Il y a des téléscopages avec l’histoire, notamment de la Seconde Guerre mondiale (qu’on appellera peut-être bientôt simplement Deuxième), qui sont inévitables. En acceptant, sous la pression des Américains qui ont déjà fait sauter leur artère énergétique principale (Nord Stream), de livrer des chars Leopard 2 à l’Ukraine, les Allemands sont en train de reconstituer, à leur corps défendant, une armée Vlassov.
Si les prisonniers de guerre russes et autres éléments anticommunistes (notamment des ex-Russes blancs) furent embauchés, de gré ou de force, comme supplétifs de la Wehrmacht après 1941, ils n’ont jamais constitué d’armée véritable, malgré leurs effectifs conséquents et les pertes allemandes.
Le haut commandement allemand, Hitler au premier chef, se méfiait de ceux qui pourraient se retourner un jour contre ses propres soldats. C’est pourquoi ils n’ont jamais obtenu d’armement lourd et d’appui aérien. Leur fidélité au Reich – ou leur infidélité à Staline – était même testée en première ligne contre les soldats soviétiques !
La suite, lors de la libération de Prague en mai 1945, donnera raison à Hitler : les régiments de la ROA – Rouskaïa osvoboditelnaïa armia – tournèrent casaque et défendirent la ville aux côtés des résistants tchèques. Les offensives des régiments de Waffen SS se brisèrent sur cette double résistance inattendue.
Le chancelier allemand se souvenait peut-être des allers et retours des Cosaques et autres nationalités qui passaient du camp des Rouges au camp des Blancs au gré des opportunités pendant la terrible guerre civile russe (1918-1921), peu connue en Occident. Pourtant, toute la période stalinienne découle de là.
C’est seulement à la toute fin de la guerre que, sous la pression de Himmler, qui prit alors la défense de l’Allemagne à sa charge, ces engagés russes furent correctement équipés. Mais il était trop tard, et ils se rendirent ou désertèrent en masse à l’Ouest, devant la victoire promise des Alliés. Ces derniers les « vendirent » alors aux Soviétiques, realpolitik oblige…
Quatre-vingts ans plus tard, l’Allemagne réarme (un plan de 100 milliards) et fournit des chars et des systèmes anti-missiles aux Ukrainiens, mais pas (encore) des avions de chasse. Des matériels et du conseil, car ces chars dernière génération ne se pilotent pas comme de vulgaires T-34.
De fait, indirectement, l’Allemagne est en guerre avec la Russie. En face, on fait la démonstration d’armes de destruction massive, et ce n’est pas du flanc. Les six missiles hypersoniques qui ont touché des centres de décision le 9 mars 2023 sur le sol ukrainien en attestent.
Son nom : le Kinjal, signifiant le poignard en russe. Ce missile, très rapide, peut atteindre les 12 000 km/h, mais surtout, il est capable de défier les défenses antiaériennes en déviant rapidement de sa trajectoire, et l’Ukraine n’a pas de matériel suffisamment sophistiqué pour les détecter. « Il faut que les systèmes de défense antiaérienne, que les États occidentaux fournissent à l’Ukraine, arrivent le plus vite possible », déclare Jacques Faure, ancien ambassadeur de France en Ukraine. (France Info)
Face à ce poignard volant, l’OTAN cherche une parade anti-aérienne intelligente. Les Norvégiens, qui se sentent menacés, viennent de lâcher deux systèmes sophistiqués : des batteries de missiles sol-air à moyenne portée. Donc, théoriquement, une arme défensive. Pour l’instant, tout va bien…
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