par Gilbert Guingant
Nous voici au seuil de bien saisir pourquoi le capitalisme est une Religion masquée. Sans doute, la plus fanatique qui soit !
Aujourd’hui la Religion ne fait pas rage où nous le croyons
Il faut bien que les formes religieuses se matérialisent, se concrétisent en chaque individu, en chaque personne jusqu’à l’ultime être. Il en est toujours si facilement observé les formes toutes extérieures comme si la Religion, quelle qu’elle soit, pouvait se cantonner dans une partie bien fermée et aux cloisons étanches de la civilisation, de la société, parce que décrire le monde serait son explication. Or cela n’explique strictement rien. Par contre, voir comment les longs sédiments du temps, les couches et strates individuellement déposées en chacune et chacun, comment elles ont muté, évolué, pratiqué la dissimulation, le travail de l’inconscient, pour resurgir, telles qu’en elles-mêmes, aujourd’hui, ceci devient extrêmement plus révélateur. Au point d’ébranler jusqu’au tréfonds tous les regards superficiels qui… fuient toujours la réalité du monde. Puisque, aujourd’hui, la Religion existe surtout là où personne ne peut s’attendre à la trouver. C’est-à-dire chez ceux dont toutes les apparences pourraient laisser croire qu’ils se trouvent bien loin, si loin, loin de son orbe. À telle enseigne que les plus fanatiques, en ce domaine de la forme et de la formation interne de la Religion en chaque personne, en chaque individu, sont bien ceux qui possèdent… l’esprit capitaliste. L’Histoire appartient au terrain du réel. Mais la réalité de la vie quotidienne reste très rejetée, nous l’avons vu. Réel et histoire se rétrécissent donc.
Prédestination et égoïsme meurtrier : genèse du capitalisme
Parce que la vérité est légère et se déplace avec aisance, un seul document, et au-dessus de tout soupçon, puisqu’il s’agit de « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » de Max Weber, va nous suffire pour le montrer.
À survoler, rapidement, l’arrière fond de Max Weber se profile, solidement, les notions de prédestination et d’élection qui, loin d’ouvrir le cœur et l’esprit du choisi de Dieu, les referment, durement, à tous les autres. Et, notamment, dans le domaine économique avec l’hideuse pirouette digne de l’esprit le plus superficiel ou de l’enfant le plus mal intentionné : le pauvre devient le non élu, le non choisi. Distanciation : il n’y donc plus à s’occuper de lui sinon sur le mode de la diffamation et de la diabolisation. Fermeture psychologique et fin de toute conscience possible : tout sentiment est décrété pathologique, ce qui, à lire entre les lignes, se décrypte comme perte de toute honnêteté intellectuelle et affective. Les légendes nordiques signalent, judicieusement, que l’enfer c’est la glace, cette… impossibilité de communiquer entre les êtres. La fulgurante image dessine que l’enfer ne peut être le feu, cette métaphore de la chaleur humaine qui fait fondre la glace. Prédestination et fuite en alibi de toute compassion : voilà le noyau dur de cette Religion. Le froid tomba, alors, sur l’Humanité. Plus de compassion, plus de passion possible, plus moyen de passer avec les « passions », plus de feu, plus de chaleur humaine. La froideur machinale de la Religion capitaliste commençait ses ravages.
