Les origines de la colère de l’Ours… — Jimmy DALLEEDOO

Les origines de la colère de l’Ours… — Jimmy DALLEEDOO

Les médias occidentaux affirment que le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine aurait débuté aux environs du 24 février 2022. En réalité, la guerre ne cesse jamais dans le cadre de l’impérialisme. Les différents pays impérialistes sont interdépendants, mais ils sont aussi en concurrence. La guerre militaire est le degré supérieur d’une guerre qui commence toujours au niveau de l’économie et des idées. Les médias ont créé un clivage presque idiot qui consisterait à dire que les « méchants » sont à l’Est, alors que les « gentils » sont à l’Ouest. Malheureusement, la géopolitique est plus complexe que cela. La guerre n’a jamais cessé après la chute de l’URSS et elle n’a fait qu’atteindre un degré supérieur avec le coup d’État néonazi d’Europe-Maïdan.

1— L’Euro-Maïdan fasciste

Nous sommes le 9 février 2014 sur la place Maïdan à Kiev. Des drapeaux noirs et rouges dansent comme des reptiles putrides : ce sont les milices néonazies Pravy Sektor et Svoboda. Elles s’appellent le parti social nationaliste d’Ukraine (référence au NSDAP d’Adolf Hitler) : ils sont antisémites, anti-Russes. Ces reptiles putrides amorcent la rébellion de Maïdan. Ces reptiles déversent leur venin en distribuant des exemplaires de Mein Kampf et la place Maïdan s’en réjouit. Le dirigeant de Svoboda, Oleg Tyahnybok, reçoit les dirigeants politiques du monde occidental se précipitant à Kiev pour apporter leur soutien à ces formations politiques néonazies.

Se succèdent : Laurent Fabius qui est alors le ministre des Affaires étrangères pour la France ; Catherine Ashton qui est la chef de la diplomatie de l’Union européenne ; John McCain qui est sénateur des EU ou encore Victoria Nuland qui est la sous-secrétaire d’État de l’administration Obama. Barack Obama avait d’ores et déjà oublié les destins brisés des Afro-Américains sur l’autel idéologique fasciste du type KKK. Il s’agit d’une idéologie néfaste à l’humanité, prenant des formes sociales différentes selon les séquences historiques au cours desquelles les forces du capital l’appellent au secours. La goinfrerie du capitalisme de monopole, de l’impérialisme, n’est pas ouverte à ce type de détails sans intérêt.

La crise de l’euromaïdan a commencé au niveau national en novembre 2013 : l’Ukraine est en cessation de paiement. Deux solutions se présentent pour l’Ukraine : intégrer l’Union européenne ou intégrer l’Union Eurasiatique. Les Ukrainiens étaient divisés entre les pro-occidentaux (proches de l’Europe, notamment de la Pologne) et les pro-Russes. L’URSS n’existe plus, mais la contradiction entre l’Est et l’Ouest n’a jamais été résorbée : la bataille entre les reptiles et l’Ours n’a jamais cessé. Les reptiles continuent de se mouvoir, tandis que l’Ours est à l’affût. Viktor Ianoukovitch atterrit donc à Bruxelles, ensuite à Moscou.

L’Union européenne proposera au gouvernement ukrainien de l’époque quelques dizaines de millions d’euros, alors que la Russie lui proposera quinze milliards de dollars, s’ajoutant à des ristournes non négligeables sur le prix du gaz. Le choix est logique. Viktor Ianoukovitch décide donc d’annuler les accords avec l’UE pour se tourner très justement vers la Russie. Les reptiles possèdent un sang-froid, alors que l’Ours, lui, est protecteur. C’est alors que les Ukrainiens pro-occidentaux s’énervent. Le problème, c’est que l’UE est totalement subordonnée à l’impérialisme des EU. Les États-Unis décident donc de l’intervention du charmeur de reptiles : la CIA.

La place Maïdan est alors occupée. Les formations politiques néonazies prennent d’assaut la place Maïdan. La parti Svoboda défile avec ses cagoules, ses armes, sa violence. Et dire que le parlement européen avait condamné les néonazis de Svoboda fin 2012 ! Les politiciens occidentaux jettent aux poubelles de l’histoire leurs convictions devant des liasses de billets de banque.

Dorénavant, parler de néonazis à Kiev revient à faire de la propagande pro-russe. C’est alors que l’UE va entrer dans une somnolence politique, afin de laisser l’impérialisme étasunien gérer seul « le cas ukrainien ». Le bébé reptile n’a pas assez de venin, alors il laissera faire son papa reptile dont le venin participe d’une certaine expérience dans l’exploitation et l’oppression des peuples.

D’ailleurs, devant cette course au putsch, n’est-ce pas Victoria Nuland qui dira « Fuck the EU » ? Si ! La France a-t-elle répondu ? Non !

En effet, entre 1991 et 2014 l’impérialisme étasunien avait investi plus de 5 milliards de dollars pour installer « un régime ami » à Kiev. Il fallait investir ses capitaux, afin qu’ils soient en mouvement le plus vite possible, indépendamment de la volonté de la majorité du peuple d’Ukraine : la souveraineté nationale du peuple d’Ukraine est noyée dans les eaux glacées du calcul égoïste.

L’impérialisme des EU, qui est la dictature du capital la plus puissante au monde, avait décidé de détacher l’Ukraine de la sphère russe pour l’arrimer à la communauté atlantique. Ils peuvent compter sur l’OTAN qui est le bras armé de l’impérialisme étasunien. L’OTAN devait s’étendre toujours plus vers l’Est en englobant totalement l’Ukraine.

Naturellement, cette extension de l’OTAN vers l’Est l’emmenait aux portes de la grande Russie. La stratégie de l’impérialisme s’appelle Heartland/Rimland ou « le grand jeu ». L’Ukraine est une pièce stratégique importante se situant au sud-ouest du Rimland. Ce pays est donc un intermédiaire entre la Russie et l’Europe dominée par les États-Unis : l’Ukraine est un point de passage ultra-important pour les gazoducs. Le Heartland/Rimland a été théorisé par Zbigniew Brzezinski, David Rockefeller, Kissinger et d’autres personnalités très influentes dans le monde impérialiste : la trajectoire géopolitique d’un nouvel ordre mondial.

