Ô foudre, je t’ordonne de frapper mon ennemi !

Ô foudre, je t’ordonne de frapper mon ennemi !

« Lorsque nous voyons une politique publique complètement insensée qui est devenue un dogme universel – comme l’internationalisme libéral dans la politique étrangère américaine d’après-guerre – nous sommes généralement face au fantôme pourri et ossifié d’une stratégie qui, dans sa jeunesse, était saine et efficace. » – Curtis Yarvin, Le miroir gris


Par James Howard Kunstler – Le 17 février 2023 – Source Clusterfuck Nation

Après que le commandant en chef « Joe Biden » a démontré notre capacité à abattre un ballon espion chinois qui se promenait tranquillement dans le jet stream à travers l’Amérique du Nord, il a lâché l’armée de l’air sur tous les autres objets aériens menaçants qui planaient dans nos cieux souverains et… Ira Tonitrus… mission accomplie ! Il a fallu au président une semaine de plus pour admettre, penaud, que les trois autres cibles étaient « très probablement des ballons liés à des entreprises privées, des institutions de loisirs ou de recherche », et non des envahisseurs extraterrestres venus d’une autre galaxie, comme l’ont laissé entendre les communiqués du régime et comme les médias l’ont annoncé pendant des jours. Note à l’intention de la communauté américaine des montgolfières pour la prochaine saison de lancement de printemps : ayez très peur !

Si la Russie a été impressionnée par le succès de l’opération ballon, elle n’a fait aucun commentaire. La Russie était occupée à neutraliser l’animal de compagnie de l’Amérique, l’Ukraine, envoyée dans l’arène pour amadouer la Russie en vue d’une révolution visant à renverser le méchant Vlad Poutine – du moins selon notre véritable secrétaire d’État (et organisatrice de la guerre en Ukraine), Victoria Nuland, dans des remarques faites cette semaine au Carnegie Endowment, un groupe de réflexion de Washington.

En parlant de chars, nos alliés de l’OTAN hésitent à envoyer ces chars guerre Leopard-2 dans le chaudron ukrainien. Quelque chose dans tout cela avait une odeur décourageante d’acte de guerre, tout comme, d’ailleurs, l’explosion des gazoducs Nord Stream, alléguée par le journaliste vétéran Seymour Hersh – bien que cette cabriole était en fait contre un membre de l’OTAN et un allié supposé des États-Unis, l’Allemagne. WTF ? Les agissements de la société occidentale ne deviennent-ils pas un peu trop complexes pour le confort ?

Quoi qu’il en soit, il s’avère que les trente et un chars Abrams promis par les États-Unis à l’Ukraine n’ont pas encore été assemblés à l’usine de chars. Il s’agit d’une commande spéciale, voyez-vous, car nous ne voulons pas envoyer les derniers modèles dotés d’un blindage de très haute technologie que les Russes pourraient capturer et utiliser… M. Zelensky devra donc se calmer en attendant la livraison, disons vers Noël… s’il n’est pas en train de chanter Izprezhdi Vika quelque part dans le comté de Broward, en Floride, d’ici là.

Le plus gros problème de la Russie pour résoudre ce conflit à sa frontière, c’est de le faire d’une manière qui ne rende pas « JB » et sa bande de va-t-en-guerre tellement fous qu’ils aient recours à un dénouement de type Thelma-et-Louise, avec des bombes atomiques et la fin du monde. En fait, l’Amérique a posé une bombe sur le perron de la Russie, qui doit maintenant la désamorcer avec soin. La farce elle-même n’était que la dernière d’une longue série d’escapades militaires américaines insensées qui se sont soldées par une humiliation pour nous, la plus récente étant le fiasco afghan. Au mieux, celle de l’Ukraine – que nous avons commencée en 2014 – est en passe de couler l’OTAN, de plonger l’Europe dans le froid et l’obscurité, et de mettre les États-Unis en faillite.

Pendant ce temps, l’Amérique se désintègre rapidement sur le front intérieur. Est-ce une tentative de suicide ou un meurtre ? C’est un peu difficile à dire. Les choses explosent d’un océan à l’autre – installations de transformation alimentaire, poulaillers géants, réseaux électriques régionaux, raffineries de pétrole. La dernière en date, bien sûr, est le déversement de produits chimiques provenant de l’accident ferroviaire de Norfolk-Southern à East Palestine, dans l’Ohio, incendié par un conclave de responsables gouvernementaux censés empêcher les liquides toxiques de s’infiltrer dans le bassin versant de la rivière Ohio et au-delà. Bien sûr, pendant les tergiversations qui ont précédé l’incendie, suffisamment de chlorure de vinyle s’est infiltré dans les cours d’eau alimentant le grand fleuve pour tuer d’innombrables poissons. Et puis l’incendie des piscines chimiques restantes a provoqué un champignon de dioxine et d’autres poisons qui ont tué la faune, les animaux domestiques et les poulets des environs avant que le miasme maléfique ne soit emporté par le vent vers l’est, jusqu’à la côte atlantique densément peuplée.

On peut se demander si une armée de saboteurs n’est pas en liberté dans le pays. Étant donné que la frontière avec le Mexique est largement ouverte, pourquoi les adversaires de l’Amérique n’enverraient-ils pas des équipes de démolition entières pour mettre à mal nos infrastructures ? Il ne fait aucun doute que des gens de toute la planète se sont faufilés à travers le Rio Grande. Certains d’entre eux sont sûrement en mission. L’Amérique est remplie de cibles « molles », de choses non surveillées et indéfendables – notamment des dizaines de milliers de kilomètres de voies ferrées. De toutes les raisons de s’inquiéter de la politique d’ouverture des frontières de « Joe Biden », celle-ci est la moins discutée, même dans les médias alternatifs. Mais elle semble être une évidence pour les intérêts malveillants qui pourraient vouloir nous embobiner et nous mettre hors d’état de nuire.

La triste vérité de ce moment de l’histoire est que les États-Unis ont trop de problèmes avec leurs propres affaires pour se lancer dans des mésaventures à l’étranger – et nous n’aurions pas pu choisir un pire endroit que l’Ukraine pour le faire. La logistique pure est invraisemblable. La géographie est mortellement défavorable. L’endroit fait incontestablement partie de la sphère d’influence de la Russie depuis des siècles et cette dernière a la ferme intention de pacifier l’endroit à tout prix. Les pourparlers de paix sont apparemment hors de question pour nos dirigeants. Quelque chose doit céder, et ce quelque chose est probablement le système financier de la civilisation occidentale. Il est prêt à exploser de toute façon, et quand il le fera, nous aurons d’autres choses à penser.

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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