Commission spéciale sur l’avenir du Québec
Le mea-culpa de François Legault
Dans une lettre envoyée au premier ministre François Legault publiée sous la rubrique Faites le différence du Journal en date du 27 février, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), passe à l’attaque eu égard à la série d’échecs provenant d’Ottawa dans différents dossiers prioritaires au cours des derniers mois.
PSPP mentionne, entre autres, les négociations sur les transferts en santé qui ont abouti à un maigre milliard du fédéral pour assurer la pérennité de notre système de santé, la façon cavalière avec laque Ottawa a balayé du revers de la main la proposition unanime de l’Assemblée nationale d’assujettir les entreprises à charte fédérale à la loi 101, le fiasco du chemin Roxham qui, de toute évidence, restera ouvert malgré la demande pressante de Québec de le fermer, sans compter le rapatriement des budgets fédéraux en culture, la prépondérance des lois du Québec en matière environnementale, la déclaration de revenus unique, et la demande de ne pas contester les lois démocratiquement adoptées par l’Assemblée nationale.
Conséquemment, PSPP demande au premier ministre de mettre sur pied une Commission spéciale sur l’avenir du Québec, version 2023, arguant que toutes les raisons évoquées ci-dessus le justifient amplement. « Je crois aussi qu’on ne peut plus se contenter d’être uniquement fâché et de n’avoir aucune réponse face aux nombreux refus et attaques répétées du fédéral envers la démocratie québécoise. Il est temps de se donner, collectivement, un réel rapport de force », conclut PSPP.
Malheureusement, je ne crois pas que François Legault abondera dans le sens de PSPP pour la simple raison qu’il n’est pas intéressé du tout à remettre sur la table la notion de souveraineté du Québec qui risque d’apparaître chez certains participants comme solution alternative permettant au Québec d’établir un véritable rapport de force contre Ottawa…Pour utiliser un vieux cliché, François Legault, nationaliste fédéraliste un jour, nationaliste fédéraliste toujours…
Le mea-culpa de François Legault
Le premier ministre François Legault a finalement admis que, comme il s’y était engagé en 2018 allant même jusqu’à mettre son siège en jeu, son gouvernement n’arrivera pas à créer toutes les classes de maternelle 4 ans d’ici la fin de l’année en cours, en raison essentiellement de la pénurie de locaux et de personnel dans le réseau de l’éducation. « À l’impossible, nul n’est tenu », a-t-il argué, citant en passant le conseil de sa conjointe, Isabelle Brais.
Tel qu’exprimé par le professeur de science politique à l’Université Laval Thierry Giasson, « Monsieur Legault a frappé avant d’être frappé. […] Il a pu cadrer la réalité, le contexte, fournir des explications et déterminer la suite des choses. Là, le cadrage qui est présenté est : le contexte ne nous permet pas de livrer la promesse. D’un point de vue communicationnel, c’est assez impeccable comme stratégie ».
C’est bien connu, en politique, la langue de bois constitue un langage utilisé régulièrement. Par contre, avouer qu’« à l’impossible, nul n’est tenu », incarne une stratégie qui sort littéralement de l’ordinaire et qui confère à François Legault une humilité qui ne peut que lui être bénéfique, voire salutaire.
Enfin, à sa défense, en 2018, le gouvernement Legault a pris la pleine mesure des défis posés par le manque d’espace et de personnel dans les écoles seulement après avoir pris les commandes de l’État et avoir été sensibilisé par les fonctionnaires au problème d’espace et au manque de personnel. Et la COVID-19 a frappé. Et la CAQ s’est retrouvée piégée.
Conséquemment, pour employer le style pour le moins coloré du ministre de l’Éducation Bernard Drainville, «vaut mieux dire la vérité que de bullshiter ».
Henri Marineau, Québec
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