2— Le Heartland-Rimland ou le Grand Jeu

Le Grand Jeu est un terme qui a été popularisé par Rudyard Kipling au XIXe siècle. Il résultait du conflit entre l’Angleterre Victorienne (installée en Inde) et la Russie Tsariste. C’est donc un nouveau « grand jeu » qui se déroule actuellement sur le continent eurasiatique. Les principaux acteurs sont effectivement la Russie, les États-Unis, la Chine, la Turquie, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, les pays européens. Les impérialistes structurent leurs pensées dominantes autour de cette théorie du pivot du monde (heartland). Selon ces impérialistes, les dynamiques géopolitiques de la planète trouvent leurs forces motrices dans l’Eurasie. Ce dernier est comme un œuf que les reptiles voudraient gober.

Ils disent : « Celui qui domine le Heartland commande l’île-monde. Celui qui domine l’île-monde commande le monde ». Nicholas Spykman, qui fut un disciple de Halford Mackinder, est considéré comme un des pères de la géopolitique aux États-Unis. C’est lui qui ajoutera à la théorie du Heartland la notion de Rimland (croissant intérieur). C’est un croissant entourant le Heartland comprenant l’Europe, le Moyen-Orient, le sous-continent indien et l’Extrême-Orient. L’Ukraine se situe au sud-ouest du Rimland. L’objectif de l’impérialisme étasunien est donc d’empêcher la jonction entre le Heartland et le Rimland. Cette jonction amorcerait un développement fulgurant du continent eurasiatique trouvant pour force motrice l’entente sino-russe. L’Ours a scellé une alliance terrible avec le dragon.

Cette stratégie géopolitique d’expansion de l’OTAN ressemble à celle qui avait été mise en application contre l’URSS. C’est une politique de containment qui ne veut pas prendre en considération l’avis des peuples et de leurs gouvernements. La politique du surprofit est la seule considération possible. Zbigniew Brzezinski disait : « Il est impératif qu’aucune puissance eurasiatique concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique ».

Ce « grand jeu » a conditionné la guerre du Golfe de 1991 à 2003, de Tchétchénie, du Kosovo en 1999 de Géorgie en 2008, de l’intervention des EU en Afghanistan, de l’isolement de l’Iran, des révolutions colorées de 2000, des coupures de gaz entre l’Europe et la Russie, de la création de l’OCS (l’organisation de la coopération de Shanghai).

Mr Zbigniew Brzeziński détenait d’ores et déjà une certaine expérience des conflits et stratégies géopolitiques. Il aurait aidé les Khmers rouges de Pol Pot par exemple. Il disait « J’ai encouragé les Chinois à appuyer Pol Pot, j’ai encouragé les Thaïlandais à aider les Khmers rouges. Pol Pot était une abomination. Nous ne pouvions pas le soutenir, mais la Chine le pouvait ».

D’après Brzezinski, la stratégie fut de pulvériser le camp prosoviétique, lui-même appuyé par le Vietnam, en soutenant le camp maoïste, lui-même appuyé par la Chine, les Khmers rouges. En effet, cette stratégie avait été attisée par la rancœur de l’impérialisme nord-américain après sa défaite face aux communistes révolutionnaires vietminhs.

Il aurait été aussi le soutien aux moudjahidines et djihadistes d’Afghanistan. La CIA est entrée en Afghanistan avant les Soviétiques. L’Afghanistan fut un bourbier prévu pour saigner l’URSS pays du socialisme prolétarien. Il disait : « De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique. Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Est-il important de noter que dans ces « excités » existait un certain ben Laden ? Bref…

De L’Afghanistan à la Tchétchénie en passant par la Syrie ou le Kosovo la Russie sait que l’impérialisme étasunien détient une tendance à flirter avec le terrorisme et d’autres « groupes rebelles ». Le point commun de ces dérives politiques, économiques, sociales, morales se résume dans le Heartland  : c’est-à-dire la Russie Soviétique. Après la chute de l’URSS, en 1991, les dirigeants de Washington vont sabrer le champagne naturellement. En effet, de cette chute naissaient 15 Etats, dont l’Ukraine. Le Heartland fut considérablement réduit. Dans le même temps, le Rimland (dans lequel était intégrée l’Ukraine) fut renforcé. L’objectif des États-Unis est alors de séparer le Heartland et le Rimland par tous les moyens possibles.

D’ailleurs, dans son livre  Le Grand Échiquier , Brzezinski affirmait : « Selon une terminologie qui rappelle celle de l’époque brutale des anciens empires, les trois grands impératifs de la stratégie impériale sont d’empêcher les collusions et maintenir les vassaux dans une relation de dépendance en matière de sécurité, de faire en sorte que les tributaires restent dociles et protégés, et d’empêcher l’alliance des barbares ».

Et de continuer : « Si la Russie constitue une entité dynamique, capable d’initiatives propres, si elle forme une alliance avec la Chine, alors la position américaine en Europe sera terriblement affaiblie ». Tiens donc ! L’organisation de la coopération de Shanghai n’est-elle pas un danger en ce sens pour l’impérialisme étasunien contrôlant les âmes du monde par la puissance du pétrodollar malfaisant ? Si…

Nous comprendrons plus aisément la cause des « révolutions colorées » à l’intérieur du Rimland. Elles ont été financées, organisées par la CIA, entre autres, afin d’empêcher la jonction entre le Heartland et le Rimland. L’objectif de ces « révolutions colorées » était d’installer dans ces pays des régimes américano-compatibles.

Ces révolutions colorées furent un outil permettant de ralentir le développement de l’Eurasie par la non-jonction du Heartland et du Rimland. Elles furent appuyées par une autre institution à l’avant-garde du Grand jeu : Le NED (National Endowment for Democracy). Elle est une fondation partisane qui a été créée par le Congrès. En 1982, le directeur de la CIA, William Colby, avait déclaré à propos du NED : « Il n’est plus nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nos actions qui étaient menées en sous-main peuvent désormais l’être au grand jour et sans controverse ».
Allen Weinstein, un des fondateurs de l’institution le confirmait : « Bien des choses que nous faisons maintenant au NED étaient faites clandestinement par la CIA vingt-cinq ans auparavant ».

