Jeudi 19 janvier, à l’appel de l’intersyndicale, la France a connu sa première journée de manifestations contre la réforme des retraites pour dénoncer le report de l’âge légal de départ à 64 ans. Cela se passe dans le contexte de la grave crise économique actuelle traversée par le pays, de l’inflation, du conflit en Ukraine, des conséquences de la gestion de la pandémie de la Covid-19. Les manifestations de masse annoncées sur le sujet des retraites sont un point de bascule pour le gouvernement et Emmanuel Macron.
«Plus de deux millions» de Français à manifester. 1,12 million de Français ont manifesté pour protester contre le projet de loi, dont 80.000 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. Pour la CGT, ils étaient «plus de deux millions» en France, dont 400.000 manifestants à Paris. Plus de 200 manifestations ont été listées dans l’ensemble du pays. Pour la CFDT de Laurent Berger «1,7 à 1,8 million» de Français étaient dehors à manifester.
A titre de comparaison, TF1 signale que ces chiffres restent plus importants que ceux du 5 décembre 2019 contre le précédent projet de réforme des retraites: «La police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million». «La mobilisation est importante, c’est indéniable», a avoué le ministre du Travail, Olivier Dussopt sur BFMTV.
«Une réforme inacceptable» alors qu’ «il n’y a pas de nécessité économique à réformer». Le report de l’âge légal est jugé inacceptable par l’ensemble des représentants des salariés. Les mois de discussion avec le gouvernement n’y ont rien changé, rappelle Les Echos.
Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, a twetté: «Le président du COR l’a redit aujourd’hui devant la commission des finances: il n’y a pas de nécessité économique à réformer le système des retraites en France. Nous avons montré notre détermination: ce n’est que le début de la lutte pour nos retraites». Pour ce dernier, «les retraites sont des conquis sociaux, pas des acquis» car «ils ne nous ont jamais rien donné: la retraite, on s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder!».
Le député de LFI, Bastien Lachaud a constaté «une foule immense à Paris pour dire non à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron», rajoutant: «Il voulait un bras de fer avec le peuple, il l’a, et il va le perdre. Retrait de cette réforme inutile et injuste!». Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, a lancé devant les micros des médias: «Personne ne croit à la valeur des arguments présentés par le gouvernement, dans le passé il y avait toujours un doute […] Les gens savent qu’on leur ment, on est en train de leur prendre un petit bout de vie. Le gouvernement a perdu sa 1ère bataille».
En effet, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Pierre-Louis Bras, a affirmé que «les dépenses des retraites ne dérapent pas» car «elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme».
«Une réforme juste»,«une véritable escroquerie». Pour, le président des Républicains, Eric Ciotti, «la réforme des retraites est plus brutale car trop de temps a été perdu» lors les deux derniers quinquennats. «La situation budgétaire, démographique et économique impose cette réforme» et «je souhaite donc pouvoir voter une réforme juste qui sauve notre système de retraite par répartition», avait-il déclaré dans un entretien du JDD.
Marine Le Pen a martelé: «C’est une véritable escroquerie, une injustice». Et, elle entend peser de tout son poids pour faire reculer la Première ministre Elisabeth Borne.
Depuis l’Espagne, Emmanuel Macron a estimé «qu’il est bon et légitime que toutes les opinions puissent s’exprimer», tout en défendant une réforme «juste et responsable». De son côté, la Première ministre, Elisabeth Borne, a défendu un projet «porteur de progrès social pour le pays». Le texte, qui sera présenté en Conseil des ministres lundi 23 janvier, prévoit le recul de l’âge légal à 64 ans, l’allongement accéléré de la durée de cotisation, ainsi que la suppression des régimes spéciaux.
«Tous à l’Elysée!». La prochaine journée de mobilisation est prévue le mardi 31 janvier. Cette date a été confirmée par les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU). Le reporter de France Info, Raphaël Godet a rapporté qu’au moment de prendre une photo du cortège parisien, un manifestant situé au premier rang a crié: «Les gars, tous à l’Elysée!». «Ce qui a déclenché un rire général», note le média français.
D’ores et déjà, le 21 janvier, des organisations de jeunesse contre la réforme des retraites appellent à venir battre le pavé à Paris.
Phlippe Rosenthal
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca