Si l’hiver 2023, assez doux, a été passé sans encombre, le problème est loin d’être réglé. La menace est réelle pour l’hiver 2024 : ni le gaz liquéfié américain ni les productions complémentaires venues du Golfe ne sont en mesure de remplacer les quantités préalablement exportées par la Russie aujourd’hui indisponibles. Aucun régulateur n’assurant la liquidité au niveau européen, de nouveaux pics de prix et des tensions sur l’approvisionnement réapparaîtront vite avec la course au remplissage des réservoirs de gaz. Et nos entreprises ne peuvent pas parer seules à une pénurie physique exogène.
Mais il y a pire : sur le plan géopolitique, la guerre s’est traduite par un double basculement. D’une part, les États-Unis, quoique peu affectés puisque producteurs et exportateurs de gaz, ont lancé l’IRA (Inflation Reduction Act), vaste programme de subvention de leurs entreprises, qui nous pénalise. D’autre part, le rapport de force intra-européen a été modifié par ce conflit auquel, par naïveté, calcul ou mercantilisme, les grands pays fondateurs (Allemagne, France et Italie) ne voulaient pas croire, tandis que Scandinaves, Baltes et Polonais criaient casse-cou sous nos risées. Rien d’étonnant à ce que les seconds, atlantistes, économiquement plus liés aux Etats-Unis et généreux avec l’Ukraine, tiennent aujourd’hui le haut du pavé.
Si Les Échos, comme la plupart des titres dits économiques, montrent un gros penchant atlantiste, ils ont raison sur une chose, qui n’est pas exprimée aussi brutalement : l’éclatement de l’Union européenne.
Il n’y a plus d’Union, car dans les domaines économique et sécuritaire, les 27 n’ont pas les mêmes ambitions, les mêmes possibilités, les mêmes craintes.
La coupure entre Europe du sud et du nord est connue depuis longtemps : en haut, des pays néolibéraux, industrialisés et exportateurs ; au sud, des nations plus sociales en voie de désindustrialisation.
Il y a maintenant la coupure sécuritaire entre est et ouest : à l’ouest, on essaye de résister à la pression à la guerre de l’OTAN ; à l’est, on se met directement sous parapluie américain, augmentant en cela les tensions avec la Russie, tensions qui rejaillissent sur toute l’Europe.
C’est le cas de la Pologne, qui est devenue – comme par hasard ! – une dangereuse enclave américaine sur l’axe Paris-Berlin-Moscou. Même principe appliqué par les Américains sur les routes de la soie (voir la politique de la CIA en Asie mineure jusqu’au Xinjiang, et la pression mise par l’oncle Sam sur une Turquie qui ne veut pas entrer en guerre avec la Russie), histoire de couper les relations entre la Chine et l’UE.
La Pologne est en train de remplacer la Turquie dans le cœur de l’OTAN
Et on ne parle même pas des sabotages du gazoduc, véritable cordon ombilical entre l’abondante énergie russe et la gourmande industrie européenne.
L’UE est bien sous attaque, et attaque américaine, avec un démantèlement qui s’accélère.
Si l’Europe des 6 a bien fonctionné, c’est parce que le pouvoir supranational de Bruxelles (ou Berlin) n’avait pas encore affaibli les politiques nationales en matière économique et sécuritaire. Aujourd’hui, l’Amérique est prête à sacrifier l’Europe pour sa propre survie.
La présidente non élue de la Commission européenne, corrompue par l’industrie pharmaceutique américaine (71 milliards d’euros de commandes de faux vaccins) et visée par un scandale de corruption dans son propre pays lorsqu’elle était ministre de la Défense (sous Merkel), est en outre la marionnette de l’OTAN, qui cherche la guerre mondiale. Cette Leyen vient de déclarer, sans humour :
« La version sur l’implication des États-Unis dans le sabotage des gazoducs nous semble absurde. Au cours de toutes les années d’existence de l’Amérique, pas un seul fait de violation du droit international ou d’actions hors du cadre du droit international n’a été établi et confirmé. La réputation irréprochable de l’État américain nous permet de ne pas envisager cette version. »
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