Un peu avant les manifestations, en septembre 2013, son président, Carl Gershman mentionnait d’ores et déjà l’Ukraine comme le « premier prix » à conquérir. Le NED est une ONG, comme une autre et contrôlée par l’impérialisme étasunien. Elles sont fabriquées pour déstabiliser des régimes, mais aussi pour apaiser certaines conséquences économiques, politiques, sociales issues de la goinfrerie du capital mondialisé qui est dominé par Washington. Ces ONG participent au Deep State, c’est-à-dire « l’état profond » étasunien. Ceci désigne une caste d’individus prenant toutes les décisions dépassant le pouvoir légal.

Le président Eisenhower ne l’avait-il pas dénoncé, dans son discours de 1961 contre l’influence « des pouvoirs illégitimes », ces lobbys militaro-industriels mettant « en danger les libertés » ? Les contradictions entre les classes sociales sont la force motrice du mouvement de l’histoire, mais les contradictions à l’intérieur d’une seule classe sociale sont possibles elles aussi effectivement.

Le Deep State a continué de grandir comme l’Alien grandissant dans le ventre de sa victime : bureaucratie, renseignement, médias. C’est une véritable fosse aux serpents organisée. En février 2014, l’attention de Washington se porte sur l’Ukraine. La Russie le savait. Le coup d’État néo-fasciste de Maïdan a été qualifié par George Friedman comme « le coup d’État le plus flagrant de ces dernières années ».

George Friedman est politologue, mais aussi le fondateur de la société de renseignement Stratfor. Sa société est très proche de George Soros et d’autres groupes d’activistes ayant participé à la révolution colorée. Il affirme aussi que l’objectif est d’empêcher qu’un État devienne trop puissant en Eurasie et d’inclure l’Ukraine dans un cordon sanitaire autour de la Russie.

Le 18 février, la violence atteindra un niveau supérieur sur la place Maïdan. Les bâtiments du gouvernement ont été visés. Ianoukovitch parvient à signer un accord, mais le groupe néonazi Pravy Sektor (pro-occident) veut continuer l’attaque. Le 20 février sera appelé à Kiev « le jeudi sanglant », car elle fera plusieurs centaines de morts.

Les médias occidentaux ont accusé Ianoukovitch de ces violences et les néonazis de Pravy Sektor deviennent un groupe démocratique naturellement ! Les médias corrompus commenceront leur matraquage des esprits en faisant croire que les violences sont de la responsabilité des pro-Russes. Bizarrement, les groupes néonazis du type Svoboda et Pravy Sektor deviennent des héros de la liberté avec dans leurs mains le livre Mein Kampf.

Les trajectoires des balles, les témoignages des manifestants, l’enquête bâclée des nouvelles autorités, les plaintes des familles des victimes ou les enregistrements des appels téléphoniques prouvent que l’offensive violente venait des éléments néonazis pro-européens. Les médias d’Europe disaient que ces mêmes violences provenaient des pro-Russes : ce qu’on appelle le « false flag » (faux drapeau).

C’est simplement une action qui est menée avec les marques de reconnaissance de son ennemi pour lui faire porter la responsabilité. L’impérialisme étasunien l’avait déjà utilisé lors de l’incident du golfe du Tonkin en 1964, lorsque les États-Unis avaient simulé une attaque vietnamienne contre leurs propres navires. En réalité, c’est l’armée des États-Unis qui s’était attaquée elle-même pour salir les héroïques communistes révolutionnaires du Vietnam. La tactique a très bien fonctionné le 20 février 2014 sur le Maïdan.

L’impérialisme se nourrit des émotions pour contrôler les esprits et cette émotion fut immense dans les capitales européennes et en Ukraine. Ianoukovitch fut pointé du doigt, condamné, tandis que les néonazis furent applaudis. C’est alors que les ministres des affaires étrangères allemands, français et polonais se sont précipités à Kiev pour exiger de nouvelles élections, alors que le gouvernement avait été élu démocratiquement. Pour ces dirigeants européens, il s’agissait de suivre les directives de leurs maîtres de Washington visant à séparer l’Ukraine de la sphère russe par « la révolution de Maïdan ».

Le 21 février 2014, le retrait des forces armées est validé, mais les néonazis pro-Europe ne veulent pas s’en aller. Ianoukovitch quitte rapidement Kiev en direction de l’Est. Les néonazis encerclent le parlement. Le pistolet sur la tête, les députés vont voter le lendemain la destitution du président. Ce fut nécessaire aux médias occidentaux, afin qu’ils fassent croire aux esprits faibles, très faibles, que Maïdan n’avait pas été un coup d’État néonazi anticonstitutionnel.

La nouvelle Ukraine sera formée par une coalition libérale adorateur du FMI et de néonazis. Dès le 23 février, la révolution culturelle néonazie passe à l’action : le RADA (parlement d’Ukraine) vote la fin du Russe comme langue officielle régionale. Les partisans pro-russes ne se laissent pas faiblir, car cette nouvelle orientation parlementaire les énerve encore plus. C’est ainsi que les partisans anti-Maidan s’organisent à Donetsk, Odessa, Kharkov, Lougansk, Crimée…

3—L’OTAN

Depuis la chute de l’URSS en 1991, la Russie observe l’OTAN se rapprocher toujours plus vers l’Est. Mikhaïl Gorbatchev était tellement naïf ! Il a pourtant tout donné par collaboration de classe : la disparition du pacte de Varsovie, la réunification allemande, la fin de la guerre froide. Ce n’est pas pour rien que Gorbatchev est admiré en Occident, mais mal aimé dans le cœur du peuple russe qui préfère très nettement Staline. L’Ouest avait promis qu’il « ne bougerait pas d’un pouce vers l’Est » ; pourtant, l’alliance transatlantique n’a pas arrêté de s’étendre toujours plus vers le Heartland.

L’OTAN devait disparaître après la fin du pacte de Varsovie, mais elle a été renforcée avec le sommet de Rome de 1991. Il s’ensuivit qu’une adhésion dans l’UE engendrait inévitablement une totale subordination à l’OTAN. D’ailleurs, le projet de l’UE est un projet des États-Unis. L’entrée ou non de l’Ukraine dans l’UE était un élément clef pour renforcer la domination des États-Unis en Europe. La Russie réagit. L’ours ne peut pas observer les reptiles s’approcher toujours plus de sa grotte sans rien faire.

