par Christelle Néant
Le 20 mars 2023, Annabelle Goldie, ministre d’État à la Défense britannique, a annoncé qu’en plus de fournir des chars Challenger 2 à l’Ukraine, la Grande-Bretagne fournirait aussi des obus à l’uranium appauvri, que la Russie considère comme des bombes sales. Moscou a mis en garde Londres contre cette nouvelle escalade militaire.
Le 6 mars 2023, Lord Hylton, membre de la chambre des Lords, demande au gouvernement britannique si les munitions actuellement fournies à l’Ukraine par la Grande-Bretagne, incluent des obus à l’uranium appauvri.
Deux semaines plus tard, Annabelle Goldie, ministre d’État à la Défense, répond qu’en plus des chars d’assaut Challenger 2, la Grande-Bretagne prévoit de lui fournir des obus à l’uranium appauvri.
« Parallèlement à l’octroi d’un escadron de chars d’assaut Challenger 2 à l’Ukraine, nous fournirons des munitions, notamment des obus perforants contenant de l’uranium appauvri. Ces munitions sont très efficaces pour détruire les chars et les véhicules blindés modernes », indique sa réponse sur le site de la chambre des Lords.
Selon la Chronique militaire, ils s’agirait d’obus britanniques anti-blindage de 120 mm de type L26A1 et L27A1. Ces obus constituent une menace importante pour toutes les modifications des chars T-72B, T-72B3M et T-80BV, même lorsqu’ils sont tirés sur l’avant. Par contre, les zones frontales des chars améliorés T-80BVM, T-90A et T-90M Proryv sont capables de résister à ces types de projectiles.
Ces munitions utilisent l’uranium appauvri comme substitut au tungstène (car moins cher et disponible en quantité), matériau très dense, qui permet de percer les blindages des chars d’assaut et autres véhicules blindés. Le problème c’est qu’une partie de l’uranium appauvri est dispersé dans la zone où il explose, contaminant les êtres humains, la faune, la flore, le sol et les nappes phréatiques !
Ces munitions ont été utilisées entre autres pendant la première guerre du Golfe, la guerre en ex-Yougoslavie et la guerre en Irak, où des hausses importantes de cancers et de malformations des bébés ont été observées. Sans parler des soldats qui ont été en contact avec ces munitions, qui souffrent pour certains de problèmes de santé regroupés sous le terme « syndrome du Golfe » ou « syndrome des Balkans ».
C’est d’ailleurs pour cela, qu’en janvier 2023, alors que des rumeurs de fournitures à l’Ukraine de munitions à l’uranium appauvri circulaient déjà, Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers à Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements, avait déclaré que la Russie considérerait cela comme équivalent à l’utilisation de bombes nucléaires sales.
« Nous mettons en garde les sponsors occidentaux de la machine de guerre de Kiev contre l’encouragement à la provocation et au chantage nucléaires. Nous savons que le char Leopard 2, ainsi que les BMP Bradley et Marder, sont armés d’obus perforants de sous-calibre avec des noyaux d’uranium, dont l’utilisation entraîne la contamination de la zone, comme cela s’est produit en Yougoslavie et en Irak. Si de tels obus sont fournis à Kiev pour l’équipement militaire lourd de l’OTAN, nous considérerons cela comme l’utilisation de bombes nucléaires sales contre la Russie, avec toutes les conséquences qui en découlent », a déclaré le diplomate lors du Forum de l’OSCE pour la coopération en matière de sécurité.
Suite à l’annonce des Britanniques, Gavrilov a rappelé cette mise en garde et a prévenu que la Russie répondrait à la fourniture à l’Ukraine d’obus à l’uranium appauvri de manière adéquate.
« Dans le cas où de tels obus pour l’équipement militaire lourd de l’OTAN seraient fournis à Kiev et qu’ils seraient utilisés, nous réagirons de manière adéquate. Nous avons déjà mis en garde à ce sujet », a déclaré Gavrilov, qui a ajouté que « la décision des autorités britanniques est un nouveau pas vers l’abîme de l’escalade ».
« Ses conséquences imprévisibles retomberont entièrement sur Londres, ses associés et le régime terroriste criminel de Kiev », a conclu le diplomate.
