Le marchand d’armes belge veut voir ses chars en Ukraine

Le marchand d’armes belge veut voir ses chars en Ukraine

En Belgique, de vieux blindés allemands, autrichiens, italiens attendent de rejoindre le conflit en Ukraine. La société belge OIP a constitué un énorme arsenal privé, misant sur la demande d’armes. Le conflit en Ukraine tombe à pic pour l’entreprise située en Belgique.

Avec la décision de l’Allemagne de donner son accord pour la livraison des chars Leopard2 et Leopard1, et le soutien de l’UE et de l’Otan pour armer l’Ukraine, l’OIP devrait pouvoir livrer ses stocks de chars rapidement. Cela vaut son pesant d’or. Mais, cela démontre surtout la faiblesse extrême des armées européennes qui sont obligés de racheter de vieux chars qui dorment depuis des années dans des hangars.

Des rangées d’armes demandées par l’Ukraine dans une des plus grandes réserves d’armes privées d’Europe. The Guardian, qui a rencontré l’entrepreneur, Freddy Versluys, décrit «un hangar gris sans prétention» à la périphérie de Tournai en Belgique. Dedans, il y a, selon les journalistes britanniques «des rangées et des rangées de chars Leopard1 de fabrication allemande et d’autres véhicules de combat lourds dont les armes qui sont réclamés par l’armée ukrainienne. «Ici, nous avons les 50 Leopard1» et «nous avons également 38 chars allemands Gepard, 112 chars légers autrichiens SK-105 et 100 véhicules blindés italiens VCC2 et 70 M113», affirme Freddy Versluys, précisant qu’ «au total, sa firme dispose d’environ 500 véhicules blindés en stock, probablement le plus grand arsenal privé de chars d’Europe». Le hangar appartient à la société de défense belge OIP et contient l’une des plus grandes réserves d’armes privées d’Europe. «Beaucoup de ces chars sont restés ici pendant des années. J’espère que c’est maintenant qu’ils vont enfin voir de l’action en Ukraine», a déclaré Freddy Versluys, le chef de l’OIP, alors qu’il visitait le hangar, rapporte The Guardian.

Le média britannique informe qu’ «après avoir terminé son service militaire, Freddy Versluys a passé neuf ans au service de l’armée belge dans une division responsable du contrôle de la qualité des chars et des munitions. En 1989, il rejoint l’OIP, une société spécialisée dans les équipements optiques, où il fonde finalement l’OIP Land Systems, une filiale qui rachète de vieux équipements militaires, pensant qu’un jour il y aurait de nouveau une demande». Freddy Versluys tient à faire savoir que «tout ce que nous faisons est légal ici, nous suivons les livres [de comptabilité] et avons toutes les licences nécessaires», répondant à l’étiquette «marchand d’armes». Il a acheté la majeure partie de son stock actuel au cours des deux dernières décennies, acquérant les chars directement auprès des gouvernements européens qui réduisaient leurs dépenses de défense.

Les Etats visaient des réductions de dépenses. Les coupes dans la défense ont été accélérées par la crise économique de 2008. Depuis la chute de l’Union soviétique, les nations européennes ont cherché à remplacer certains des chars lourds et coûteux de l’époque de la guerre froide par des véhicules plus légers nécessaires pour des missions de maintien de la paix plus courtes dans le monde. Freddy Versluys a acheté 50 chars Leopard1 que le gouvernement belge a mis hors service en 2014 pour 37.000 € chacun (environ 29.600 £). «C’était le prix du marché en raison de la situation géopolitique de l’époque», a-t-il déclaré. «Mais acheter ces chars déclassés était un énorme pari pour nous. Un gros, gros risque». Le Leopard1, qui date des années 1960, est plus léger et moins puissant que les nouveaux chars Leopard2, dont 14 que l’Allemagne a accepté la semaine dernière d’envoyer en Ukraine, mais les responsables allemands ont déclaré qu’ils seraient toujours en mesure de rivaliser une bataille de chars avec la Russie. Pendant des années, Freddy Versluys n’a pas été en mesure de vendre les Leopard1 et les Gepard car la loi allemande exige l’approbation de Berlin pour la réexportation de son équipement militaire. Mais, la décision du chancelier Olaf Scholz, sur les Leopard2 et sur les Leopard1 a ouvert les vannes sur de nouvelles possibilités.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie et le soutien militaire occidental sans précédent à Kiev avaient déjà conduit Freddy Versluys à vendre 46 véhicules blindés légers M113 au Royaume-Uni qui les a ensuite transférés à l’Urkaine. La Belgique, qui n’a plus de chars dans son stock de défense, a exploré la possibilité de racheter les Leopard1 qu’elle a vendus à Freddy Versluys .