En effet, il n’était pas possible que l’armée des États-Unis s’installe aux portes de la Russie pour y constater ensuite l’installation d’antimissiles. Il est important de se rappeler que la dissuasion nucléaire est une dissuasion par représailles. Le pays qui utiliserait l’arme nucléaire prendrait le risque d’être rayé de la planète lui aussi : ce qu’on appelle « l’équilibre de la terreur ». C’est ce qui a permis de conserver la paix mondiale. Le problème, c’est que les États-Unis se croient supérieurs. Ils sont égocentriques, pensant être exceptionnels et indispensables.

L’impérialisme des EU ne supporte pas d’être rappelé à l’ordre par un autre pays, surtout lorsqu’il s’agit de la Russie. Les stratèges russes sont conscients depuis longtemps de l’avancée vers l’Est des États-Unis. La Russie est consciente que « la menace iranienne » est un leurre qui permettrait aux États-Unis d’installer des boucliers antimissiles en Europe de l’Est.

Dans les années 1999, les États-Unis ont décidé de faire entrer dans l’OTAN la Pologne, la Hongrie, la République tchèque. Ensuite, les États-Unis ont utilisé l’émotion du 11 septembre pour faire entrer la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, mais surtout les pays baltes : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie. C’est ainsi que l’OTAN dominée par les États-Unis continua son avancée vers le Heartland, puisque les pays baltes sont accolés à la Russie.

Cette nouvelle configuration géopolitique permit à l’OTAN d’inverser les rôles. C’est l’OTAN qui s’avançait toujours vers l’Est, mais elle accusait alors la Russie de vouloir installer des installations militaires proches de l’OTAN ! La Russie avait compris que les EU iraient jusqu’au bout de leurs desseins géopolitiques d’encerclement de la Russie et donc de divisions de l’Eurasie. L’Ours montra ses crocs en 2008 lors de la guerre de Géorgie. Encore une révolution colorée, organisée par la CIA, qui porta au pouvoir un pro-occidental, Mikheïl Saakachvili, voulant ouvrir la voie de son pays vers l’OTAN.

Ils trouveront le soutien de Bernard-Henri Lévy et de sa chemise ouverte à Tbilissi (dénonçant « l’agression russe ») naturellement. Il soutiendra évidemment les interventions de l’impérialisme étasunien au Kosovo, Libye, Ukraine, Syrie. L’Ours a montré ses crocs et par delà le froid il se défendra.

L’Ours se défendra des attaques de l’impérialisme à travers deux objectifs :

1— rattacher la Crimée à la Russie pour bloquer l’avancée de l’OTAN

2— créer un conflit gelé en Ukraine, afin de paralyser Kiev et ainsi l’empêcher d’entrer dans l’OTAN.

Un rappel concernant la Crimée. Un soir de 1954, alors qu’il est alcoolisé, Nikita Khrouchtchev a donné la Crimée à l’Ukraine par une simple signature. Personne n’imaginait la dissolution de l’URSS à l’époque évidemment. Mais l’URSS a chuté en 1991, alors que la Russie conserve une base navale à Sébastopol. Cette base navale aurait été inévitablement volée par Washington si elle réussissait à installer à Kiev un gouvernement américano-compatible.

Rappelons qu’elle est une des trois grandes bases navales de la Russie et qu’elle est stratégique pour l’accession à la mer Noire. Le 28 février 2014, quelques jours après le déclenchement de coup d’État néonazi de Maïdan, la Russie occupait sans violence la Crimée. La Russie a été reçue avec enthousiasme par la population (contrairement à ce que montraient nos médias occidentaux) qui est en majorité prorusse. Les 20 000 militaires ukrainiens seront désarmés pacifiquement. La majorité de la population de la Crimée, étant prorusse, elle exerça alors son droit à l’autodétermination. Rappelons que l’autodétermination est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est un droit inaliénable. Qui plus est, un droit qui ne doit pas souffrir d’une ingérence extérieure. Lorsqu’un ourson devient grand, il doit être libre de ses choix concernant son destin.

En effet, un référendum fut organisé le 16 mars 2014 sur la question du rattachement de la Crimée à la Russie. Le résultat en faveur de ce rattachement à la Russie était couru d’avance. L’enthousiasme de la population de la Crimée envers l’armée russe, le 28 février 2014, a été un indice de mesure amorçant les résultats du référendum. C’est dans la liesse générale (contrairement à ce que présentaient les médias occidentaux) que le gouvernement russe annonça l’intégration de la Crimée et la ville de Sébastopol dans la Fédération de Russie. Les médias occidentaux ont crié à la manipulation. Au vu du degré d’émotion imprégnant la population après ce vote, il est difficile de croire que ce référendum ait pu être truqué. En effet, l’émotion est assez spontanée, elle ne s’anticipe que très peu. C’est ainsi que la base navale russe fut sauvée de la goinfrerie de l’impérialisme étasunien.

C’est certainement le conflit gelé en Ukraine qui a été mal compris par les analystes. Le 11 mai 2014, L’Ours refuse de reconnaître un référendum séparatiste dans le Donbass. Les médias occidentaux ont menti pendant des mois, afin de désinformer les esprits. Ils n’ont jamais relevé l’importance de ce référendum puisqu’il aurait fallu revenir sur des mois de manipulation médiatique occidentale. Rappelons que dès le déclenchement du coup d’État euroMaidan, des mouvements prorusses se forment un peu partout et que ces mouvements sont réprimés dans le sang. Un exemple à Odessa où quarante prorusses, qui se sont réfugiés dans la maison des syndicats, seront brûlés vifs. Notre presse a-t-elle parlé de cet évènement ? Non…

Les mouvements prorusses prennent de l’ampleur dans le Donbass, comprenant les provinces de Donetsk et de Lougansk : l’Ours russe ne laissera pas tomber ses oursons. C’est alors que les milices deviennent des bataillons : les oursons grandissent. Ces bataillons provoquent donc un référendum le 11 mai 2014. Mais Vladimir Poutine ne reconnaîtra pas ces résultats. En effet, il ne veut pas annexer l’est de l’Ukraine ! Son objectif est d’empêcher l’avancée de l’OTAN et de créer dans la zone un conflit gelé pour empêcher l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. En effet, une règle de l’OTAN affirme qu’un pays subissant un conflit ouvert ou gelé ne peut pas intégrer l’OTAN.

