suis brièvement trouvé à Athènes, dans le cadre de mon autre activité – greceautrement.fr – faisant découvrir ce qui peut encore l’être en ce beau pays.
Et de la sorte, rester loin dans un sens de l’actualité, pour évoquer sur les lieux même du crime, la triste affaire de l’assassinat du jeune Kítsos Maltézos, c’était sous l’Occupation.
Mardi 1er février 1944 vers 9h30 du matin, Kítsos Maltézos, le dernier descendant du général Makriyánnis, l’enfant charismatique de la génération des années 1940, est assassiné au centre d’Athènes, près de la statue de Byron. Le meurtre, qui rappelle l’action d’une organisation terroriste, a été commis par le bras armé des étudiants communistes.
Depuis lors, l’événement sera mythifié et transformé en l’un des tabous les plus robustes de l’histoire grecque contemporaine. La gauche niera obstinément toute mention d’une des pages parmi les plus sombres de son forfait, tandis que la droite dure tentera de faire un usage politique de la mort d’un homme, lequel pourtant ne lui appartenait pas.
Car Kítsos Maltézos, était d’abord un jeune homme et déjà étudiant prodige, issu de la bourgeoisie du centre-ville d’Athènes, beau, charismatique, politisé et surtout capable d’un bien large esprit critique, ce qui n’était pas donné à tout le monde à son époque, comme à toute époque.
Il avait un moment épousé la cause des résistants communistes, avant de se rétracter, car il avait compris que le but premier du PC tenait d’abord de la prise du pouvoir en Grèce après le départ des Allemands du pays, d’ici quelques mois.
Dans ce contexte, le PC poursuivait des objectifs pour le dire gentiment… « étroits », dictés par les principes tels que la « purge » des collaborateurs, devenus rivaux ou rivaux potentiels, et notamment les membres coupables d’apostasie – cela même au détriment de l’intérêt supposé alors suprême du parti. Le meilleur exemple qui puisse être… illustré de la sorte fut celui du malheureux Kítsos Maltézos, jeune poète athénien, représentant de la l’élite intellectuelle et culturelle, mais aussi le dernier vivant, parmi les descendants Yánnis Makriyánnis, l’un des héros de la Guerre d’indépendance grecque.
Bien que Maltézos soit tombé en victime quasi inaugurale de la Guerre Civile à Athènes quand elle a ouvertement éclaté un peu plus tard en décembre 1944 ; ces unités des « nettoyeurs » du PC, opérationnels dès les derniers mois de l’Occupation, de même que le mode opératoire de son meurtre, ont sitôt convergé vers un modèle, autant symbolique que tactique, fournissant un rare aperçu de la méthode des communistes.
Maltézos était l’un des enfants les plus doués de sa génération, la génération des années 1940. Sa vie était pleine d’action et de quête. Il a combiné de manière appropriée l’adhésion à la patrie avec ses vues socialisantes anti-ploutocratiques. Il a été influencé, comme la plupart de ses pairs, par les grands mouvements européens de l’entre-deux-guerres, mais sans jamais commettre l’erreur de la xénomanie et de l’imitation. Une nouvelle Grèce était enfin envisagée après-guerre pour lui, désormais délivrée du système corrompu d’avant-guerre.
Maltézos n’a pas eu le temps de constater l’entière la trahison de ses visions par la droite d’après-guerre quand cette dernière a récolté – sans y avoir droit – les bénéfices des luttes de Kítsos et de sa génération. La gauche l’a assassiné. La droite a écrasé ses rêves, même et surtout après la mort. La gauche l’a effacé de sa mémoire. La droite l’a ignoré. C’était logique, car Maltézos n’appartenaient à aucune des factions. Il appartenait à sa nation, à son Pays, à son peuple.
Notons que lorsque Kítsos avait rejoint les rangs de la jeunesse du PC en 1943, il incarnait alors plus qu’un simple « trophée converti », car son lien de parenté avec le légendaire Makriyánnis a donné au PC une autre occasion concrète, pour pouvoir associer son mouvement de résistance à la guerre de Grèce de l’Indépendance de 1821, moment inaugural comme on sait de la Grèce contemporaine.
Par conséquent, lorsque Maltézos a décidé de quitter les Jeunesses communistes au bout de quelques mois, cela ne constituait pas seulement une trahison de plus, mais alors un dangereux précédent. Pire encore, Maltézos a ouvertement condamné les communistes et il est passé aux forces des résistants anti-PC.
Sitôt, le PC a organisé un « procès » secret de Maltézos, et c’est par contumace qui le condamna à mort ; l’exécution devait ainsi avoir lieu à la première occasion. Le 1er février 1944 vers 9h30, Maltézos a quitté son immeuble du No 8 de l’Avenue Sygroú, pour se diriger vers l’avenue Amalías jusqu’à l’arrêt de tramway le plus proche. Quatre hommes venaient derrière lui et le suivaient discrètement. Quand il passa devant la statue de Lord Byron et s’apprêtait à embarquer à bord du tram, deux des hommes ont sorti leurs armes et ont crié, « Maintenant ». L’un des assassins cria alors son nom, « Kítsos », et quand Maltézos s’est retourné, la première balle l’a frappé sur la tempe droite, suivi de plusieurs autres dans la poitrine.
En somme, il a été tué par des camarades de classe et même des anciens amis, tous enfants bourgeois qui avaient grandi dans le quartier et jusqu’à l’Occupation ils avaient partagé les mêmes valeurs. Parmi les assassins, Adonis Kýrou, le fils de l’éditeur d’Estía, l’un des plus anciens titres conservateurs grecs et descendant d’une puissante famille athénienne, dont le fils fut pourtant membre du PC.
