par Gideon Levy
En 1982, l’armée israélienne n’a pas empêché les phalangistes de massacrer 600 hommes, femmes et enfants dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban ; cette semaine, en Cisjordanie, personne n’a arrêté les colons phalangistes à Huwara.
Dimanche après-midi, le jeune Radwan Dameidi a emmené sa femme et son enfant en bas âge de leur maison dans la ville de Huwara, en Cisjordanie, à la maison de la famille de sa femme à Naplouse. Dameidi possède un magasin d’or à Naplouse et vit dans une maison spacieuse à Huwara. Immédiatement après l’attaque terroriste de dimanche à Huwara, au cours de laquelle deux Israéliens ont été tués, il a appris par les médias sociaux que les colons préparaient un acte de vengeance majeur dans la ville, il a donc rapidement transféré sa femme et son bébé dans un endroit sûr.
La journaliste de Haaretz, Hagar Shezaf, savait que les colons organisaient une marche de vengeance. Elle en avait entendu parler le dimanche après-midi alors qu’elle était à Paris. De Huwara à Paris, quiconque le souhaitait savait qu’une grande opération de vengeance était sur le point de secouer Huwara. Il n’y avait qu’un seul acteur qui ne savait pas, ne voyait pas et n’entendait pas – ou peut-être entendait-il, savait mais l’ignorait : l’establishment militaire israélien.
Les forces de défense israéliennes, la police aux frontières et le service de sécurité Shin Bet ne se sont pas préparés à un quelconque pogrom et n’ont rien fait pour l’empêcher, soit par apathie et complaisance, soit parce qu’ils ont délibérément fermé les yeux. Selon une estimation de l’armée, au moins 400 voyous colons, dont certains étaient masqués et armés et d’autres munis de gourdins, de chaînes en fer et de jerricans ‘essence ont fait irruption à Huwara. Personne ne les a arrêtés, et personne n’a sérieusement essayé de le faire.
Lundi, la police aux frontières a déclaré que ses forces avaient en fait empêché les émeutiers juifs d’entrer dans Huwara et que les émeutiers avaient envahi la ville depuis un endroit qui relevait de la responsabilité de l’armée. Les journalistes militaires ont également expliqué que les soldats avaient tenté d’empêcher les colons d’entrer sur les routes de la ville et qu’ils étaient donc descendus des collines. D’une manière ou d’une autre, des centaines d’émeutiers ont envahi la ville dans le but de semer la destruction. Personne ne les a arrêtés et personne n’en a assumé la responsabilité.
Cela a montré une fois de plus à quel point les Palestiniens sont impuissants et qu’aucune entité sur terre ne protège leurs vies et leurs biens. Dimanche, on a également soupçonné que le fait que l’armée ferme les yeux n’était pas le fruit du hasard. Peut-être que les responsables des FDI voulaient en fait que les colons fassent leur travail pour eux, en punissant les Palestiniens et en obtenant un effet dissuasif avec un pogrom, comme l’avait demandé Zvi Fogel, député d’Otzma Yehudit [Force juive, dirigé par Itamar Ben Gvir, NdT].
Fermer les yeux de cette manière rappelle des souvenirs oubliés. En 1982, les FDI ont également fermé les yeux sur les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila au Liban, permettant ainsi aux milices phalangistes libanaises de commettre les terribles massacres qui y ont eu lieu. Il n’y a pas eu de massacre à Huwara, pas encore, mais personne ne pouvait savoir à l’avance comment les choses allaient se passer. Si les émeutiers avaient aussi voulu massacrer la population, personne ne se serait mis en travers de leur chemin dimanche. Personne n’a arrêté les phalangistes à Sabra et personne n’a arrêté les phalangistes à Huwara.
Dimanche, ils se sont contentés de semer la destruction. Mais attendez leur prochain acte de vengeance, surtout si personne n’est traduit en justice et puni pour le pogrom de dimanche. Sabra et Chatila 2 est en route et personne ne fait rien pour l’arrêter.
Huwara ressemblait lundi à une ville fantôme, une ville assiégée en temps de guerre. C’était Kherson à Huwara. Les reporters étaient déjà en tenue de combat. Tous les magasins étaient fermés et les rues vides. Les habitants se sont blottis chez eux et rares sont ceux qui ont jeté un coup d’œil à travers les barreaux que presque toutes les fenêtres de la ville possèdent en raison des pogroms précédents.
Les visages de la poignée d’habitants dans la rue reflétaient leur colère et leur désespoir. Seuls les colons ont été autorisés à circuler dans les rues de la ville lundi, un autre signe évident d’apartheid, et la plupart d’entre eux l’ont fait de manière provocante et grossière – klaxons de victoire, doigt d’honneur et chants tels que « mort aux Arabes », « salopes » et autres épithètes.
D’autres se sont arrêtés, sont sortis de leur voiture sous les auspices des soldats et ont commencé à railler les habitants de près, à l’entrée de leurs maisons incendiées et de leurs voitures fumantes. Les habitants débordaient de rage mais n’osaient pas dire un mot. La main qu’un soldat armé a posé délicatement sur l’épaule de l’un des voyous a résumé la situation mieux que ne le feraient des milliers de mots.
Dimanche soir, lorsque Radwan Dameidi est rentré de Naplouse, où il avait laissé sa femme et son enfant à l’abri pour la nuit, il a été stupéfait de voir des dizaines de colons armés se déchaîner dans sa cour. Ils ont cassé des fenêtres et brûlé l’opulente maison d’hôtes de la famille, qui venait d’être achevée il y a quatre mois. Cette racaille a pillé sa Smart TV et mis le feu à son vélo d’exercice. Quatre soldats se tenaient près de la maison et n’ont pas levé le petit doigt.
source : Haaretz via Tlaxcala
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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