L’escalade par escalator

L’escalade par escalator

L’escalade par escalator

27 janvier 2023 (18H10) – Ainsi, les deux dernières semaines ont été animées par la débat sur les chars à livrer aux Ukrainiens, comme s’il s’agissait de quelque(s) mystérieuse(s) arme(s) absolue(s) venue(s) de la volonté des dieux – puisque les dieux sont du côté de Zelenski-Saint. Ne comptez pas sur moi pour y prendre part et vous dire mes positions de non-spécialistes des chars. Ce que j’ai remarqué, c’est la même réaction chez tous les gens que j’estime être du même côté que celui où je suis, qui est de dire que ces chars ne sont pas d’une catégorie divine au-dessus du lot, qu’un char démocratique occidental brûle aussi bien qu’un char autocratique poutinien, qu’il faut du temps pour savoir s’en servir, qu’en donner comme çà quelques pincées de-ci de-là c’est se ficher du monde, prendre une pellicule hollywoodienne pour une leçon de l’“art opératoire” dans la guerre.

Bref, on laisse le concours des chars de côté en n’attendant rien de son résultat, pas plus qu’il n’y en eut des livraisons de machines présentées avec emphase et lyrisme, pour chacune d’elle, comme le nouveau ‘game-changer’ du conflit, évidemment destiné à pulvériser les Russes, – les ‘Leopard’-‘Challenger’-‘Abrams’ après l’antichar ‘Javelin’, le HIMARS, etc. Éventuellement on s’intéresse, – mais juste en passant, – à la question de savoir pourquoi livrer ces chars dont on sait qu’ils n’auront aucun effet décisif, et surtout qu’ils ne seront vraiment opérationnels d’une façon organisée et efficaces, si les Russes ne les détruisent pas avant, que dans neuf mois, un an, et même plus sans doute et même certainement. Ici, et pour illustration, une hypothèse de mon duo préféré Christoforou-Mercouris, sur lequel je reviendrai :

« Alors, on en revient à la question initiale : pourquoi livrer ces chars à l’Ukraine ? Alex Christoforou et moi-même avons eu une longue discussion dans une de nos précédentes vidéos, au cours de laquelle nous avons évoqué la possibilité que tous ces chars soient regroupés en Pologne et, lorsque l’armée ukrainienne se serait effondrée, ils seraient intégrés dans la force expéditionnaire polonaise qui est en train de se former pour occuper l’Ukraine occidentale et je dois dire que cela m paraît être de plus en plus une possibilité crédible… »

Vous voyez, on est déjà dans le folklore des épisodes inédits. On est même dans l’avenir, dans le post-‘Ukrisis’, lorsque Mercouris mentionne la suggestion de John Helmer (venue de sources US et à laquelle lui-même, Helmer, ne croit guère) que la livraison de chars ‘Abrams’ serait essentiellement l’amorce d’une future armée ukrainienne de temps de paix, mais suffisamment forte face à la Russie, et surtout superbement dotée de machines dont la vertus se mesure en dollars :

« Certains responsables américains sont de plus en plus convaincus que la solution consiste à donner à l'Ukraine, après la guerre, les outils dont elle a besoin pour se défendre. La sécurité sera assurée par des systèmes d'armes puissants, – en particulier les blindés et la défense aérienne [d’origine US] – ainsi que par une économie forte et non corrompue et l'adhésion à l'Union européenne.

» L'accent mis actuellement par le Pentagone sur la fourniture à Kiev d'armes et d'une formation à la guerre de manœuvre reflète cet objectif à long terme de dissuasion. “L'importance des armes de manœuvre n'est pas seulement de donner à l'Ukraine la force maintenant de reconquérir le territoire, mais aussi de dissuader les futures attaques russes”, explique un fonctionnaire du département d'État familier de la réflexion de Blinken. “La manœuvre est l'avenir”. »

Tout cela implique beaucoup de bla-bla-bla, d’étonnantes rêveries sur un avenir chantant et encore plus de nombreuses questions aujourd’hui absolument insolubles qui auraient été complètement résolues. Mais cette sorte de conceptualisation d’un futur idéalisé en dollars, c’est la pensée archétypique des stratèges des salons washingtoniens et des lobbyistes de l’industrie d’armement, également des salons washingtoniens.

Alors, je m’intéresse plutôt à une expression créée me semblait-il par le même excellent Alexander Mercouris, déjà cité (mais on verra que lui-même en veut bien partager la paternité avec un autre expert-ami) : “L’escalade par escalator” (escalator étant employé en francisé pour la beauté de la formule, plutôt qu’“escalade sur escaler mécanique”). Mercouris veut dire par là que l’affaire du char a montré qu’il existait désormais une “mécanique d’escalade” qui rendait inarrêtable l’escalade de l’engagement de l’“Ouest collectif” dans le conflit ukrainien ; par conséquent, qui rendait inarrêtable la montée escaladeuse vers l’abysse catastrophe, – monter plus vite et plus haut mieux tomber instantanément dans le patatras du néant, c’est séduisant.

Cette escalade-escalator, c’est un mélange de coordination et de concurrence entre les différents acteurs qui se disent “alliés” (le bloc-BAO), où chacun ne veut sembler le céder à l’autre en fait de zèle de soutien guerrier à l’Ukraine, où tous concourent à créer et à alimenter une dynamique du “toujours plus”, “toujours plus gros”, “Toujours plus sophistiqué”, “toujours plus explosif”, etc., à livrer immédiatement à Saint-Zelenski.

Mercouris s’explique, en poursuivant la question posée plus haut :

« Alors, on en revient à la question initiale : pourquoi livrer ces chars à l’Ukraine ? […]

» Mais j’en viens à me dire qu’au-delà de cette possibilité [des chars rassemblés pour les Polonais] et d’autres qui se trouveraient dans certains inconscients, je doute que ce soit véritablement “le plan” ; parce qu’en fait je pense… Je pense qu’il n’y a pas de plan ! Pour dire la chose d’une façon claire et sans barguigner, je pense que les dirigeants politiques [du bloc-BAO] ont devant eux d’immenses problèmes… Et ce qui il est en train d’advenir c’est que des politiciens comme Scholz, Biden, Macron veulent à tout prix protéger leurs arrières et faire en sorte qu’on ne puisse pas les blâmer pour la débâcle (en Ukraine) parce qu’ils n’ont pas envoyé leurs chars, – alors chacun s’y met… Ce que je voudrais dire finalement, c’est que ce déploiement de chars dans la bataille, sans préparation, sans plan d’intégration, sans véritable entraînement opérationnel, je le dirais droitement, je pense que c’est criminel… Je pense que c’est le pire décision que j’ai jamais vue, une décision basée sur la couardise politique …et dans une atmosphère d’hystérie et d’aveuglement furieux, et en plus cela ne marchera pas… D’ores et déjà, nous pouvons voir que les durs, les faucons sont en train de manœuvrer pour faire introduire des matériels de plus en plus puissants… »

C’est l’escalade-escalator à plein régime. Mercouris note qu’à Ramstein (réunion des ministres de la défense de l’OTAN), on a inscrit la proposition de livrer des avions de combat type-ceci/cela (F-16, bien sûr) à l’Ukraine. La proposition a été refusée, dit Mercouris, mais finalement elle sera adoptée, on peut en être sûr, avec la proposition d’établit une ‘no-fly zone’ comme le réclamera l’escalade-escalator. Qui aurait le mauvais esprit de refuser ? Ainsi sera créé un espace complet d’interdiction pour permettre des combats inédits et catastrophiques. Les affrontements ne manqueront pas d’éclater, avec des pertes qui appelleront de nouveaux renforcements et ainsi de suite, – “escalade-escalator à plein régime” :

« Comme je l’ai déjà dit et comme Jeff Roberts l’a lui-même dit, nous sommes maintenant dans une escalade-escalator et les dirigeants occidentaux ne savent ni ne peuvent se sortir, avec cette folle décision d’envoyer des chars, d’un mouvement qui accélère encore l’escalade-escalator, créant ainsi encore plus de problèmes pour l’avenir… Des décisions de couards mènent à des situations catastrophiques et c’est l’une des pires décisions de couards qu’un gouvernement ait jamais prise, selon mon expérience… »

Inutile de préciser où tout cela nous-même, sinon au pire du pire, – on connaît l’effrayant fracas des menaces et des tenaces de la Fin-des-Temps. Il n’existe, du côté occidental, du côté du soi-disant “Ouest-Collectif”, aucune personnalité en capacité, aucun courant de pensée, aucun caractère trempé capable de bloquer l’escalator. Nous avons affaire à une élite de zombies absolument terrorisée par le moindre manquement au devoir de bellicisme absolue et de soumission à une sorte d’icône monstrueuse, baptisée Saint-Zelenski par les malandrins qui insultent la croyance conforme. Cela mesure la possibilité de possibilités de freinage : la religion-culte n’a pas de limites et rien ne peut s’opposer à ses anathèmes et à son simulacre de colère divine.

Le fait est, remarquions-nous un de ces jours derniers, un ami et moi, que l’on ne peut plus guère discuter de ceci ou de cela, de tel et tel aspects d’‘Ukrisis’, – je veux dire la crise du monde et la crise de la fin de la civilisation-modernité, – tant les horizons nous paraissent bouchés et verrouillés comme à jamais par les plus terribles échéances. Alors, sur le fond des choses, nous nous taisons. Nous nous disons qu’il faut qu’il se produise quelque chose d’absolument imprévisible, hors de notre vision et de notre destin, qui, éclatant soudain « comme mille soleils », mais avec le sens de l’image inversé,  bouleverse notre destin commun.

Il ne nous restera plus alors qu’à ramasser ces  zombies qui nous servirent de guides et de tristes-couards pour nos conduire vers leurs sornettes de simulacres et, doucement, gentiment et sans les brusquer, nous les conduirons à l’Hospice des Âmes-Perdues, là où l’on soigne les pauvres êtres qui ont trahi leur foi et leur serment. Alors retentiront les trompettes du Jugement Dernier (avec remise de peine).

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

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« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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