L’autre assassin, Mikés Kouroniótis, avait été autant un ami proche de Maltézos à l’université et d’ailleurs, un camarade de classe d’Andréas Papandréou, le futur Premier ministre grec dans les années 1980, alors qu’ils fréquentaient tous les deux l’American Collège avant la guerre.
Comme Kyrou, Kouroniótis est issu d’une famille bien établie et prospère et avait rejoint le PC à l’université pendant l’Occupation. Aux yeux de sa famille, Kouroniótis avait abandonné et trahi sa classe, et ils étaient soucieux d’éviter le scandale. L’ordre établi, avant, pendant et après les Allemands, est rapidement entré en action pour protéger l’un des leurs. La Sécurité spéciale grecque sous l’Occupation qui avait attrapé Kouroniótis et mené de longs interrogatoires ayant révélé les noms d’autres personnes liées au crime, a reçu l’ordre de livrer le jeune homme aux Allemands.
La famille Kouroniótis a préféré qu’il soit exécuté par les Allemands quelques semaines plus tard « pour port d’arme », infraction passible de la peine de mort, plutôt que finir par révéler au grand jour l’implication au meurtre d’autres fils et filles d’éminents Athéniens. En somme, la décision fut prise de plus haut même… que l’administration allemande d’Occupation, d’après Pétros Makrís-Stàikos, avocat et historien, auquel nous devons le livre enquête sur l’assassinat, « Kítsos Maltézos, l’aimé des dieux ».
Mikés Kouroniótis devait être sacrifié déjà pour sauver le jeune Kýrou, et quant au plus haut que l’administration allemande d’Occupation, à notre humble avis, Pétros Makrís-Stàikos sous-entend éventuellement la Loge d’Athènes « Pythagore », dont Ángelos Evert, chef de la Police sous l’Occupation en fut un membre éminent.
Et quant à l’autre puissante famille, celle des Kýrou, c’est avec toute la complicité de la Police grecque sous l’Occupation et bien au-delà, que son jeune fils Adonis, pourtant assassin avéré, a trouvé refuge d’abord à Tríkala, ville de Thessalie encore sous le contrôle des communistes en janvier 1945, et finalement à Paris.
Et c’est ainsi sous le nom d’Ado Kyrou, que le… nanti assassin de Maltézos d’après l’enquête de Pétros Makrís-Stàikos, fréquenta les surréalistes d’André Breton, et finit même sa carrière de réalisateur de films incontestablement progressistes, pas forcément mauvais, sans jamais être enquêté jusqu’à sa mort en 1985. Naturellement, sur Wikipédia qui falsifie presque tout, la biographie de Kyrou est présentée de manière volontairement incomplète.
Pétros Makrís-Stàikos, dont le père avait connu dans les années 1930 Kítsos Maltézos, a quitté ce bas monde à son tour en août 2021. Nous lui devons beaucoup, et d’abord son regard et ses enquêtes. Et il écrivait déjà il y a vingt ans, quand son livre venait tout juste de sortir en librairie provoquant alors un vrai choc, « que la génération de Kítsos Maltézos, la génération des années 1940, est sur le point de départ. Mais parmi les nombreux rescapés provisoires, sa mémoire demeure vivante, quel que soit d’ailleurs le bord politique ».
« Pour ces anciens membres des organisations de résistance que l’on dit bourgeoises, nombreux sont ceux qui évoquent Kítsos Maltézos avec admiration, comme autant sous le signe de l’émotion. Un jeune de sa génération m’a d’ailleurs dit, bien 70 ans après. -Tu ne peux pas comprendre, car tu ne l’as pas connu. Il avait un tel style, il devait devenir par la suite un Karamanlís, voire un de Gaulle. Ses professeurs d’université avaient formulé l’hypothèse que le jeune Maltézos irait sans doute un jour gouverner notre pays ».
Eh bien non. Le drame profond des affaires grecques fut d’abord celui de la guerre et surtout de la Guerre Civile entre les communistes et la droite, sous la bien aimable production scénarisée depuis Londres. Kítsos Maltézos et tant d’autres jeunes, de droite comme de gauche, parmi les plus vaillants et les plus droits qu’il soit, ont été éliminés par les castes et les réseaux, sous couvert d’idéologies, prétendument opposées.
Le résultat fut donc bien à la… hauteur. Le pays est dirigé par ses marionnettes, familles alors xénocrates et pour tout dire, parfois issues de la Khazarie à peine voilée, parmi les rapaces, tels les Mitsotákis, les Karamanlís, les Simítis et les Tsípras ; familles si besoin, ayant collaboré à la fois avec les Allemands du Reich de jadis et de toujours, qu’avec la guêpière de Londres.
Dernière « réussite » du Régime d’Athènes, l’affaire María Tsàlla, une espionne présumée de Moscou… tenant sa boutique de laine dans la capitale, pourtant rappelée en Russie depuis janvier dernier. Donc, c’est… encore « la faute aux Russes ».
En ce Péloponnèse des vieilles histoires, tout comme des héros écartés, on y trouve encore ces maquettes des navires anglais derrière les vitres des vieux restaurants, tout comme on peut entendre parler bruyamment, ces Israéliens par exemple sur la place de Nauplie, quand ils sont venus en visiteurs… « investisseurs ».
Et à l’heure du thé au bistrot du village, nous évoquerons entre amis, entourés des matous des lieux, ces histoires grecques alors de caste qui se complètent et qui se répètent. De l’ersatz sinon, entre Apollon et Artémis.
source : Greek Crisis
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