« Souligner avec vigueur le caractère erroné de l’idée, parfois avancée, selon laquelle la tolérance en tant que telle serait à porter au crédit du capitalisme » insistait Max Weber (p151). Le capitalisme n’est pas tolérant. C’est même l’inverse. Ce vigoureux préambule se perçoit plus que nécessaire dès que nous voulons esquisser les mécanismes de la prédestination. Un résumé : le riche est l’élu de Dieu. L’unique façon de plaire à Dieu n’est plus l’ascèse monastique mais d’accomplir dans le monde les devoirs correspondant à la place que l’existence assigne à l’individu dans la société, devoirs qui deviennent ainsi sa « vocation », intronise Weber. Le capitalisme concentre toute intolérance puisqu’il ne règne que par la confusion des mots et concepts : tout se joue dans les glissements sémantiques. Si l’hébreu « envoyer » signifiait « tâche » à l’origine, le « beruf » allemand offre « besogne et vocation », « office et labeur » ; la « vocacion » (appel intérieur) espagnol glisse vers la « vocatio » latine, obra (labeur), mais le hollandais « beroep » ou le danois « kald » se traduisent semblablement… etc. Partout la vocation a glissé au travail, au… labeur : « La certitude personnelle que le prédestiné cherchait à obtenir, sans relâche, dans une besogne couronnée de succès » se joint au fait que… l’approbation de Dieu se mesure aux profits réalisés (si c’est utile, nous ne sommes pas coupables, scandaient les mercantilistes). « Partant le bon chrétien doit répondre à cet appel. » (p.196) Être riche c’est obéir à Dieu. Si les œuvres ne sont pas la cause réelle de l’état de grâce elles sont bien le simple moyen de reconnaître celui-ci. L’impossibilité de refuser sa prédestination est martelée par Milton : « Si Dieu vous désigne tel chemin vers lequel vous puissiez légalement gagner plus que tel autre et que vous refusiez le plus profitable pour choisir le chemin qui l’est moins vous contrecarrez l’une des fins de votre vocation, vous refusez de vous faire l’intendant de Dieu et d’accepter ses dons, et de les employer à son service s’il vient à l’exiger. Travailler donc à être riches pour Dieu ». Les rapports avec Dieu se rétrécissent, alors, se limitent à ceux d’un client à un boutiquier. C’est pour rendre service ! La vie intérieure se racornit alors à la comptabilité morale de Franklin et ses tableaux statistiques tenant la comptabilité de ses progrès dans les différentes vertus. Le soin et l’exactitude du calcul reçoit bénéfice psychologique : encore plus désastreux que le rachat des « indulgences » ! L’intolérance de cette Religion : la vie religieuse devient juste une entreprise commerciale. In God we trust ! il a intérêt à faire pareil, mais uniquement en ce qui concerne le commerce, en rien d’autre. Il est là pour donner, il n’a rien à demander.
Les mécanismes de la prédestination, plus amplement dévoilés par Weber, ne restèrent plongés que dans le seul terreau économique. Les conséquences sont absolument dramatiques :
- Catastrophe : la pensée d’aujourd’hui parait souvent plus infantile que celle d’hier. Et ce n’est plus un fonctionnaire qui fonctionne mais tout homme, réduit à sa fonction économique, qui fonctionne d’autant plus qu’il a ainsi perdu… sa capacité d’humain. L’exclusion de toute transcendance est désastreuse aussi parce qu’il n’y a plus de mouvement possible, plus de Progrès progressiste, de succès successif, plus d’Evolution, tout se voit figé, gelé, stationné : l’arrivée existe au point de départ. Il ne reste qu’à accepter comme immuable et voulu par Dieu l’ordre de ce monde. Doctrine infiniment plus toxique que tout système fataliste de « castes » !
La Justice des mots rappelle que transcendance participe du mouvement, avec transport, transposition, transgression ou transcrire, ces trajectoires et cheminements, marches et démarches, déplacement et remplacement, qui franchissent tout problème et frontière comme nous l’avons vu. La Justice des mots piège, depuis toujours, le mensonge : com-pétition qui participe de la pétition, donc de la plainte qui hurle après une transcendance, un arbitre. La compétition s’abêtisse donc à mettre la charrue avant les bœufs, les effets avant les causes ; elle se transcrit comme un enfermement autiste, une destruction de toute identité par la problématique des frontières, tel nous l’avons entr’aperçu. Est perdant absolu qui croit gagner. L’acceptation semblable à la vocation d’une vie de sainteté que traduit d’accepter sa profession profane, participe de cet autisme autodestructeur. Tenu d’accepter sa besogne (vocation) comme donnée par décret divin (secret décret) dans le grand silence de son intimité invérifiable, il devient, comme les autres, rejeté à sa solitude intérieure, livré à ses propres « ressources » (jauge purement économique). La transcendance peut revenir en très petit comité, en unique duo, sans aucun pouvoir de vérification. Surgit alors la révélation, simple descriptif topologique, constat en longitude et latitude toute sociales du locus de chacun. L’universalité de ce stationnement se traduit : l’univers n’existe que pour que je puisse être riche avec le désœuvrement de ne jamais m’occuper des conséquences de mes actes ; et chacun d’être piégé dans la glace infernale du contrôle froid de soi-même (on ne mélange pas les affaires et les sentiments) du refus figé des émotions (les seuls devoirs de l’homme sont envers l’argent puisqu’il n’est qu’une « machine à acquérir » (mais vers qui, pour qui ?), l’excès de scrupules dans le maniement de l’argent équivaut à un « assassinat d’embryons de capital » (et donc à une imperfection morale, selon Franklin), de la non sensualité du Sens comme autopunition d’une telle réussite (écrasé sous ce dogme personne ne peut être perçu tel qu’il est et chacun demeure dans la solitude glaciale des impossibles rencontres). Réussir c’est CONTRE les autres ! Tout ne peut donc que surgir contraire ou contrainte, contraction ou contradiction. La réussite d’un seul sème toujours plus l’échec collectif. L’aveuglement sur un seul rend fou. Hors du réel, n’est-ce pas ?
- « Toutes les admonitions morales (la Religion intolérante du capitalisme ne sait que donner des leçons aux autres. Le capitaliste est le dernier prophète) de Franklin sont teintées d’utilitarisme. L’honnêteté est utile puisqu’elle nous assure le crédit. De même (…) c’est pourquoi ce sont là des vertus. On pourrait en déduire, logiquement, que l’apparence de l’honnêteté peut rendre le même service (…) « toute spontanéité à jamais engloutie, empêchées les superfluities, les « idles talks », aucun moyen de se faire connaître des autres. « Ce n’est pas à leur humanité que nous nous adressons, mais à leur égoïsme ; nous ne leur parlons jamais de nos propres besoins mais de leur avantage » (Adam Smith). Le désert de la Religion intolérante du capitalisme égoïste aboutit à ce que tout le monde y soit perdant. Personne n’y gagne à cet enfer de sécheresse et de froideur collective.
La terreur des découvertes est loin d’être finie. « Le capitalisme ensuite n’a plus besoin d’esprit à partir du moment où il devient une… base mécanique » (Weber). D’où cet aspect proprement objectif et impersonnel d’une société où tout s’effectue dans l’intérêt de l’organisation rationnelle de l’univers social qui nous entoure. L’arrangement entier du cosmos, semble-t-il, conçu que pour satisfaire aux besoins de l’espèce humaine ne permet qu’au seul travail de distribuer l’utilité sociale impersonnelle. Il n’y a plus de libre arbitre, plus de liberté même. Tout est écrasé dans les ténèbres d’un déroulement hors de l’homme, devenu pièce d’un jeu, mécanisme d’un robot qui n’a plus pour but de prendre en compte l’Humanité mais juste de continuer à cliqueter dans le vide spirituel total. « Aux États -Unis, sur les lieux mêmes de son paroxysme, la poursuite de la richesse, dépouillée de son sens éthico-religieux, a tendance aujourd’hui à s’associer aux passions purement agonistiques, ce qui lui confère le plus souvent le caractère d’un sport » (Weber p225). Cette écœurante dérive se détecte n’importe où – « Décision financière » oct. 96 « La Bourse peut constituer un hobby (…) Tout le monde n’est pas prêt à consacrer une part de ses soirées et week end à cette activité (…) Mais c’est le prix à payer pour être l’acteur, et non le simple spectateur, de sa performance » Cette dégringolade dans une vision enfantine qui… absout « l’horreur économique » se retrouve tout au long de ces « sérieux » points de vue : « Le 1° semestre aura été porteur pour les épargnants (…) un net recul de Wall Street serait donc un retour à un peu plus de mesure (cet euphémisme ne peut masquer le délire boursier) tandis que les places européennes seraient à la recherche d’un palier de résistance, préalable au retour d’une tendance positive ». Ce charabia conformiste, aggravé de la superficialité … désolidarisée des conséquences de ses actes, de prendre pour un « sport » ou un « hobby » de dépouiller les autres. Il va sans dire qu’en ce « sport » nul fair play n’y existe puisqu’il n’y a pas d’arbitre ; décréter l’existence de règles du jeu c’est pour ne les appliquer jamais à soi-même mais aux seuls autres. Cette superficialité infantilisante se décrypte comme « une pétrification mécanique, agrémentée d’une sorte de vanité convulsive ». Hors cette hypocrisie gesticulatoire, personne, en son for intérieur, n’est heureux en ce système- si ce n’est ceux qui, en ayant compris tous les mécanismes et implications, refusent d’y participer sinon par sa radicale transformation. Dégâts partout, tel est le bilan de la Religion masquée du capitalisme ! Les symboles commerciaux ont partout remplacé les symboles judiciaires. Aucun état de droit n’existe lorsque seul compte le livre de compte. Les marchés ne s’occupent que de comptabilité