par Valentin Vasilescu
Lors d’une réunion avec les commandants de l’armée ukrainienne, le président Zelensky a décidé que Bakhmout ne serait pas abandonné, quel que soit le nombre de pertes subies. Dire qu’il y a eu une discussion interne est juste une façon de parler, puisqu’il s’agit en fait d’un ordre qu’il a lui-même reçu de Washington.
Quelle est la teneur de cet ordre ?
Selon les estimations de Prigogine-Wagner, 12 à 20 000 soldats ukrainiens se trouvent à Bakhmout, pris dans un encerclement tactique. La seule route permettant d’entrer et de sortir de la ville, non occupée par les Russes, est sous le feu d’un puissant groupe d’artillerie russe. Les positions d’artillerie russes ne peuvent pas être touchées par l’artillerie ukrainienne, car elles sont hors de portée. Les brigades ukrainiennes au nord et au sud de la ville contre-attaquent par vagues pour empêcher l’avancée des détachements d’assaut de Wagner.
Comment desserrer l’étau autour de la garnison ukrainienne de Bahmut ?
- Par le sud, en apportant des renforts importants pour attaquer massivement les détachements d’assaut de Wagner. En pratique, c’est impossible, car les Ukrainiens n’ont pas de ligne de forêt pour se camoufler et se retrouvent directement sous le feu de l’artillerie russe.
Au nord, la situation est la même qu’au sud, mais elle est encore compliquée par l’existence de canaux d’irrigation et par les récentes inondations causées par l’explosion d’un barrage que les Ukrainiens avaient fait sauter. Cela empêche l’utilisation de blindés.
Une percée à 10 km au nord de Bakhmout, le long de la route Sloviansk-Krasna Hora, suivie d’un virage vers le sud et d’un encerclement des détachements d’assaut Wagner constituant le côté nord de l’actuel « chaudron » russe de Bakhmout. Il semble que ce soit la variante choisie.
Pour cette mission, l’armée ukrainienne disposait à l’avance, pour se réapprovisionner et se compléter, au nord et au nord-ouest de Bakhmout, d’une force offensive (sur la carte A,B,C,D,E) d’environ 30 000 hommes. Elle est composée de 10 brigades entraînées (2 de chars, 2 d’artillerie, 2 mécanisées, 1 aéroportée, etc.). On peut maintenant en déduire que la 20e division mécanisée de l’armée russe, déployée dans la région de Soledar-Krasna Hora, avait anticipé le mouvement ukrainien, conservé ses forces et, à cette fin, n’avait pas initié d’action offensive en soutien à Wagner.
Pourquoi les Américains ont-ils pris cette décision ?
Les Américains ont très bien évalué la situation. Le retrait de Bahmut aurait créé un grave problème pour l’ensemble de la défense ukrainienne dans le Donbass et même pour la guerre. En raison de la configuration du terrain, l’armée ukrainienne n’aurait pas pu créer une ligne de défense à l’ouest de Bakhmout et les Russes auraient avancé rapidement vers l’ouest mais aussi vers le sud.
Du sud de Bakhmout à la ville de Donetsk, les Ukrainiens ont créé une solide ligne fortifiée composée de trois segments : Toretsk, Avdiivka et Mariinka. Après Bakhmout, les Russes avaient devant eux un réseau de routes goudronnées sur lesquelles leurs chars pouvaient rouler à grande vitesse. L’avancée des Russes était facilitée par l’important centre de communications de Pokrovsk, qui est également le principal centre logistique des Ukrainiens. La conséquence aurait été l’encerclement du premier et probablement aussi du deuxième segment fortifié, Toretsk et Avdiivka, s’ajoutant au repli des Ukrainiens à l’ouest de Mariinka.
traduction Avic – Réseau International
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