Babylon, de l’usine à rêves au cauchemar hollywoodien

Babylon, de l’usine à rêves au cauchemar hollywoodien

Dans son dernier film, Babylon, le réalisateur Damien Chazelle présente une vision très différente de l’industrie cinématographique américaine que dans son film oscarisé de 2016, La La Land.

Ici, point d’hommage romantique et nostalgique à Hollywood : Babylon révèle les dessous cauchemardesques de l’usine à rêves des années 1920. En racontant l’histoire de l’ascension et de la chute (presque toujours inévitable) d’un groupe de célébrités du cinéma en quête de gloire sur fond de changements sociaux, culturels et technologiques dans l’Amérique moderne du XXe siècle, le film résonne avec notre époque.

Hollywood dans les années folles

Les années folles – une ère d’abondance et de consommation, d’effervescence culturelle et d’innovation – ont mis Hollywood en lumière. Le cinéma est devenu une puissance économique. Avec son centre financier à New York et son centre de production en Californie, l’industrie se consolide, passant d’une multitude de petites entreprises à huit grandes sociétés, telles que Warner Brothers, Paramount et 20th Century Fox. Les grands studios ont acquis un contrôle quasi monopolistique, de la production à la distribution en passant par l’exploitation, et ont produit des milliers de films pour un public toujours plus nombreux, partout dans le monde.

Chazelle a raison sur bien des points concernant l’histoire d’Hollywood au cours de cette décennie décisive. Le développement du star-system, qui produisait et vendait les films pour propulser des stars et créait des icônes dotées de millions de fans, est montré dès le début, avec une fête extravagante qui est à la fois somptueuse et scandaleuse. Lors de cette fête, nous rencontrons Nellie LaRoy (Margot Robbie), une jeune starlette sur le point de percer, et Jack Conrad (Brad Pitt), une star établie, deux personnages vaguement inspirés des vies tragiques de Clara Bow et John Gilbert.

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L’excès et la débauche d’Hollywood

La drogue, l’alcool et la débauche sexuelle sont à l’honneur lors de la fête et conduisent à la mort d’une jeune actrice, une tragédie qui rappelle le scandale de Roscoe « Fatty » Arbuckle en 1921. À l’époque star comique incroyablement populaire et grassement payée, Arbuckle a été accusé de viol et jugé pour homicide involontaire après la mort de Virginia Rappe. Bien qu’il ait finalement été disculpé, le scandale a mis fin à la carrière d’Arbuckle et a exposé la réalité sordide des coulisses de ce qu’on a appelé « Hollywood Babylone ».


Moralité et scandale à Hollywood

Le scandale Arbuckle et d’autres qui ont suivi ont suscité un tollé général et des appels politiques à une « refonte de la morale » à Hollywood. Les studios insèrent des « clauses morales » dans les contrats des employés, leur permettant de les licencier pour inconvenance sociale ou sexuelle ou pour avoir provoqué un scandale public.

Ils créent une association professionnelle, la Motion Picture Producers and Distributors of America, et engagent à sa tête Will Hays, l’ancien président du Comité national républicain. Promettant d’assainir le cinéma, Hays fait la promotion d’une liste de « Don’ts and Be Carefuls » puis du Production Code of 1930 (connu officieusement sous le nom de code Hays), afin d’empêcher la présence à l’écran de blasphèmes, de nudité, de sexe et de « satire du clergé ».

Cette répression du contenu des films s’inscrit dans le cadre d’une réaction conservatrice plus large, alors que les États-Unis entrent dans l’ère moderne. En 1920, la plupart des Américains vivent dans des villes. La culture populaire et la société de consommation sont en plein essor. Les femmes ont le droit de vote. L’immigration européenne et la migration afro-américaine ont rendu l’Amérique multiculturelle. De nombreux Américains craignaient ces changements et y résistaient, cherchant à rétablir une « homogénéité culturelle » notamment par le contrôle de l’industrie cinématographique.

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Hollywood Babylon, le livre

Hollywood, une histoire juive

Hollywood et les Juifs : moteur, ça tourne !

L’histoire de l’industrie cinématographique hollywoodienne est une histoire juive. Les fameux studios de cinéma MGM, Warner Bros ou Twentieth Century Fox ont été créés par des Juifs immigrés d’Europe de l’Est. Les frères Warner, Samuel Goldwyn, Louis B. Mayer ou encore Adolphe Zukor sont à l’origine des quatre plus grandes majors américaines.

Au début du 20e siècle, alors que l’industrie du cinéma est en pleine expansion, de jeunes Juifs immigrés ambitieux perçoivent vite les lacunes criantes du marché des loisirs et sont prêts à prendre des risques. Ils voient grand. Indépendamment, chacun devient propriétaire de studios de cinéma. Les nouveaux patrons juifs d’Hollywood deviennent si puissants qu’ils ont le pouvoir de faire ou défaire les carrières.

La Warner Brothers

La Warner Bros. Pictures Inc, fait partie des pionniers de l’industrie cinématographique. Elle est fondée en 1903 par quatre frères originaires de Pologne : Harold (l’aîné, 1881–1958), Jack (1892–1978), Albert (1883–1967) et Sam (1884–1927) Warner. L’entreprise prospère d’abord dans l’exploitation de salles de cinéma. En 1912, les frères décident de produire un film eux-mêmes. Sam devient le directeur technique du studio, Albert se charge de la distribution, Harry prend en main les finances et Jack la production.

Les studios sont créés en 1923. En 1925, la Warner Bros. Pictures Inc. est leader dans le business des films muets. La même année, elle rachète la Vitaphone Company détentrice de l’invention de la synchronisation son-image. En 1927, Warner est la première à se lancer dans la nouvelle aventure du parlant. Avec Le chanteur de jazz dont l’acteur principal Al Jolson est également juif, la Warner révolutionne l’industrie du cinéma. En rachetant en 1929 la société First National Pictures, la Warner contrôle 250 salles de cinéma qui garantissent la diffusion de ses films. Le studio se spécialise dans les films d’aventures comme Robin des Bois (1938) et les films policiers avec les vedettes de l’époque comme Humphrey Bogart (le Faucon maltais). Dans le même temps, Warner se diversifie, se lançant dans le dessin animé. Il accueille entre autre dans ses studios le génial Tex Avery et son univers de personnages délirants.

Les studios Warner continuent d’être parmi les leaders d’Hollywood jusque dans les années 1960.

Paramount

Né en Hongrie, Adolph Zukor (1873–1976) découvre le cinéma à 20 ans. Il commence par distribuer quelques films. Il s’aperçoit rapidement du manque de longs métrages de qualité. Il se tourne alors vers la production. Avec Daniel Frohman, ami juif producteur de spectacles, il ouvre un studio de production : Famous Players. Leur but est d’amener des acteurs de théâtre célèbres à se tourner vers le septième art balbutiant. Ils produisent des classiques comme Le Comte de Monte Christo.

En 1917, Zukor rassemble d’autres maisons de production naissantes et fonde Paramount Pictures. Ces studios inventent l’industrie cinématographique en assurant au sein d’une même compagnie la production, la réalisation et la distribution des films. Zukor qui brille dans tous ces domaines, assure lui-même la présidence de la société, une des plus grandes du monde. Mais Zukor n’oublie pas ce qu’il est : il s’investit dans la bienfaisance juive.

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À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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