Le président de la République Emmanuel Macron incarne en France, ce que Donald Trump et Boris Johnson représentent aux États-Unis et en Grande-Bretagne : la tentative des nouveaux gestionnairs du Capital comme BlackRock, Blackstone, KKR, Elliott et Amundi de transformer les gouvernements, les États, les nations pour les mettre encore plus directement au service de leurs intérêts privés, de les pervertir. Avec le banquier de chez Rothschild, Macron, et le magnat de l’immobilier Trump, des capitalistes passent directement de l’entreprise à la tête de l’État.
Les 7 et 8 janvier 2020, des cheminots et des enseignants ont pénétré l’immeuble de Paris au sein duquel réside la filiale française de BlackRock. Ils et elles étaient en train de protester contre les plans pour une retraite plus tardive et privatisée que le gouvernement de Macron avait magouillés avec BlackRock.
Pendant longtemps, les gouvernements dans toute l’Union européenne avaient tu l’avancée de BlackRock & al. Puis Macron avait remis, en janvier 2020, la Légion d’Honneur à l’agent d’influence de BlackRock à Paris, Jean-François Cirelli. C’est alors que dans des larges milieux, la question était soulevée : qui est ce Monsieur Cirelli ? Ah oui, l’opinion publique ne l’avait pas noté jusqu’ici : cet acteur de la privatisation (il avait notamment dirigé, en tant que PDG, la privatisation de Gaz de France devenu GDF-Suez, à partir de 2004) est devenu, dès 2015, le président fortement rémunéré de BlackRock en France. A cette occasion, le patron de BlackRock (monde), Lawrence Fink, qui dirige huit milliards de dollars à l’échelle de la planète, vint exprès de New York dans la capitale française pour célébrer l’événement.
Ce n’est que progressivement que l’on s’apercevait alors que :
- BlackRock s’était érigé, pendant la décennie écoulée, au rang de premier propriétaire d’entreprises en France, devenant actionnaire en même temps chez AXA, Vinci, Saint-Gobain, Sanofi, la Société Générale, la BNP Paribas, Michelin, Vivendi, Lafarge, Alstom, Air Liquide, Accor, Schneider, Total, unibail rodamco, Valeo ou Engie, par exemple.
- Emmanuel Macron avait invité le 25 octobre 2017, soit peu de temps après sa victoire électorale, les deux douzaines d’investisseurs occidentaux de premier rang mondial au palais de l’Élysée. A sa droite était assis Lawrence Fink, le patron de BlackRock, en compagnie de George Osborne, l’ancien ministre des Finances des Conservateurs britanniques, représentant de BlackRock en Angleterre. Ils y présentèrent déjà le programme de la future « réforme » et privatisation des retraites.
Macron est le nom du nationalisme et du racisme modernisés (« redonner sa grandeur à la France », « La France première »), et en même temps du renouveau du catholicisme réactionnaire (voir le discours du président devant la conférence des évêques du 9 avril 2018).
Macron est aussi le nom de la promesse démagogique d’un « capitalisme vert » dans une alliance environnementale avec BlackRock et des fonds souverains issus des monarchies du Golfe ; et en même temps la course à l’armement pour des guerres à l’échelle du monde, et l’emploi brutal de la police contre des opposants.
L’opposition de gauche, démocratique, syndicale, plurielle dans tous les pays d’Europe se tient aux côtés de l’opposition forte, exemplaire contre le macronisme. Les succès remportés contre le système Macron/BlackRock auront une importance pour toute l’Europe ! La refondation démocratique, pacifique, sociale de l’Europe est à l’ordre du jour !
A la fin mars 2020 le chef de BlackRock fit part à ses actionnaires que « la crise du Coronavirus » nous offre « des opportunités grandioses » : D’autres rachats d’entreprises, la numérisation, la retraite privée… nous n’avons qu’à saisir ces opportunités. Et BlackRock, gros actionnaire auprès des principaux groupes économiques du pétrole, du charbon, des groupes numériques, de l’armement et du gaz de fracking, a présenté ensemble avec Macron au Forum économique mondial à Davos, la nouvelle alliance environnementale en janvier 2020, sous le nom de Climat Finance Partnership. Et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé BlackRock comme consultant en matière d’écologie, de social et de bonne gouvernance…
Nous, l’opposition démocratique et internationaliste en Europe, aurons beaucoup à faire !
Cologne/Allemagne, en juillet 2020, Werner Rügemer
Image en vedette (capture d’écran) : Larry Fink, président de Black Rock aux côtés du président français Emmanuel Macron.
Préface pour l’édition française de :
Les Capitalistes du 21ème Siècle. La montée en puissance des nouveaux gestionnaires financiers. Un résumé généralement compréhensible. Tredition 2020, 376 pages. Paperback, Hardcover, e-Book
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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