L’écriture comme pierre d’assise de la connaissance du français
Force est de constater que la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclite dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.
De son côté, Alexandre Gagné, enseignant et modérateur du groupe Facebook Chat GPT et IA (intelligence artificielle) en éducation, écrit que le robot, et plus largement l’intelligence artificielle, menacent l’école traditionnelle. Pourquoi aller à l’école si l’IA peut répondre à mes questions et me former? Pourquoi produire des écrits si l’IA le fait déjà mieux que la majorité des étudiants?, fait-il remarquer avec à propos, il faut bien l’admettre.
Revaloriser l’écriture
Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?
Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale, la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.
Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation, à mon sens contre-productrice, des correcticiels et ce, même au moment de l’épreuve uniforme du MEQ en cinquième secondaire.
Je veux être clair. Toute technologie, quelle qu’elle soit, n’existerait pas sans l’apport essentiel du cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaires, et de confronter les étudiants seuls avec leur crayon et devant la page blanche, dans l’objectif ultime qu’ils mettent sur papier les résultats de leurs propres réflexions.
L’enseignant et les technologies
De toute évidence, l’avènement croissant des technologies en éducation a modifié substantiellement le rôle de l’enseignant qui est passé de communicateur de connaissances auprès des élèves à un rôle de « guide » eu égard à l’apprentissage du fonctionnement de ces technologies.
En conséquence, il n’est pas étonnant d’assister à des résultats catastrophiques des étudiants au test d’admission des cégépiens en Sciences de l’éducation à l’université, l’enseignant de français de cinquième secondaire souffrant d’un manque de temps pour consolider les notions grammaticales, syntaxiques et lexicales de ses élèves qui se présentent au test en carence de connaissances sur ces notions inhérentes et essentielles à une bonne connaissance de la langue.
Le compromis
Quoi qu’on fasse, les technologies en éducation sont là pour rester. Il appartient aux écoles, notamment aux profs de français, de mettre sur pied un plan de cours ayant comme objectif de créer un espace où le temps consacré à l’utilisation des technologies et celui dédié aux cours traditionnels sur les mécanismes de la langue pourront évoluer en saine complémentarité pour le plus grand bien de l’apprentissage de notre langue comme outil essentiel de communication.
Henri Marineau, enseignant de français au secondaire à la retraite
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec