par Observateur Continental
Le président russe Vladimir Poutine s’est adressé ce mardi 21 février à l’Assemblée fédérale en annonçant la suspension de la participation de la Fédération de Russie au traité russo-américain New Start de réduction des armes stratégiques.
Son allocution a été relayée par des médias du monde entier. Elle a été notamment retransmise en direct par les chaînes françaises BFMTV et France 24, la britannique BBC World et l’allemande Die Welt. De plus, le discours de Vladimir Poutine a été diffusée sur les chaînes YouTube des journaux britanniques The Telegraph et The Independent, les espagnols El Pais et El Mundo et l’allemand Die Welt. Le texte de l’allocution a été relayé sur les sites de la chaîne britannique Sky News et le journal The Guardian, ainsi que les quotidiens américains The New York Times et The Washington Post.
Cette information cruciale a été annoncée par Vladimir Poutine tout à la fin de son allocution. « Et encore quelques mots sur ce qui se passe autour de nous », a dit le président, en rappelant la récente déclaration de l’OTAN au sujet du New Start russo-américain. Dans ce message collectif les pays de l’OTAN appelaient la Russie à respecter ce traité, y compris l’accès des inspecteurs américains aux sites nucléaires. « Je ne sais pas comment le qualifier. C’est un théâtre de l’absurde », s’est indigné le président.
Et de poursuivre : « Nous savons que l’Occident est directement impliqué dans les tentatives du régime de Kiev de frapper les bases de notre aviation stratégique. Les drones utilisés pour cela étaient équipés et modernisés avec l’aide des spécialistes otaniens. Et maintenant ils veulent inspecter nos sites de défense ? Cela ressemble à du délire dans les conditions de la confrontation actuelle ». Sachant que la Russie, d’après le dirigeant russe, n’est pas autorisée à effectuer des inspections dans le cadre de ce traité sur le territoire américain.
Selon Vladimir Poutine, par sa déclaration collective « l’OTAN a de facto revendiqué la participation au New Start ». « Nous sommes d’accord avec cela, allez-y. De plus, nous pensons que cette question se pose depuis longtemps car, je le rappelle, l’OTAN inclut plus d’une puissance nucléaire – les États-Unis », a dit le président avant de préciser : le Royaume-Uni et la France disposent également d’arsenaux nucléaires « qui sont également dirigés contre la Russie ».
« À cet égard, je me dois d’annoncer que la Russie suspend sa participation au traité de réduction des armes stratégiques. Je répète, elle ne se retire pas du traité mais suspend sa participation », a annoncé Vladimir Poutine.
Les conditions de révision de cette décision ont été formulées ainsi : « Avant de revenir sur cette question, nous devons comprendre pour nous ce que revendiquent les pays otaniens tels que la France et le Royaume-Uni, et comment nous prendrons en compte leurs arsenaux stratégiques, c’est-à-dire tout le potentiel d’attaque de l’OTAN ».
Mais ce n’est pas tout. D’après Vladimir Poutine, les autorités russes savent que « certains représentants américains songent aux essais de leur arme nucléaire, notamment vu que les États-Unis élaborent de nouvelles munitions nucléaires ». « Dans ces conditions, le ministère russe de la Défense et Rosatom doivent assurer la préparation pour les essais de l’arme nucléaire russe. Bien évidemment, nous ne le ferons pas les premiers, mais si les États-Unis organisaient des essais, nous ferions de même », a annoncé le chef de l’État russe.
Rappelons que l’URSS a mené son dernier essai nucléaire en 1990, la Russie n’a jamais testé l’arme nucléaire. La Russie a signé en 1996 et ratifié en 2000 le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Les États-Unis l’ont signé mais n’ont jamais ratifié, toutefois ils respectent le moratoire sur de tels essais.
Dans la soirée du 21 février, le ministère russe des Affaires étrangères a publié une déclaration sur le New Start en éclaircissant plusieurs points importants. Le communiqué stipule avant tout que « dans le but de maintenir un niveau suffisant de prévisibilité et de stabilité dans le secteur de missiles nucléaires, la Russie a l’intention d’adopter une approche responsable et continuera, pour la durée du traité, de respecter les restrictions qualitatives sur les armes stratégiques offensives ».
Le New Start prévoit que chaque partie restreint et limite ses armes offensives stratégiques de sorte que leur somme ne dépasse pas 700 unités pour les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) déployés, les missiles balistiques de sous-marin (MSBS) et les bombardiers lourds ; 1550 unités d’ogives pour eux ; 800 unités pour les vecteurs déployés et non déployés d’ICBM et de MSBS ainsi que les bombardiers lourds.
Le traité prévoit également une notification préalable des lancements de missiles balistiques tombant sous le coup du traité, mais cela correspond également aux engagements des parties dans le cadre de l’Accord sur la notification de lancement d’ICBM et de MSBS de 1988. Le ministère russe des Affaires étrangères précise que ce travail sera poursuivi.
Le communiqué du ministère fait état des conditions auxquelles Moscou pourrait revoir sa décision concernant le New Start. « Pour cela Washington doit faire preuve de volonté politique, entreprendre des efforts de bonne foi pour la désescalade générale et la création des conditions pour rétablir le fonctionnement à part entière du traité et donc la garantie globale de sa viabilité ». Tant que Washington ne remplit pas ces exigences, toute démarche de Moscou dans le sens de Washington dans le contexte du New Start est « absolument exclue ».
Rappelons que le New Start a été confronté à de sérieux problèmes l’été dernier : le 8 août 2022, la Russie a annoncé la suspension des inspections de ses sites dans le cadre du traité, accusant les États-Unis de tenter de relancer les vérifications sur place sans recevoir l’aval des autorités russes. Les États-Unis insistaient : l’épidémie de coronavirus à cause de laquelle les inspections ont été suspendues pendant plus d’un an sur entente mutuelle est déjà terminée, par conséquent les Américains ont le droit de venir pour une inspection. Ce à quoi Moscou répondait que l’épidémie persistait et que de leur côté les inspecteurs russes ne pouvaient pas se rendre aux États-Unis à cause des restrictions logistiques, bancaires et de visa visant la Russie.
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a appelé la Russie et les États-Unis à « revenir au respect à part entière du New Start sans plus attendre ». Et d’avertir : « Sans le contrôle des armements nucléaires, le monde est bien plus dangereux et instable, avec des conséquences potentiellement catastrophiques ».
Le ministère français des Affaires étrangères a publié mardi un communiqué pour déplorer la suspension de la participation de la Russie au traité New Start. Selon ce document, Paris appelle Moscou à « faire preuve de responsabilité » et à revenir sur sa décision dans les plus brefs délais.
source : Observateur Continental
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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