« Dans leur tentative de contrarier notre pays, les pays agressifs de l’OTAN ont complètement perdu le contact avec la réalité. Les Anglo-Saxons ont depuis longtemps adopté le principe selon lequel tout est permis contre la Russie », a également noté M. Gavrilov.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que Londres a déjà perdu ses repères dans la façon dont ses actions compromettent la stabilité stratégique dans le monde.
« Je ne serais surpris de rien, car ils ont déjà perdu leurs repères en ce qui concerne la façon dont leurs actions sapent la stabilité stratégique dans le monde », a déclaré le ministre, qui a ajouté que « cela se terminera mal pour eux ».
M. Lavrov a également déclaré que la Grande-Bretagne était prête à prendre non seulement des risques, mais aussi à commettre des crimes de guerre, en commentant les projets britanniques de fournir à l’Ukraine des obus à l’uranium appauvri.
« Si cela est vrai, cela signifie qu’elles (les autorités britanniques, ndlr) sont prêtes non seulement à prendre des risques, mais aussi à violer le droit humanitaire international, comme ce fut le cas en Yougoslavie en 1999, et bien d’autres choses qu’elles se permettent, y compris des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité », a déclaré Sergueï Lavrov.
Le sénateur de Crimée, Sergueï Tsekov a même estimé que le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait soulever la question de l’inadmissibilité de fournir à l’Ukraine des obus à l’uranium appauvri.
« Il s’agit d’une sorte d’entre-deux entre une « bombe sale » et des obus conventionnels », a déclaré le sénateur.
Il a souligné que la Russie devrait s’exprimer « à ce sujet, je pense, y compris au Conseil de sécurité des Nations unies », et s’y opposer fermement. En outre, Tsekov a déclaré qu’il fallait dire au Royaume-Uni « qu’il finira par payer pour sa politique » et que les déclarations des responsables militaires britanniques sont révélatrices de l’identité de ceux qui jettent de l’huile sur le feu.
« Ils sont prêts à utiliser tout ce qui peut causer des dommages au territoire ukrainien, quel que soit celui qui le contrôle », a déclaré le législateur.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova a aussi rappelé que ces obus seront aussi nocifs pour les soldats ukrainiens.
« Scénario yougoslave. Ces obus ne tuent pas seulement, ils contaminent aussi l’environnement et provoquent des cancers chez les personnes vivant sur ces terres. Par ailleurs, il est naïf de croire que les victimes seront uniquement celles contre lesquelles tout cela sera utilisé. En Yougoslavie, ce sont les soldats de l’OTAN, en particulier les Italiens, qui ont souffert en premier lieu. Ils ont ensuite longtemps tenté d’obtenir de l’OTAN des compensations pour leur santé perdue. Mais leurs demandes ont été rejetées. Quand l’Ukraine se réveillera-t-elle ? Je ne parle pas des toxicomanes de Bankova. Je parle de ceux qui sont encore capables de penser. Leurs bienfaiteurs les empoisonnent », a-t-elle écrit sur sa chaîne Telegram.
Pour sa part, le Président russe, Vladimir Poutine a déclaré comme Konstantin Gavrilov, que la Russie sera obligée de réagir si l’Occident fournit à l’Ukraine des obus à l’uranium appauvri.
« Aujourd’hui, on a appris que la Grande-Bretagne, par la bouche de son vice-ministre de la défense, a annoncé non seulement des livraisons de chars à l’Ukraine, mais aussi d’obus à l’uranium appauvri. Il semble que l’Occident ait décidé de combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien, non pas en paroles, mais en actes », a déclaré Vladimir Poutine.
Selon le Président, si tout cela s’avère exact, la Russie sera contrainte de réagir en conséquence « en gardant à l’esprit que l’Occident commence déjà à utiliser des armes à composante nucléaire ».
La réaction russe semble avoir poussé l’ONU à réagir elle aussi. L’organisation, par la voix du porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, Farhan Haq, s’est dite préoccupée par l’utilisation d’uranium appauvri quel que que soit l’endroit dans le monde.
« Vous avez pu constater que nous exprimons depuis des années des inquiétudes quant à l’utilisation d’uranium appauvri, compte tenu des conséquences d’une telle utilisation. Et cela vaut pour tous ceux qui fournissent de telles armes », a déclaré M. Haq.
Il reste à espérer que la mise en garde de la Russie stoppera la Grande-Bretagne dans son projet criminel de fournir des obus à l’uranium appauvri à l’Ukraine.
source : Donbass Insider
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