premier groupe d’enfants de Koupiansk est arrivé début août et un second groupe était attendu dans la ville balnéaire de Guelendjik fin août. La région de Pskov accueille également environ 500 enfants, venus de la région de Kherson. Tout allait très bien … jusqu’au retrait de la Russie d’une grande partie de ces zones. Et les enfants sont rentrés en octobre, en larmes, avec des mères qui pleuraient, vers Koupiansk ou Izium, sous la menace des autorités ukrainiennes, ayant pris en otage le reste de la famille sur place. Extrait du témoignage du correspondant de guerre Kots :
« Nous avons soigneusement proposé de l’aide – restez, nous vous aiderons à vous installer ici, dans le Kouban. La plupart des mamans ne répondaient que par des regards mélancoliques. Et les enfants ont demandé à rester. Et seuls quelques-uns ont admis tranquillement : nous avons une sœur et une mère là-bas, ou un mari, ou quelqu’un d’autre. Ils sont comme des otages. On ne peut pas rester, tu comprends ?
Ainsi, nos enfants ont été emmenés dans de nouvelles doudounes et bottes – ils étaient tous habillés hier seulement pour l’hiver. Gratuitement. Comme auparavant, ils étaient habillés pour les vacances à la plage, puis pour l’automne. Après tout, la plupart d’entre eux ont quitté leur maison avec presque rien. Et hier, ils sont repartis avec de tout nouveaux smartphones, qui ont été offerts à tout le monde pour communiquer avec leurs proches. Et avec un tas de souvenirs heureux de semaines heureuses dans le camp.
Il était impossible de ne pas rendre les enfants à leurs parents. Nous l’avons tous compris. Mais des questions douloureuses perçaient parfois dans les cœurs : où les emmènes-tu ? Et les gens ont honnêtement répondu – nous ne le savons pas nous-mêmes.
Les enfants ont demandé : « Maman, où allons-nous ? À Izyum ? Elles ont souri amèrement. « Quel d’Izyum … notre maison n’est plus là, mon bébé ». « Où allons-nous ? » « Je ne sais pas ». »
Je ne pense pas que dans son « enquête objective », le Procureur de la CPI s’occupe de ce crime de prise d’otage, pourtant condamné et lui réellement commis.
L’erreur politique stratégique commise par la CPI Les dirigeants des pays de l’Axe se félicitent de leur victoire politico-médiatique, sachant très bien que cette décision n’aura aucun effet juridique réel, tant que le conflit ne sera pas terminé et qu’ils ne l’auront pas gagné. La justice pénale internationale est une justice de vainqueurs, comme le rappelle à juste titre Medvedev aujourd’hui. Il faut une victoire, pour qu’elle puisse se dérouler. Il faut soit une victoire militaire et les vainqueurs jugent les vaincus, comme à Nuremberg – alors la décision adoptée, vaut le temps que les vainqueurs restent vainqueurs, comme nous le voyons aujourd’hui avec la réhabilitation du nazisme en Occident. Soit, il faut une victoire idéologique, pour les vainqueurs puissent juger ceux, qui portent atteinte à leur hégémonie – ce que les Etats-Unis tentent de faire, mais un peu trop tôt, leur hégémonie étant contestée.
Donc la France se félicite de cette décision inapplicable, puisque chacun devra répondre de ses actes indépendamment de son statut. C’est beau ! Mais bizarrement, ça ne concerne pas le criminel en chef, que sont devenus les États-Unis. Lorsque cette même CPI a fait une tentative pour les incriminer, il lui a été rappelé que les États-Unis n’étant pas État-membre et ne reconnaissant pas la compétence de la CPI, tout comme la Russie, elle ne peut rien faire. À la différence de la Russie, puisque tous les pays ne sont pas égaux dans le système global, la CPI s’est alors en toute logique arrêtée, n’étant objectivement pas compétente.