Pour la Russie, il n’était donc pas question de rattacher le Donbass à la Russie. Ce qui est visé par la Russie, c’est l’autodétermination du peuple d’Ukraine. La Russie ne veut pas un nouveau vassal de Washington devant sa porte. En politique, la protection d’un autre peuple n’est pas égale à sa subordination. Moscou pouvait accorder à l’Ukraine des aides humanitaires, protection, soutiens diplomatiques, mais un vassal de Washington n’était pas acceptable. D’autant que ce gouvernement américano-compatible que Washington se préparait à installer en Ukraine ne correspondait pas à la volonté de la majorité du peuple ukrainien. Ce fut un véritable processus de déstabilisation de l’Ukraine par les forces impérialistes qui avait été organisé indépendamment de la volonté du peuple d’Ukraine.

Moscou va déployer des militaires le long de la ligne de front et il refusera le référendum du 11 mai 2014. Pendant ce temps, les bataillons néonazis comme Azov, Aidar, Tornado, bombardent des civils et massacrent des innocents uniquement pour provoquer Moscou. L’Ours pouvait-il observer ses oursons se faire tuer sans rien faire ? Après le coup d’État néonazi d’Euro-Maidan, les formations politiques néonazies s’installeront au gouvernement de l’Ukraine. Un tiers des postes ministériels, dont la police et l’armée, sont à eux. Washington était naturellement satisfait. Pendant ce temps, George Soros était estimé à Kiev. Soros conseillait beaucoup l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine, en plus du gouvernement ukrainien lui-même. Ce n’est pas étonnant, lorsqu’on sait que les Afro-Américains sont littéralement tués aux États-Unis par des groupes néonazis du type KKK. Il n’était donc pas gênant de travailler avec un gouvernement néonazi en Ukraine. Les reptiles savent se coordonner avec leurs congénères grouillant dans les marais.

L’objectif principal de George Soros était simple : détruire la Russie en collaboration avec les néonazis du gouvernement d’Ukraine. Les bataillons néonazis sillonnent alors les rues de Kiev. Ce fut ensuite la catastrophe économique après le Maïdan. Le PIB s’effondre, la dette explose : elle est passée de 40 % du PIB à 100 %. La monnaie ne valait plus rien et l’inflation atteignait 272 %. Le FMI continuait à verser de l’argent à l’Ukraine, permettant ainsi de subordonner toujours plus Kiev à Washington. Lors d’une froide nuit de mars, un peu après le coup néonazi de Maïdan, l’or de la banque centrale disparaît mystérieusement. Valeria Gontareva reconnaîtra ensuite que les coffres sont vides.

L’or d’Ukraine aurait été emporté en secret à bord d’un avion en direction la Réserve fédérale des EU. D’après la légende urbaine, ce n’est pas la première fois que les États-Unis auraient volé de l’or aux pays. Ils auraient volé l’or des différents pays européens après la Deuxième Guerre mondiale en refusant jusqu’à maintenant de le rendre. Mais le processus d’accumulation, de concentration du capital ne s’arrête pas pendant une guerre. Au contraire, il s’aggrave, puisque les multinationales concentrent aussi les processus de production d’armes. Il s’ensuit que la classe moyenne d’Ukraine disparaît et se prolétarise. Certains retraités se suicident, alors que le fils du futur président américain, Joe Biden, rejoint la principale compagnie gazière d’Ukraine pour y retrouver l’ancien président polonais Aleksander Kwasniewski.

Le contrôle total de l’Ukraine par les États-Unis s’accélère en 2014 avec l’intégration au gouvernement ukrainien de trois étrangers. L’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen devient alors conseiller spécial du président Porochenko. C’est clairement un gouvernement fantoche qui se met en place. Rasmussen est un proche de l’administration Bush. Il a poussé à l’extension de l’OTAN aux pays de l’Est. Il a la rhétorique « anti-russe » facile et il a permis aux « rebelles » de renverser Kadhafi pour plonger le pays dans le chaos. Rasmussen rejoint Goldman Sachs (banque d’affaires) à la fin de son mandat. Certains reptiles sont beaucoup plus gros que d’autres, ils s’épanouissent dans leurs marais boueux.

C’est Mikheil Saakachvili, un autre serviteur de l’impérialisme étasunien, qui sera nommé gouverneur d’Odessa. L’ancien président de la Géorgie, qui avait déclenché la guerre russo-géorgienne de 2008 avait quitté très rapidement son pays. En effet, la justice géorgienne le recherchait pour corruption aggravée, atteinte aux droits de l’Homme. Pourtant, il sera protégé par le capital financier international dominé par l’impérialisme étasunien.

En effet, il devient le gouverneur d’une province russophone d’Odessa ! Pas mal pour un homme recherché pour corruption aggravée ! Et la presse française de l’appeler Élliot Ness » ! Quelles que soient votre orientation idéologique, vos activités, il suffit d’être un opposant au Kremlin pour être un héros des médias occidentaux. Naturellement. Saakachvili va démissionner un peu plus tard, accusant Mr Porochenko de « soutenir des clans criminels et de piller les Ukrainiens ». C’est l’hôpital qui se fiche de la charité.

L’Ours continue de se défendre. Les contradictions lui permettaient de continuer à avancer ses pions. Paradoxalement, Saakachvili n’avait pas tort : l’Ukraine est un nid de corruption et les investissements du fils Biden et des autres étaient là pour le prouver naturellement. Petro Porochenko s’était enrichi, puisque sa fortune avait augmenté alors que l’Ukraine était en faillite. Certains médias sur place prendraient le risque d’informer l’opinion publique : « La banque d’investissement internationale du président a augmenté ses actifs de 84,8 % alors que le système bancaire du pays s’est effondré et que 60 établissements ont fermé ».

La répression, la propagande bat son plein en Ukraine. Les films de Gérard Depardieu ont été bannis, car ils ont été considérés comme « une menace à la sécurité nationale ». Il n’est pas le seul, puisque Steven Seagal et Mickey Rourke figuraient aussi sur la liste noire (ce dernier portait un tee-shirt à l’effigie de Vladimir Poutine). Le Rada valide des lois condamnant à 10 ans de prison les personnes utilisant le mot « Russie » dans les documents officiels, les médias et les publicités, tandis que les gouverneurs organisent des séances d’exorcisme contre « le démon Poutine » ! Kiev préférait acheter du gaz transitant par l’UE 20 % plus cher que de l’acheter directement en Russie. Le gaz passant par des pipelines européens est certainement plus sain ! Le peuple d’Ukraine, qui est blessé dans sa chair, dans son esprit, a certainement apprécié.