et, au regard du droit de chaque nation, du droit international, il est clair qu’ils se situent hors de la loi – hors-la-loi ils sont ! Suppression du droit, mais suppression radicale aussi de toute question sur le sens de l’univers et de l’existence : ce pourquoi tout le monde, où qu’il soit, reste infiniment malheureux. Même la Science- même si elle n’est pas le seul moyen de savoir, comme le parfait Krishnamurti le souligne, dans la Révolution du silence « Apprendre est un mouvement qui n’est pas ancré dans des connaissances » – est évincée de la place publique, dictaturiée pour les seuls marchands du temple. Elle possède, en effet, l’insupportable défaut de signaler que le vérifiable est indissoluble de la vérité. La vérité comme ce qui se vérifie. Pouvons- nous vérifier cette prédestination issue du secret de l’individu ? Évidemment pas. Malheureuse aussi la science qui n’a pas son mot à dire. C’est là que réside le « désenchantement du monde » dont parle Max Weber, dans la tendance à l’uniformisation, en parallèle avec la standardisation de la production-matrice de la désorganisation capitaliste du travail-de ce qui est un communisme machiavélique qu’est ce capitalisme mécanique et uniformisateur, matérialisme achevée et pensée unique garantie. L’autiste Religion de l’Egoïsme qu’est le capitalisme ne crée que des consciences malheureuses. Elle nous prive de tout, et de plus encore, et nous fait croupir dans un monde si petit et d’une pauvreté absolue malgré et à cause de l’écroulement des marchandises. Quelle inefficacité ! Quel gaspillage de moyens ! Sauf à sortir du cadre aucune solution n’est possible dans ce système autopiègé.
La Religion capitaliste : se débarrasser mentalement des autres
Le terrain ainsi nettoyé, terre gastée, par l’intolérance fondamentale de la Religion capitaliste, le second mouvement – se débarrasser mentalement des autres, s’en laver les mains, les expulser des conséquences désastreuses de ses propres actes, refuser frénétiquement tout lien, tout rapprochement de cause à effet, se démunir de tout sens de responsabilité, de solidarité, devient possible.
Cet enfoncement dans le secret noir de sa prédestination pénétra jusqu’au fond des cœurs et les brûla jusqu’à les racornir de petitesse, voilà toutes les consciences, ternit toutes les intelligences. La perte qu’amenait l’élection divine dans l’être humain était telle que des siècles suffiront à peine pour récupérer ce que cet égoïsme monstrueux a dilapidé, gaspillé, piétiné, sali, méprisé, omis, oublié, exclu, rejeté. Et qui se trouve être l’essentiel : pouvons-nous l’appeler « âme » ce qui ne peut s’épanouir qu’avec les autres ? Ces autres qui, eux-mêmes, ne peuvent accéder à la confiance, qui, seule, permet un épanouissement serein, qu’avec un maximum d’égalité économique et financière. Sous le coin massif, le gigantesque burin plongeant dans l’être humain et l’aspergeant de la mégalomanie de la prédestination, qui va jusqu’à asperger les billets dans le renversement schizophrène de In God we trust pour le phrasé désiré et articulé de God trust us, phrasé impossible puisque le « nous » n’existe pas dans la Religion de l’égoïsme. C’est la Religion de la solitude généralisée. Il fallait tous ces coups de burin pour parvenir au détachement par rapport aux autres, à la destruction de tout lien social, à l’indifférence infernale, au glacial cool du self control. Car, face aux « émotions », il faut affirmer ses « motifs permanents », et, pour cela, sa personnalité doit fuir l’empathie, doit refuser la responsabilité des autres. Toute attitude secourable et indulgente envers autrui est bannie, et, au contraire, ne jaillissent que haine et mépris à envers qui n’est pas favori de Dieu.
La même folie qui fut assénée aux Indiens est resservie ici, l’anthropologie « universelle occidentale » refuse l’anthropologie possible des pauvres occidentaux, il est parlé pour eux, décrété pour eux. Le pauvre a une imperfection morale : « Celui qui est pauvre en raison de sa condition doit le supporter ; mais s’il s’applaudit de le demeurer, c’est comme s’il se félicitait de rester malade ou s’il cultivait une mauvaise réputation », crachait le duc Christophe de Wurtemberg. Comme pour les Indiens seule la diffamation fonctionne. Seuls ceux qui n’ont… aucuns moyens sont causes de tout, seuls ceux qui n’ont aucuns impacts sur le réel sont responsables de tout et ceux qui ont les responsabilités, responsables de rien. Non seulement l’intolérante Religion du capitalisme pille et s’adjuge tout, mais en plus elle déverse sa culpabilité sur les autres ; un peu que le pauvre n’a pas le droit d’être heureux clament ces monopolisateurs du raisonnable. Dans le règne de la police de l’égoïsme intolérant « il faut que la foi soit attestée par ses résultats objectifs afin de constituer le sûr fondement de la certido salutis. Il lui faut être fides efficax, de même que l’appel du salut doit être vocation efficace » (Weber p. 131). Tout fut donc clair : être pauvre c’est « prouver » que l’on n’a aucune foi, que l’on est même l’ennemi de Dieu. « Alors prévalut la conviction que c’était insulter Dieu que d’admettre un non-régénéré dans le troupeau » (p.141). C’est exactement cela le puritanisme et absolument pas de connotation sexuelle : est donc imposteur qui ose le prétendre puisque pour la Religion du capitalisme le sexe importe peu, mais il faut absolument masquer que le pauvre est chassé de l’Eglise qui lui revient, pourtant, de plein droit, (c’est-à-dire chassé du commerce divin ne justifiant que les seules fortunes) et qu’il n’y a qu’imposture et aucun droit à le faire.
Se débarrasser, sournoisement et de la plus répugnante façon qui soit, du pauvre c’est d’oser qu’il est « puni » par Dieu, « qu’il doit se cacher », que c’est l’ordre des choses, que « ça a toujours été comme ça » et autres gâtismes. « L’amour du prochain-au service exclusif de la gloire de Dieu non à celui de la créature-s’exprime dans l’accomplissement des tâches professionnelles données », corrobore Weber. Plus je ne pense qu’à moi plus j’aime les autres ! La tenaille inhumaine : le salut personnel c’est l’abandon de toute générosité envers autrui puisque la pauvreté pourrait être contagieuse, ne peut persister que parce que tout, en cette Religion intolérante de l’ultra Égoïsme, tout n’est que monologue, surdité et aveuglement. Ainsi n’est-il pas expulsé sur les autres toutes les conséquences de ses actes ? Le pauvre ne l’est-il pas d’avoir été, d’une façon ou d’une autre, dépouillé par le riche (culpabilité au sens d’imputabilité) ? Pas du tout, le pauvre est Le seul coupable et à jeter aux orties de son destin. L’insurrection face au réel, la sédition permanente, l’illégitime mutinerie, la délinquance arrogante, la contestation de mauvaise foi de la Raison qui fuit tout fait réel, tout raisonnement, toute démonstration- contenues dans cette doctrine, en soulignent la haute toxicité. La Religion capitaliste est la plus fanatique qui soit ! Et la plus venimeuse : ne rend-elle pas in-humain, ne fait-elle pas sortir, entièrement, de l’Humanité et des sentiments d’humanité ? Et, par extension, ne rend-elle pas insensible au berceau précieux de « notre » vie, la Terre ? Deux signes de folie fanatique, non ?