Le fait que la CPI continue malgré son incompétence aujourd’hui marque la fin du système institutionnel issu de la Seconde Guerre mondiale et cela est la première erreur stratégique politique commise par l’Axe ici. En agissant pour des motifs géopolitiques en dehors de sa compétence juridique, la CPI reconnaît le changement de sa nature : elle n’est plus un organe international, elle est objectivement un organe de gouvernance globale. Juridiquement, car en droit international, les Etats étant souverains, ils ne peuvent se voir opposer que des obligations auxquelles ils ont formellement et antérieurement consenties. Politiquement, car un seul centre politique, les États-Unis, est hors de tout jugement et utilise les organes existants en fonction de ses intérêts, seuls légitimes. Ce qui est la globalisation. Et la déclaration du président américain Biden trouvant justifiée la décision de la CPI, quand les États-Unis lui avaient rappelé les limites de sa compétence, l’affirme ouvertement.
La seconde erreur est la fragilisation des pays de l’Axe. L’Allemagne peut certes s’emballer en laissant son ministre de la Justice menacer sur les ondes d’une arrestation de Poutine, s’il entre sur le territoire allemand, la réalité politique est bien loi du discours médiatique. Les pays de l’Axe sont conduits à reconnaître la décision de la CPI, car ils reconnaissent le pouvoir supérieur des États-Unis, ils n’ont donc pas le choix. Mais ce sont leurs organes étatiques, qui doivent mettre en œuvre cette décision, si le Président russe entre sur le territoire d’un pays membre. Et il n’est pas évident que les contraintes politico-juridiques et processuelles nationales tiennent longtemps … Ces pays ne sont pas juridiquement en guerre, n’osent pas en raison du manque de soutien de leur population. Menacer, et encore plus, arrêter un chef d’Etat en fonction est une déclaration de guerre.
Comme le souligne le président serbe :
« Vucic, commentant le mandat d’arrêt de la CPI contre le président de la Fédération de Russie, a déclaré que l’Occident tente d’atteindre deux objectifs avec cette étape : montrer qu’il ne s’inquiète pas d’une éventuelle escalade du conflit, et essayer de faire pression sur les pays qui continuent de coopérer avec la Fédération de Russie. »
La troisième erreur politique stratégique de l’Axe est la consolidation de la société autour de son président. Le président de la CPI est choqué et surpris de la réaction unanime de la société et des élites en Russie, soutenant le président Poutine. L’Occident oublie que nous ne sommes pas à la fin des années 80, les Russes n’ont aucune nostalgie pour ce que devient l’Occident, un phénomène anti-civilisationnel. Ils regrettent l’Europe des années 70, oui, mais pas celle d’aujourd’hui. Ils sont fiers d’être russes, fiers de leur pays et veulent être respectés en tant que tel. Pour une grande partie d’entre eux, Poutine incarne ce relèvement de la Russie. Et d’une manière générale, lui étant plus reproché sa délicatesse à l’égard des élites pro-globalistes russes, il obtient un soutien sans faille quand il tient justement une position forte.
Le tribunal de Marioupol, la meilleure réponse à apporter par la Russie Il y a eu de nombreuses déclarations politiques en Russie, à tous les niveaux, arrivant toujours à la même – et juste – conclusion : cette décision de la CPI, juridiquement, ne concerne en rien la Russie. Celle-ci n’a pas à participer à cette farce pseudo-judiciaire, elle n’a pas à appliquer les décisions adoptées en dehors de son champ juridique.
En revanche, au-delà des déclarations politiques, il est important d’agir. Cela fait longtemps que l’on parle du procès de Marioupol, devant juger les criminels de guerre de l’armée atlantico-ukrainienne. L’organisation de ce procès serait la meilleure réponse à apporter. Et certains signes laissent place à l’espoir.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a déclaré que le Kremlin soutenait l’idée du président du Comité d’enquête de mettre en place un tribunal spécial, chargé de l’examen de ces crimes :
« Nous savons que des travaux sont en cours. Le Comité d’enquête enregistre soigneusement tous les crimes du régime de Kiev. Un travail très intense, scrupuleux et minutieux est en cours, dont les éléments, bien sûr, peuvent constituer la base d’un tel tribunal . »
Par ailleurs, lors de son passage à Marioupol, le président Poutine s’est rendu au Philharmonique de la ville, qui a été reconstruit … et dans lequel une salle spéciale a été organisée en salle de tribunal.
Peut-être ce mandat d’arrêt va-t-il enfin permettre à la Russie de se résoudre à entrer sur le terrain juridique, élément incontournable du combat civilisationnel qui se mène.
Karine Bechet-Golovko