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par Ali Norbert
Les autorités israéliennes autorisent l’exhumation de 17 corps pour des prélèvements d’ADN.
Depuis décembre 2016 et la déclassification de 200 000 documents, l’affaire des enfants yéménites disparus refait surface en Israël. Mardi, les tribunaux israéliens ont finalement accédé à la demande d’exhumation de 17 corps afin de réaliser des prélèvements d’ADN. Retour sur un secret d’État qui éclaire une dimension peu connue de la société israélienne : son extrême hiérarchisation interne basée sur une inégalité de traitement en fonction de la provenance et les origines des juifs eux-mêmes.
Les autorités israéliennes ont autorisé, mardi, l’exhumation de 17 corps, à la demande des familles, afin d’effectuer des tests ADN. C’est le dernier rebondissement de l’affaire dite des enfants yéménites disparus, l’un des plus vieux secrets de l’État israélien. Depuis les années 1950, plus de 1000 familles juives-yéménites faisant partie de ces familles amenées en Israël dans le cadre de « l’Opération tapis Magique » accusent l’État d’avoir enlevé leurs enfants internés dans des hôpitaux pour pratiquer des expériences médicales sur certains et pour en proposer d’autres à l’adoption à des familles juives venues d’Europe (ashkénazes). Une lutte qui dure depuis plus de 50 ans et qui met en lumière la façon dont la société israélienne a longtemps été (et continue à être) dominée par l’establishment ashkénaze qui a contribué à structurer une hiérarchisation interne très forte au sein-même de la communauté juive israélienne.
La construction de l’État d’Israël contre l’identité juive orientale
Si les premiers colons qui ont posé les bases de l’État israélien venaient essentiellement d’Europe de l’Est et de Russie, la nécessité de conserver une majorité juive pour contenir la population indigène arabe a rapidement conduit les autorités israéliennes à recourir à l’immigration, parfois forcée, des juifs mizrahim, c’est à dire des juifs originaires des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Citoyens de seconde zone dans l’État qui né en 1948, ils subissent des politiques discriminatoires, notamment en matière de logement et d’accès aux services. Bien que juifs, ils demeurent arabes au regard de l’establishment ashkénaze, partie intégrante de cette « Asie barbare » vouée, selon Théodor Herzl, à être dominée par l’occident civilisé. Ils seront donc marginalisés et discriminés au profit des juifs européens – citoyens-modèles du nouvel État – bien qu’utilisés pour remplacer la population autochtone palestinienne. Auparavant, l’establishment sioniste aura bien pris soin de purger tout ce qui dans le mouvement sioniste ashkénaze ou tout simplement dans les populations est-européennes pouvait avoir à voir, de près ou de loin, avec les traditions du mouvement ouvrier juif d’Europe centrale et orientale, à commencer par la langue, le yiddish. C’est bien par la réinvention-recréation de l’hébreu, et non par le yiddish, pourtant largement parlé en Palestine, dans les communautés juives, avant 1948, que se constituera le socle linguistique fondateur de l’État d’Israël.
Plusieurs mouvements de protestation contre les inégalités sociales et raciales entre juifs ashkénazes et juifs arabes ont existé, le plus connues étant les Israelis Black Panther, actif durant les années 1970. À l’époque, face à la première ministre Golda Meir pour qui ces juifs « devraient commencer par avoir des familles plus réduites », ces mouvements remettaient en question la légitimité d’un État aussi raciste et inégalitaire et tentaient de nouer des liens avec la lutte du peuple palestinien. Aujourd’hui, certaines militants anticolonialistes juifs arabes sont emprisonnés, à l’instar de Tali Fahima, incarcérée depuis 2004 pour des liens supposés avec des militants palestiniens. Dans la continuité d’Edward Saïd, la chercheuse Ella Shohat a contribué dans ses travaux à mettre en lumière cette autre frontière tracée par le sionisme, à l’intérieur du monde juif, entre juifs européens colons et juifs arabes arrivés en Israël après 1948 : « L’effacement de l’arabité des séphardim-mizrahim a été cruciale pour la perspective sioniste, étant donné que le caractère moyen-oriental des juifs sépharades interroge les définitions et les frontières mêmes du projet national euro-israélien ».
L’affaire des enfants yéménites
Mais le racisme anti-mizrahi de l’establishment ashkénaze ne se limite pas aux traitements discriminatoires et aux inégalités sociales. Depuis les années 1950, l’État israélien est accusé d’avoir enlevé entre 3500 et 5000 enfants de familles originaires principalement du Yémen, mais aussi d’autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Alors que ces enfants étaient internés dans des hôpitaux, les autorités israéliennes les auraient enlevés pour procéder à des expériences médicales et donner certains de ces enfants à l’adoption pour des familles ashkénazes. Des pratiques qui rappellent également le scandale de la stérilisation forcée des femmes juives éthiopiennes.
Alors que les autorités israéliennes ont toujours affirmé que ces enfants étaient morts, les familles des victimes ne se sont jamais vues restitués les corps, enterrés dans des lieux inconnus. En plus des certificats de décès truffés de fautes, certaines familles ont reçu plusieurs années plus tard des convocations pour le service militaire obligatoire adressées à leurs enfants supposés morts. L’affaire des enfants disparus a pris un tour nouveau lorsque certains enfants adoptés ont, après des tests ADN, découvert qu’ils venaient de famille à qui on avait dit que leur enfant était mort.
En décembre 2016, après des décennies de mobilisation des familles de victime – durant lesquelles un rabbin yéménite a été incarcéré 8 ans et un de ses étudiant assassiné par la police – l’affaire refait surface quand le gouvernement procède la déclassification de plus de 200 000 documents contenant des informations sur cette période. Si les différentes commissions d’enquête ont toujours rejeté la responsabilité de l’État et la reconnaissance du crime, de nombreux témoignages de médecins de l’époque attestent ces pratiques. Les familles ont donc continué à demander des investigations plus poussées afin d’obtenir justice et vérité. Suite au vote récent d’un projet de loi le permettant, plusieurs familles ont déposé une demande d’exhumation pour 17 corps, afin d’y pratiquer des prélèvements d’ADN.
Fragilisé, Netanyahou fait une concession à son extrême droite
Si la mobilisation des familles parvient aujourd’hui à obtenir des avancées, cela montre une certaine fragilité dans le gouvernement de Netanyahou, dont plusieurs membres, y compris le premier ministre lui-même, sont au cœur de scandales de corruptions. Les politiques d’austérité budgétaire ont considérablement affaibli sa base sociale, qu’il essaye de regagner en s’appuyant sur le secteur le plus à droite de la société israélienne (les colons) et en misant sur les cartes identitaires, sécuritaires et anti-migrants. Ainsi, il souhaite solidifier la coalition gouvernementale, rassemblant des partis de droite et d’extrême droite, dont son pouvoir dépend.
Le recul partiel du gouvernement face aux familles est donc également un geste envers l’un des principaux alliés de Netanyahou, le parti Shass et son importante implantation chez les juifs orientaux. Ce parti politique et religieux, positionné à l’extrême droite, est parvenu à prendre le relais de la contestation des classes populaires juives arabes après le déclin des mouvements contestataires de gauche des années 1970 – 1980. En permettant l’exhumation des corps, Netanyahou permet au Shass de gagner en reconnaissance auprès des juifs orientaux, particulièrement touchés par les difficultés économiques.
source : Révolution Permanente
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