Par WD
Dans le vaste enclos du Colisée politique, nous avons les éternels ténors renégats, les vieux poncifs attendant la cantine et une flopée de jeunes recrues prêtes à en découdre. Les combats sont féroces et les coups vicieux font la légende de l’arène. La plèbe spectatrice soutient ses champions et ponctue le sort des vaincus avec le pouce. Tout ce petit monde croit participer à un grand duel idéologique où le gagnant imposera son concept du monde jusqu’à la prochaine réunion du grand jeu. Personne ne se rend compte que ceux qui gagnent réellement le tournoi-spectacle sont ceux qui l’organisent. La recette est pour eux.
De temps en temps, les impresarios affranchissent des gladiateurs qui ont bien mené l’attraction un bon moment, mais qui ne suscitent plus l’engouement du public. Ils les destinent vers d’autres tâches ombrageuses, mais toujours utiles et serviles.
À l’extérieur de ce théâtre d’ombres, il y a ceux qui postulent pour y rentrer. Certains cooptés intègrent la troupe sans problème. Ils jouerons leurs rôles à la perfection dans les joutes. D’autres, ne faisant pas parti d’une clientèle patentée, resteront devant les portes closes. Ils ont beau s’agiter, faire du bruit, interpeler le badaud qui passe, rien n’y fera. Ils resteront en dehors de l’édifice tant qu’ils ne servirons pas une cause projetée par les planificateurs.
Nous avons un grandiloquent exemple, celui du Front National. Non seulement il a changé de nom, mais aussi de credo. C’est devenu de la bière sans alcool, du lait sans lactose, un produit dénaturé. Le prix à payer pour rentrer dans les jeux du cirque était renier ses fondamentaux. Mais personne n’est dupe. Le RN n’est plus qu’une coquille vide. Les deux aèdes de ce parti, l’une avec sa voix de fêtarde en fin de soirée au «Shanghaï» et le contemplateur du rêve américain, le fan de Zelenski et de l’OTAN, l’adepte de l’UE, nous démontrent qu’ils ne sont pas à la hauteur du rôle que certains spectateurs attendent d’eux. Toutefois, le spectacle continue et entre deux algarades, ils font leur numéro de clowns comme convenu dans leur contrat.
Autour du Colisée, ils y a ceux qui ne veulent pas rentrer dans les jeux du cirque. Ils veulent, bien à propos, détruire l’édifice. Ils sont bien seuls, car la plèbe aime Panem et circenses au-delà du raisonnable. Ces troublions s’appellent les souverainistes. Ils sont si peu nombreux qu’ils se permettent de se diviser en petits clans où la seule différence entre eux est l’égo des chefs. Le sens stratégique manque à leur réflexion. C’est dommage car leur volonté de redonner du sens à la cité est la seule voie pour ressusciter le forum.
Les barbares sont aux portes de la ville. L’incendie commence à se propager dans les faubourgs, mais seule l’affiche des jeux intéresse la plèbe. Même le Panem commence à manquer, mais rien à faire, la populace est trop addict aux divertissements démagogiques sous le velarium pour prendre conscience du danger.
Ils font peine à voir ces souverainistes. Ils ont beau s’agiter comme des diables, démontrer que le feu brûle et détruit tout, ils ne sont ni entendus ni compris. Leur faute principale est de ne pas créer une collégiale entre eux. Un petit groupe par-ci, une petit groupe par-là, ça dilue l’efficience. Seul un bon bloc peut se faire remarquer. Un orchestre est plus bruyant qu’un soliste. Puis, malgré le talent et la pertinence de certains, il manque à tous ces chefs de file du charisme. Le gars qui en a peut se permettre de dire et faire des conneries, son ascendant sur les autres étouffera les objections et les rejets. Il y a pléthore dans l’histoire des aigles qui ont transcendé des populations entières avec leur force intérieure. Ils irradiaient les gens malgré leur faiblesse et lacune intellectuelle.
Comme leurs homologues ennemis, les souverainistes sont trop dans la science du chiffre, dans la démonstration universitaire, dans le parfait ton requis de bon aloi pour être efficaces. Il leur manque du peps rhétorique. Ils n’ont pas l’harangue virile qui a fait les grandes heures de l’entre-deux-guerres et qui subjugue toujours. Être meneur d’homme ne s’apprend pas. On en est un ou on n’en est pas, c’est inné. Tout comme on ne s’improvise pas chef d’entreprise. On n’est pas un dirigeant d’un établissement économique sur simple décision personnelle. Il faut en avoir la capacité intrinsèque sinon c’est la faillite assurée. Le patron n’est pas comptable, le comptable n’est pas patron. Le boss est un projecteur, un visionnaire, une locomotive. Les wagons le suivent.
Pour exemple, il y a Jeanne d’Arc. Qu’elle fût une simple bergère analphabète et déjantée ou pas, elle fut assurément d’une puissance énergétique évidente. Elle s’imposa avec toute sa force intérieure et en remontra à de plus prétendument gaillard qu’elle. Pas tout le monde a ce rayonnement qui en impose.
Le seul souverainiste qui en impose aux autres actuellement, c’est Poutine. Amis ou ennemis, tout le monde l’écoute. Ce n’est pas par ses envolées lyriques ni par ses allocutions énergiques qu’il impose le respect. Il inflige la ferveur par sa droiture, son attachement au bien commun Russe et sa franchise si exceptionnelle dans le monde politique. Rien à voir avec les perfides américains.
Dans l’état actuel des choses en France, les souverainistes ne font pas recettes. Pourtant des signaux forts et visibles étayent leurs dires. Malheureusement les gens voient le doigt, pas la lune. La fumée se fait sentir, quelques flammes commencent à dévoiler au loin ses langues infernales, personne ne les aide à organiser la mise en place des seaux salvateurs qui seront nécessaires pour sauver la cité. L’inconscience collective est affligeante. Quand le Colisée sera en flamme, la plèbe prendra cet événement pour un nouveau spectacle formidable. Ce sera un beau final. Le dernier.
Source : WD
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