Mémoire de l’Holocauste
Par Norman Finkelstein, le 21 janvier 2023
Source : normanfinkelstein.com
Traduction : lecridespeuples.fr
Imaginez les cris d’indignation hystériques si, au cours de l’une des innombrables guerres d’agression d’Israël —faussement appelées guerres de « légitime défense » ou twde « nécessité », quand l’historien israélien Zeev Maoz les qualifie toutes de « guerres de choix ou de folie »— l’Allemagne avait fourni des chars à l’ennemi d’Israël. Le New York Times rapporte que le chancelier allemand Olaf Scholz a subi des pressions pour fournir des chars à l’Ukraine. Jusqu’à présent, Scholz a hésité car il ne pense pas que le monde soit prêt à voir des chars allemands près des frontières de la Russie, rappelant ainsi l’invasion nazie de la Seconde Guerre mondiale. Un haut fonctionnaire américain a déclaré cette semaine que si M. Scholz et le public allemand sont inquiets à ce sujet, dans ces circonstances, « ils sont bien les seuls à l’être. » (20 janvier)
En d’autres termes, l’inquiétude allemande concernant la mauvaise image est absurde. Mes parents ont traversé l’holocauste nazi. Le souvenir le plus marquant de mon enfance est celui d’une maison imprégnée de ce qui les a frappés : des photos des membres décédés de la famille de ma mère accrochées au mur du salon ; ma mère lisant sur le ghetto de Varsovie (mes deux parents y ont été enfermés) dans The Wall de John Hershey et Mila-18 de Leon Uris ; ma mère rivée à l’écran de télévision pendant le procès Eichmann. J’ai 69 ans. Vladimir Poutine en a 70. Les nazis ont exterminé quelque vingt-sept millions de Russes.
La rubrique « Naissance et jeunesse » de la page Wikipedia de Vladimir Poutine se lit ainsi :
Poutine est né le 7 octobre 1952 à Leningrad, en Union soviétique (aujourd’hui Saint-Pétersbourg, Russie). Il est le plus jeune des trois enfants de Vladimir Spiridonovich Poutine (1911-1999) et de Maria Ivanovna Poutina (née Shelomova ; 1911-1998). Son grand-père, Spiridon Poutine (1879-1965), était le cuisinier personnel de Vladimir Lénine et de Joseph Staline. La naissance de Poutine a été précédée par le décès de deux frères : Albert, né dans les années 1930, est mort en bas âge, et Viktor, né en 1940, est mort de diphtérie et de faim en 1942 pendant le siège de Leningrad par les forces de l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
La mère de Poutine était ouvrière et son père était un conscrit dans la marine soviétique, servant dans la flotte sous-marine au début des années 1930. Au début de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie, son père a servi dans le bataillon de destruction du NKVD. Plus tard, il a été transféré dans l’armée régulière et a été gravement blessé en 1942. La grand-mère maternelle de Poutine a été tuée par les occupants allemands de la région de Tver en 1941, et ses oncles maternels ont disparu sur le front oriental pendant la Seconde Guerre mondiale.
On pourrait supposer que l’enfance de Poutine n’était pas différente de la mienne, imprégnée de sombres souvenirs de l’invasion meurtrière des nazis. Mais l’idée que, si l’Allemagne envoie des chars d’assaut à la frontière russe, cela pourrait être inconvenant, est bien sûr trop stupide pour être exprimée. On espère et on prie pour que, si l’Allemagne décide de fournir des chars, elle obtienne —une fois de plus— son juste châtiment.
Voir également : Norman Finkelstein : la Russie a le droit historique d’intervenir en Ukraine
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