Ludivine Dedonder, ministre belge de la Défense, a déclaré qu’elle avait ouvert des pourparlers avec l’OIP, mais a accusé l’entreprise d’essayer de tirer un «énorme profit» de la vente. «Les pourparlers sont toujours en cours, mais je ne vais pas payer un demi-million pour un char qui est loin d’être prêt au combat», a-t-elle déclaré aux médias belges.

Les vieux chars ont besoin d’un nouveau moteur, d’amortisseurs, de la dernière technologie radar. Selon The Guardian, Freddy Versluys a nié que le gouvernement belge l’ait approché et a déclaré qu’il était difficile d’estimer le prix auquel il vendrait les chars, car: «Cela ne sert à rien de parler de prix en ce moment car nous devons vérifier l’état de chaque char et ce qui doit être mis à jour». Tandis que l’Allemagne a levé son interdiction d’exporter des Léopard, d’autres obstacles subsistent. L’OIP n’est toujours pas en mesure de vendre son important stock de chars légers SK-105 de fabrication autrichienne, Vienne n’approuvant pas les exportations. «C’est vraiment dommage car ils sont en bon état et peuvent être préparés facilement», a déclaré Freddy Versluys. Il a souligné que cela pourrait prendre des mois et jusqu’à 1 million d’euros de coûts en rénovation pour chaque char pour les rendre prêts à être utilisés en Ukraine. «Ces gars-là ont besoin d’un nouveau moteur, d’amortisseurs, de la dernière technologie radar – la liste est longue», fait-il remarquer. Au hangar, l’entrepreneur belge a, d’après le média anglophone, rejeté les accusations portées par certains en Belgique selon lesquelles il tentait de tirer profit de la guerre. «Tout le monde pense que nous gagnons beaucoup d’argent, mais regardez autour de vous, jusqu’à présent, le hangar est plein», a-t-il déclaré. «Nous avons accueilli ces chars alors que personne n’en voulait. Maintenant, j’aimerais beaucoup les voir en Ukraine», a-t-il lancé.

Ainsi, l’Otan, en vérité, ne semble pas être disposée à pouvoir ou même vouloir livrer des chars mêmes d’occasion à l’Ukraine rapidement. La différence entre les déclarations politiques de l’Otan, de la France et d’autres pays européens, de Bruxelles ou de la Commission européenne devant les caméras des médias et sur le Net et sur la faisabilité de donner des stocks de chars de l’Alliance Atlantique nord pour l’Ukraine se montre à l’aune du stock du marchand d’armes belge qui reste, selon les dernières informations disponibles, dans le hangar. L’Otan a, normalement, de l’argent. Alors, des questions politiques semblent freiner la mise en application des déclarations des défenseurs de l’Ukraine qui , donc, se heurtent à la réalité géopolitique et militaire de la Russie.

Observateur Continental a contacté Freddy Versluys en lui demandant s’il était d’accord avec les affirmations et informations du The Guardian. «En général, l’article du The Guardian est un article objectif raisonnable.Actuellement tout ce qui devait être dit a été dit, tout ce qui devait être montré a été montré». Observateur Continental a souhaité réaliser un entretien avec Freddy Versluys afin de préciser certains points. «Je ne fais plus d’interviews. Désolé», a répondu l’entrepreneur belge. 

Olivier Renault
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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