Les autres (l’Autre) n’y sont connus (jamais reconnus) que dans… l’empilement d’indifférences sans bornes. Il n’est pas possible de posséder envers les autres la moindre posture de secours : la compétition reste in-humaine, n’appartient pas à l’humain. Cette glaciale Religion n’a aucun amour : « Cet amour ne peut pas exister si vous appartenez à une société dans laquelle vous cherchez à être célèbre, à être reconnu, à avoir une situation » (Krishnamurti, p.181 – « La Révolution du silence »). Puisque « L’amour est anonyme donc non violent (…) Comme la beauté et la vérité, il n’est pas du domaine des possessions (…) Tel est l’amour. En lui il n’y a pas de temps, d’espace ou d’identité. C’est l’identité qui apporte la haine et la guerre et qui construit les murs autour des gens, autour de chacun, de chaque famille, de chaque communauté » (p.184). Murs dont nous venons de voir les terrifiantes origines. Fausse concurrence, compétition : se soulèvent des millions d’aliénés hurlant hourra-1 gagnant 9999 perdants ! La compétition se dresse très exactement comme l’exact opposé de la démocratie où il n’y a plus de perdants. La fausse concurrence se profile, aussi, comme le ferment venimeux de l’égoïsme monstre dans chaque individu séparé de tous les autres. Car « la guerre est fondée sur la compétition, sur la rivalité, sur la concurrence », trivialise Charles Péguy. Et, par contre coup, la réalité se devant toujours d’être complète, la paix reste fondée sur l’association, sur la mutualité, sur la contribution individuelle, la complémentarité solidaire.
Actuel destin de la prédestination et de l’indifférence
Si loin de tout cela la prédestination égoïste devient l’autorisation transcendantale de racketter, détourner à son seul profit le système dont nous sommes tous créditeurs, dépouiller les autres en toutes tranquillité. La Religion capitaliste (ce refus de l’arbitre politique) se dessine ainsi telle l’antidémocratie achevée. Ce pourquoi cette Religion capitaliste intolérante ne survit que par la… diffamation et la censure. Pourtant, la Fin de cette Religion de l’égoïsme est déjà entamée. La prise de conscience que son seul fondement demeure religieux, avec toute l’accumulation répulsive qui s’est effectuée ces derniers siècles, va lui revenir comme un boomerang. Le capitalisme égoïste et asocial va enfin être submergé par notre dégoût. D’autant plus que sa traînée catastrophique va émerger en plein jour.
- L’égoïsme monstre vient de trouver son sociologique descriptif dans un livre quasi incompris « L’Économie mondialisée » de Robert Reich. Beaucoup s’y sont précipités, avidement, comme sur un nouvel alibi pour disculpation effrontée et non-action nihiliste (prédestination fataliste et indifférence arrogante à la misère par la Religion intolérante), la « mondialisation » empêche d’agir dans chaque pays (alibi) sans pourtant prémunir que tout soit fait pour augmenter les inégalités injustifiables (ailleurs) – étrange que la non-action puisse tout de même agir, n’est-ce pas ? Manque de flair : ce livre, si sensible, restera comme un réquisitoire irrécupérable contre l’asocialité complète des capitalistes en Religion. Sans doute, que Bateson et Ruesch dans « Société et communication » avaient largement diffusé la thèse, n’empêche que l’accumulation de faits dévoile la hure toute de cette pseudo « mondialisation » (sans le vrai Monde). Les thurifaires du système capitaliste sont, pour Robert Reich, des « manipulateurs de symboles » (ceux de la Religion de l’égoïsme) qui détournent ainsi, à leur unique profit, ce système dont nous sommes tous créditeurs, ce qui n’est légitime ni politiquement, ni scientifiquement, ni éthiquement. Mais, une fois ce cauchemar-pour-les-autres accompli, plus qu’une idée : « faire sécession », « ne pas payer d’impôts locaux pour les autres », créer un ghetto de luxe, une ville à part, engager des gardiens privés pour se protéger, ou s’autoenfermer en prison (selon la grille de lecture : hors-la-loi ou déserteur), consacrer les bénéfices à des espaces privés. Un cinquième des Américains vivraient ainsi à part des autres, dévoilant