Le 11 juillet, à Moukatchevo, dans l’ouest de l’Ukraine, une fusillade éclate entre le groupe néonazi Pravy Sektor et les autorités locales : il y a plusieurs morts. Pravy Sektor est chez lui en Ukraine, il n’a pas l’habitude d’être poursuivi pour des crimes. Il est outré ! Il menace donc de lancer ses 19 bataillons néonazis sur Kiev en appelant toutes les armées à désobéir au gouvernement. La presse française reste silencieuse, comme d’habitude, devant ces évènements. On ne va pas salir les héros qui ont sauvé l’Euro-Maïdan bien sûr !

La question se pose d’une éventuelle prise du pouvoir par ces groupes néonazis en Ukraine. Mais la majorité du peuple d’Ukraine est issue de la classe ouvrière, des couches populaires. Elles ne se laissent pas entraîner dans ce piège comme l’ont montré les élections dans lesquelles Pravy sektor et Svoboda n’ont pas dépassé les 10 %. Elles ont été utilisées par les forces du capital d’Europe lors du Maïdan, mais c’est tout. Pire, notre « occident droit-de-l’hommiste » affirme sa véritable nature en refusant de voter un texte à l’ONU (en novembre 2015) condamnant la glorification du nazisme. Les États-Unis, le Canada et l’Ukraine naturellement se sont opposés à cette résolution, mais les pays de l’UE se sont abstenus : ils n’ont pas voté contre.

Pourquoi ? Parce que le parlement européen avait invité un de ses héros, Andriy Biletsky, le leader du bataillon Azov. Vous connaissez certainement ce bataillon, qui est célèbre pour son néonazisme décomplexé. Mais, après Moukatchevo, de nouvelles violences se sont déroulées à Kiev provoquant plusieurs morts et blessés. Cet affrontement du 17 novembre 2018 est très intéressant. En effet, ce jour-là, il y a eu des violences devant le siège du parquet général à l’initiative des groupes néonazis. Ils protestent contre l’expulsion vers la Russie de Timour Toumgoiev qui est membre du groupe terroriste État islamique.

Selon les manifestants, le djihadiste combattait les rebelles séparatistes du Dombass. Ce n’est pas étonnant, puisque depuis 2015, les bataillons radicaux intègrent dans leurs rangs des combattants de l’État islamique pour faire face aux pro-Russes ! Le New York Times l’affirmait lui-même. C’est ici la configuration de la nouvelle Ukraine que voulait l’UE vassal de l’impérialisme étasunien. Un pays où l’oligarchie s’enrichit toujours plus, pendant que le peuple ne mange pas, où les néonazis et les jihadistes combattent main dans la main face aux Russes : un nouveau petit monde qui est surveillé par Washington ! Après Pol Pot et ben Laden, ce n’est certainement pas un problème.

Porochenko a déclaré : « Poutine veut toute l’Europe. Nous combattons pour la démocratie, pour la liberté, pour la sécurité de tout le continent européen ». Il déclare ensuite à Londres : « La résistance de l’armée ukrainienne est la raison pour laquelle les chars russes n’ont pas envahi l’Europe ».

Nos journaux iront toujours dans le même sens. Pourtant, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, affirmait que l’Ukraine ne pourrait pas intégrer l’UE ou l’OTAN avant vingt ou vingt-cinq ans minimum. Ce fut pourtant l’objectif principal du coup d’État néonazi Euro-Maidan ayant entraîné la perte de la Crimée, des deux provinces Donetsk et lougansk, mais aussi la guerre civile, l’effondrement économique, l’hyperinflation, la dette et les milices néonazies. Quel gâchis !

4— Le rôle des médias

Noam Chomsky disait : « La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures ». Les médias d’occident s’affirment des organes d’agitation-propagande au service du capital. Ce qu’ils veulent, c’est travailler les esprits, travailler « l’opinion publique ». Nos médias sont en réalité des outils de désinformation utilisant d’une main de maître la stratégie du sophisme. De la mascarade du « génocide » au Kosovo, en passant par le contrôle mental des masses lors de la Covid-19, les djihadistes syriens qui sont présentés comme des « rebelles modérés » ou encore l’euroMaidan qui est présenté comme une « révolution démocratique » : les barrières commencent à tomber. Le 25 septembre 1880, déjà, le journaliste John Swinton affirmait lors d’un banquet, lorsqu’on proposa un toast à la liberté de la presse : « Il n’existe pas à ce jour de presse libre et indépendante. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion. Nous sommes des prostitués de l’intellect ».

Le général De Gaulle disait aussi : « La presse infâme et avachie, aux pieds et à la botte des Américains, des Israéliens et de tous les autres ».

Il subsiste des journalistes pratiquant correctement leur métier. Heureusement. Exemple avec ce reportage qui avait été diffusé, en janvier 2016, sur Canal + et réalisé par Paul Moreira concernant le rôle des mouvements néonazis dans le Maidan (« Ukraine, les masques de la révolution »). Malheureusement, ces voix sincères sont minoritaires dans ce torrent de boue que sont les mass médias. D’ailleurs, Washington l’a compris depuis très longtemps. En effet, en 1948, la CIA a créé le programme » Mockingbird ». Ce programme a été créé pour contrôler les médias occidentaux. Le contrôle des médias occidentaux par Washington devenait systématique, car il s’étendait à plus de 300 journaux : New York Times, Washington Post, Newsweek, Times Magazine… entre autres.

C’est plus de 400 journalistes qui travaillaient en collaboration avec la CIA dont les ressources financières sont illimitées. Malheureusement, le projet va s’étendre au cinéma, à la littérature, mais aussi à la presse d’Europe. En France, Léon Blum reçoit des fonds pour sauver Le Populaire, proche de la SFIO. Dans les années 1960, un livre choc est publié Gouvernement invisible. Il dénonçait les opérations organisées par Washington via la CIA, notamment les infiltrations des médias.

