Bakhmout, paysage lunaire, épicentre d’un conflit qui se mondialise

Bakhmout, paysage lunaire, épicentre d’un conflit qui se mondialise

Un drone pacifique a survolé Bakhmout, épicentre de la violente confrontation entre la plaque russe et la plaque otano-ukrainienne. Zelensky, à mots de moins en moins couverts, admet que la ville ne peut plus être conservée par ses troupes. L’artillerie russe a quasiment écrasé toute résistance.

La vidéo suivante (en anglais non sous-titré) montre Zelensky en chef de guerre qui sacrifie ses soldats, qui demandent pourtant à décrocher. Pour combler les énormes pertes en première ligne, prises sous le feu terrible de l’artillerie russe, Zelensky fait envoyer toujours plus de renforts, qui finissent inévitablement au tapis.

Ses conseillers occidentaux lui demandent de battre en retraite, mais le président ukrainien s’entête : il en fait une affaire personnelle, un Stalingrad 2023.

Selon l’Hindustan Times, un quotidien anglophone indien, donc pas un titre complotiste pro-russe, Zelensky affirme que le contrôle progressif de Bakhmout coûte chaque jour des centaines de vies aux Russes, sachant que le groupe Wagner est majoritairement au contact.

Ne pouvant trop mentir face aux remontées d’informations du terrain, Zelensky reconnaît quand même que la situation est « extrêmement tendue » sur place. C’est seulement en paroles que le dirigeant ukrainien ne cède pas un pouce de terrain. Conséquence : les médias occidentaux revoient leur narratif.

Le retour au réel des médias mainstream

France Info, signe d’un changement, donne la parole à un soldat ukrainien qui parle de retraite :

« Les combats sont très différents de ce qu’ils étaient dans le Sud, parce que dans le Sud, nous avancions constamment », confie Alex. Or, cette fois, ce sont les forces russes qui encerclent cette ville-forteresse, que Volodymyr Zelensky s’était jurée de tenir aussi longtemps que possible. « Ici, les Russes sont présents depuis très longtemps avec leur République séparatiste. Ils peuvent se ravitailler en armes, en nourriture, en munitions, et même en combattants », regrette-t-il. (…)

Il faut économiser le stock de munitions, explique Alex. « On ne les utilise que lorsqu’il y a de grands groupes d’ennemis ou pour cibler des objets très importants. C’est seulement là qu’on nous autorise à tirer », avoue-t-il. Une situation qu’il juge « terrible » : « C’est vraiment très difficile à accepter que des gens puissent être tués parce que vous ne les avez pas aidés », regrette Alex, pour qui abandonner Bakhmout n’est plus qu’une question de temps.

 

Sur le front médiatique, on intègre peu à peu la perte de Bakhmout, tout en reprenant les éléments de langage ukrainiens selon lesquels la ville n’a aucune importance stratégique. Pourtant, Bakhmout est la clé du contrôle de la région industrielle du Donbass. Et les trois-quarts des routes d’approvisionnement de la ville ont été prises par les Russes.

On le voit, le narratif change avec la réalité du terrain.

L’Empire dans une impasse

Du côté américain, sachant cette bataille perdue, on se transporte déjà du côté de la Transnistrie, en menaçant, comme toujours, les Russes. La Moldavie est ainsi renommée, par les faucons du Pentagone, la « nouvelle Ukraine ». Les Américains propagent eux-mêmes le narratif qu’ils mettent dans la bouche des Russes : la protection des habitants russophones « opprimés » de Transnistrie sert de prétexte à la prochaine intervention de Poutine. Soit le même modus operandi que les républiques du Donbass, qui ont pourtant été réellement opprimées par le pouvoir ukrainien, déjà le protégé de l’OTAN en 2014.

Les Américains, qui ont misé lourd sur l’Ukraine et sa défense (plus de 24 milliards investis, et ils pleurnichent parce qu’ils trouvent les Européens trop chiches), se retrouvent en position compliquée face au monde non aligné, dit aussi multipolaire.

Le Venezuela de Maduro vient de réaffirmer son soutien à Moscou, et l’influence chinoise grandit en Asie centrale, autrefois chasse gardée de la CIA (après l’effondrement de l’URSS). Les clignotants sont au rouge pour le gendarme du monde, qui a trouvé à qui parler après 25 ans de domination (et de destructions) sans partage. De plus, en interne, la stratégie jusqu’au-boutiste commence à énerver. Le secrétaire d’État au Trésor, la très sioniste Janet Yellen, a accouru avec Blinken (le vrai POTUS) au Kazakhstan pour mettre la pression sur ce voisin géostratégique de la Chine et de la Russie. Ouest-France décrit ce début de panique diplomatique :

Yellen a signé une tribune dans le quotidien new-yorkais intitulée : « L’aide économique à l’Ukraine est vitale », dans laquelle elle précise : « Notre aide n’est pas de la charité, c’est un investissement dans la sécurité internationale et la démocratie. » Tucker Carlson de Fox News et Breitbart dénoncent sa visite et ses déclarations mettant à contribution les « contribuables » Américains.

Le secrétaire d’État Anthony Blinken qui doit quant à lui rencontrer séparément ses homologues des cinq pays d’Asie centrale aurait exhorté le Kazakhstan à « garder ses distances » face à Russie. Le New York Times précise que les dirigeants kazakhs ont récemment exprimé des craintes face aux ambitions de la Russie dans leur pays, et rappelle que la relation complexe entre la Chine et la Russie inclut aussi une lutte d’influence en Asie Centrale.

De Bakhmout à l’Ukraine toute entière, et de l’Ukraine à l’Asie centrale, on voit que le conflit est en expansion. L’Amérique, qui jette de l’huile sur le feu, pourrait bien y brûler une partie de son empire.

Biden vs Poutine

 

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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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