tout le fond antisocial de la Religion capitaliste. Ils refusent de participer à la société civile juste bonne à être dévalisée par eux. Autisme d’enfermement (tout cacher, tout masquer, se planquer… etc.) sans autre relation avec le monde extérieur que la télé, autant dire une autre fuite effrénée du réel. Cette Religion revient à son origine qui est d’immobilisme, d’antiprogès progressiste, de mutinerie contre le réel : l’arrivée existe dès le départ. Incapables de toute rencontre avec l’Autre, ils se dévoilent comme des enfermés volontaires, des autoclaustrés, des barricadés (revers, pour l’interné de l’interne des égoïsmes, des barricades de rues externes) et des con-finés portant leur propre fin en eux-mêmes (l’enfer de l’enfermé), bref des coupables purgeant d’eux-mêmes leur peine d’implosés d’autoexclusion. Incapables d’actions qui les relient aux autres comme de dénouer les nœuds des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés, ils dévoilent enfin leur vérité qui tourne le dos à l’universalité vraie. Champions de la fuite du réel, ils se décrivent exactement comme des pillards qui fondent de leurs montagnes pour razzier tous les pays alentours puis se replient peureusement afin de cuver leur butin. Pendant ce temps, la prise de conscience qu’ils sont absolument inutiles à la société civile s’accélère.
« Daignez réformer les abus de toutes les professions ; que s’il s’en trouve une qui fasse beaucoup de pauvres pour un petit nombre de riches, cela ne sert point la chose publique » bon-sensait Cromwell au Long Parlement en Septembre 1650. Il saute à la conscience que les pratiquants de la Religion prédestinée du capitalisme ne « servent point la chose publique » et « créent beaucoup de pauvres pour un petit nombre de riches », les 350 personnes les plus riches du monde possèdent exactement la même richesse que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. 350 = 3 milliards et des millions. Étrange arithmétique lorsque l’on devine que le plus grand nombre de ces riches s’autoprétendent pour la démocratie. Donc 350 est la majorité et plus de 3,7 milliards la minorité, puisque la démocratie est la loi du nombre. Il s’agit, pour eux, de masquer qu’ils ne sont qu’une infime minorité pour que les consciences ne saisissent pas à quel point ce sont eux les ennemis de la démocratie, insurgés devant toute solution complète, contestataires du réel, fauteurs de désordres mondiaux, bref tout le vocable qui, depuis toujours, fut déversé, illogiquement et irrationnellement, sur les pauvres, puisque pour semer le désordre il faut avoir de sacrés moyens d’ubiquité, pour corrompre la vie sociale il faut avoir des revenus exponentiels. Riches tous les trafiquants, riches le capital au noir, riche le capital clandestin, riches les désordres mondiaux : il parait alors improbable, illogique, absurde inefficace, cinglé de ne s’occuper que du travailleur clandestin, du banlieusard, du dealer ou du maigre travail au noir. Il faut être complètement fou pour agir ainsi, ou, alors, adepte de l’intolérante Religion du capitalisme, la plus fanatique qui soit. Capital mondial=impôt zéro, calculait le prix Nobel Alphonse Allais. L’intérêt collectif ne peut que se trouver de plus en plus opposé à ce monstrueux égoïsme ! La preuve que le capitalisme « ignore » le bien commun, la collectivité, se voit enfin atteinte.
Leur présence manipulatrice et semeuse de confusions empêche de percevoir les résolutions globales aux problèmes. Cette opacité pourrait devenir extrêmement dangereuse. Cependant, la connaissance des origines… répulsives de cette Religion masquée, couplée avec la folie autiste du « Christophe Colomb a découvert l’Amérique » (et l’Amérique qu’a-t-elle…découvert, elle ?), ont, enfin, cerclé leur finitude. Ils ne sont plus… incontournables. Le Progrès progressiste va reprendre ses droits, l’Évolution va enfin se poursuivre, l’Humanité va se réconcilier en dehors d’eux…etc.
(extrait de « Comment devenir un(e) Athée du capitalisme » )
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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