Une commission d’enquête du Sénat des EU affirmait en 1975 que la CIA dirigeait des réseaux de centaines d’individus à travers le monde avec pour principale mission d’influencer les médias. Cette logique fonctionne encore, mais avec des nouvelles plateformes du type Netflix permettant de préparer les esprits. La série « The Walking Dead » ne nous prépare-t-elle pas à un monde post-apocalyptique dans lequel le capitalisme se serait effondré, mais dans lequel l’Homme resterait uniquement égoïste ? C’est l’esprit du reptile qui s’étend à tous les secteurs de diffusion possible, faisant croire que l’Homme à l’état naturel (non soumis à la civilisation) ne peut pas être collectiviste. Ce qui est faux, puisque l’Homme à l’état naturel est d’abord collectiviste. L’Ours le sait, puisqu’il a hérité de principes universels issus de son expérience de construction du socialisme en URSS. Les reptiles ont toujours vécu dans leurs marais putrides dans lesquels les plus faibles périssent dans la boue du profit.

Fleurissaient alors une myriade d’organismes en Europe, notamment la French American Foundation. Elle est dirigée entre 1997 et 2001 par John Negroponte, un proche de l’administration Bush. Cette fondation était un pouvoir en France. Elle organisait des séminaires pour de jeunes dirigeants et elle ne cachait pas son influence : « Nous comptons de nombreux ministres du gouvernement actuel et des précédents, plusieurs hauts responsables de la presse écrite ou parlée, des présidents d’entreprises cotées au CAC 40 ou des secteurs de services et de haute technologie, mais aussi des artistes, écrivains, scientifiques ». Les reptiles pondent leurs œufs un peu partout.

Cette fondation a formé des plumes, des directeurs de rédaction ou PDG du Monde, du Nouvel Observateur, de Libération, de France Inter, d’Europe 1 et d’autres. Mr Udo Ulfkotte, un éditorialiste du Frankfurter Allgemeine Zeitung et ancien conseiller du gouvernement d’Helmut Kohl, a publié en 2014 une bombe. Dans Gekaufte Journalisten, il décrit son propre soudoiement par Washington, mais aussi la corruption de ses confrères allemands et européens.

Est-ce un hasard si les lois françaises ont légiféré concernant les « Fake News » ? C’est alors qu’une idée qui progresse devient inacceptable aux yeux de la propagande du capital organisée dans les mass medias occidentaux. Surtout lorsque ces idées progressistes organisent des masses comme les Gilets jaunes par exemple. Ce qui est faux devient vrai, alors que ce qui est vrai devient faux. C’est la même logique qui opère actuellement, puisque l’ours devient reptile, alors que les reptiles deviennent des ours sauveurs.

Le mouvement de dédollarisation avait commencé avec la création des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le monde unipolaire va se terminer pour laisser la place à un monde multipolaire. C’est une contradiction antagoniste et inconciliable nécessaire. Naturellement, l’impérialisme va se défendre en utilisant tous les moyens barbares. Il a essayé d’isoler l’Ours en essayant de le faire sanctionner par les autres éléments du Rimland par exemple.

D’ailleurs, Joe Biden l’avoua sans honte lors d’un discours à l’université Harvard : « L’Amérique a forcé la main des pays européens qui rechignaient à cette escalade suicidaire ». En effet, les sanctions russes engendrent des dégâts considérables en Europe. Washington le sait. C’est bizarre de constater qu’une vague spectaculaire de violence éclate toujours en Ukraine à chaque fois que se rapproche l’échéance des sanctions européennes en posant la question de leurs renouvellements.

Le schéma des reptiles étasuniens est sans cesse identique :

1— Les Européens se plaignent des sanctions qui coûtent cher aux pays d’Europe.

2— Les États-Unis activent leurs bras armés d’Ukraine pour torpiller les rapprochements entre l’Europe et la Russie. Kiev bombarde quelques cibles dans le Donetsk ou assassine des leaders séparatistes, par exemple, entraînant ainsi des réactions prorusses : le conflit continue sans cesse.

3— Les sanctions sont alors renouvelées par ce cercle vicieux et Washington sourit.

Un événement avait marqué l’évidence de cette réalité funeste affirmant la totale subordination de l’UE à Washington. En novembre 2018, trois navires ukrainiens dans le détroit de kertch mettent inévitablement en alerte la marine russe. Pourtant, les pays européens, d’ores et déjà très touchés par les sanctions, s’opposent à de nouvelles sanctions contre la Russie : ils préfèrent prolonger les sanctions déjà existantes.

Le journal Le Monde ne cache pas sa joie : « C’est la huitième reconduction d’affilée. Les 28 dirigeants de l’Union européenne ont décidé, jeudi 13 décembre, de prolonger de six mois les sanctions économiques imposées à la Russie depuis 2014. La décision de la reconduction des sanctions actuelles a été prise en quelques minutes seulement, du fait de la tension née de l’arraisonnement manu militari par la Russie, le 25 novembre, de trois navires ukrainiens en mer d’Azov ».

Les sanctions contre la Russie ne touchent quasiment pas les États-Unis contrairement à l’Europe. Elles sont devenues un amusement national pour les États-Unis. Le 30 juillet 2015, les États-Unis décidèrent de sanctionner 15 compagnies supplémentaires. L’ambassade des EU à Moscou affirma alors : « Les nouvelles sanctions ne sont pas une escalade, mais une mesure de routine ».

Parmi ces entreprises sanctionnées, il y avait plusieurs filiales de Rosneft et Gazprom. Cette dernière n’est que très peu touchée, car elle fournit l’Europe en gaz. L’impérialisme charge Rosneft via ses sources de financement, alors que Rosneft avait dévoilé un plan d’investissement de 500 milliards d’euros.

Ces vagues de nationalisation ne sont rien de plus que du vol. Admettons que la filiale de Total en Iran soit nationalisée ? On l’accepte ? Non, alors pourquoi le peuple russe devrait-il l’accepter ? Ce n’est certainement pas la meilleure des solutions pour amorcer un dialogue évidemment. La principale caractéristique de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, est son capital financier (fusion des capitaux bancaires et des capitaux industriels monopolisés) qui subordonne tout, jusqu’à l’État lui-même. C’est-à-dire que les multinationales font ce qu’elles veulent et les États-Unis en sont un exemple flagrant. Exxon Mobil avait signé un partenariat avec Rosneft dans les gisements de la mer de Kara. Les multinationales sont interdépendantes, mais aussi en concurrence. Il s’agissait de contrôler des ressources immenses en hydrocarbure mondial.

L’Ukraine est un terrain de jeu des États-Unis. En attendant, le gouvernement ukrainien a tenté de consoler le peuple en lui faisant fêter le jour de naissance de Stepan Bandera, un dignitaire de l’Allemagne nazi : c’est un jour férié. Ici aussi vous remarquerez le silence de la presse occidentale.

5 — Vers quoi se dirige-t-on ?

Trois éléments vont déterminer la suite des évènements. La nationalisation du géant Gazprom un peu partout en Europe n’arrangera certainement pas la situation mondiale. Berlin a annoncé, le lundi 14 novembre 2022, qu’elle avait décidé de nationaliser Gazprom Germania. Elle a invoqué cette fausse excuse de la « dégradation » financière de Gazprom. Pourtant, nous savons que Gazprom est un monopole capitaliste qui génère un taux de profit énorme. Gazprom Germania a été rebaptisé SEFE. Naturellement, Berlin n’a pas prévu d’indemnisation à la Russie qui est pourtant le propriétaire de Gazprom. Berlin a prévu d’injecter 225 millions d’euros dans le SEFE. Naturellement, c’est le peuple allemand qui va payer, puisque ce renforcement du capital passera par de l’argent public.

C’est la deuxième nationalisation en moins de deux semaines dans le secteur de l’énergie. Varsovie a décidé, elle aussi, de nationaliser Gazprom. La Gazoduc Yamal — Europe, un tronçon stratégique passant par la Pologne a cessé d’être Russe elle-aussi pour devenir « Europolgaz ». Un exemple de cette concurrence interimpérialiste dominant le monde. La maison de l’Ours a été attaquée par les reptiles, puisqu’une nationalisation sans indemnisation et sans contrôle ouvrier n’est rien de plus qu’un vol organisé. L’Ours est attaqué, mais il ne cédera pas, puisque les livraisons de gaz qui avaient cessé à travers le nord Stream 1 n’étaient pas de sa faute, mais la conséquence d’une politique destructrice qui avait commencé avec le coup d’État néonazi euro-Maidan.

Il est possible que les différents pays impérialistes d’Europe préparent un passage à l’utilisation du gaz GNL. Malheureusement, les infrastructures ne permettent pas aux pays d’Europe une utilisation rationnelle du GNL. Ces infrastructures seront financées par Washington, ce qui renforcera l’emprise des États-Unis sur l’Europe. Mais la dialectique matérialiste a enseigné qu’il existe toujours des éléments positifs dans les phénomènes sociaux.

Il est judicieux donc de constater que la nationalisation démocratique ou socialisation des moyens de production est une nécessité immédiate. La différence entre une collectivisation et une nationalisation réside dans le caractère de classe plus marqué en lien avec la nature de classe de l’État lorsqu’il s’agit de la collectivisation des moyens de production. Lorsqu’il s’agit de nationalisation sans indemnisation pour sauver les capitaux d’une fraction de la bourgeoisie monopoliste c’est possible, mais lorsqu’il s’agit de la nationalisation sans indemnisation avec contrôle ouvrier ce n’est plus possible ? Mais qui pourrait le croire ?

Il faudra aussi observer la position que prendront la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Iran et l’Inde. Dans sa déclaration lors du G20, Emmanuel Macron a tenu un véritable discours de mensonges. Une contradiction flagrante émanait de son discours reflétant ce tissu de mensonges.

Premier aspect de la contradiction : Il a appelé l’Iran « au respect de la stabilité dans la région ». Ce n’est pas terminé, puisqu’il dit que la Chine, l’Inde doivent être les médiateurs entre le bloc impérialiste d’occident et la guerre en Ukraine. La spécificité de ce premier aspect est le fait que ces pays sont un seul bloc : celui de l’OCS (Organisation de la coopération de Shanghai). Macron a essayé de les présenter comme des pays totalement divisés : c’est faux.

Le second aspect de la contradiction : il présente aussi (dans la même déclaration) ces pays du « club des émergents » comme des pays divisés, mais dans le même temps, il confirme que le bloc du Nouveau Monde à l’Est possède une longueur d’avance sur la marche du monde.

La Turquie est un membre de l’OTAN, mais elle n’est pas neutre à l’égard de ce qu’il se passe dans le bloc du Nouveau Monde à l’Est. D’ailleurs, cela se ressent très fortement dans le discours très violent du président Erdogan contre Emmanuel Macron. L’Arabie Saoudite, qui est le pays le plus riche du monde, voudrait adhérer à l’OCS. Le problème, c’est que ces accords d’exportation du pétrole avec le bloc impérialiste de l’Ouest ne peuvent pas être négligés. Dès que l’Arabie saoudite aura intégré l’OCS, la chute du monde occidental » va s’accélérer.

L’arbitre du ce conflit est sans conteste le continent d’Afrique. Les conditions d’existence matérielle des pays d’Afrique progressent à un rythme vertigineux. La conscience de classe progresse inévitablement. Les idées d’autodétermination prennent corps dans la masse des pays africains. Ce n’est pas anodin si l’opération Barkhane a été dégagée du Mali par la force des Maliens en colère déferlant dans les rues. Les Africains ont décidé de se libérer des griffes de l’impérialisme. Ils ont décidé de se libérer du venin des reptiles pour créer des alliances constructives avec l’Ours de l’Est.

Il y a quand même de l’espoir, car des oursons naissent dans ce Nouveau Monde. En effet, dans les Républiques populaires du Donetsk et de Lougansk a été tenu le premier congrès des « enfants pour la paix ». Nos petits oursons ne veulent plus subir les venins des reptiles. Ils veulent grandir dans la paix.

Ils ont déclaré : « Dans de tout ce qui précède, nous, les enfants participant au premier congrès des “Enfants pour la paix”, vous demandons de faire attention à nous et d’imaginer au moins pendant quelques minutes ce que nous sommes obligés de vivre chaque jour. S’il vous plaît, rendez-nous notre enfance, arrêtez la fourniture d’armes et d’équipements de grandes puissances à l’Ukraine, dont nous souffrons depuis tant d’années.

À bas l’impérialisme !

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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