LE BLOC QUÉBÉCOIS DOIT DISPARAÎTRE POUR FAVORISER L’ÉLECTION DU PQ ET LA SOUVERAINETÉ DU QUÉBEC.

LE BLOC QUÉBÉCOIS DOIT DISPARAÎTRE POUR FAVORISER L’ÉLECTION DU PQ ET LA SOUVERAINETÉ DU QUÉBEC.

L’indépendance du Québec ne peut être réalisée que par le gouvernement du Québec. Or les deux partis souverainistes au Québec, le Parti québécois et Québec solidaire, comptent actuellement trois députés péquistes et onze députés solidaires pour un total de 14 députés souverainistes à Québec pendant que le Bloc Québécois à lui seul compte 32 députés prétendument souverainistes au parlement fédéral canadien à Ottawa. Autrement dit, la présence de députés se disant souverainistes québécois au parlement fédéral depuis 1990 a mené le mouvement souverainiste québécois dans la situation absurde où ses représentants élus se retrouvent en plus grand nombre au parlement de la capitale du pays que l’on veut quitter qu’au parlement de la capitale du pays que l’on veut faire !

Au fil des années, la présence de députés souverainistes québécois au niveau fédéral s’est incrustée dans les moeurs politiques québécoises et canadiennes. Ce qui devait être un parti temporaire créé par Lucien Bouchard lors du rejet des accords du Lac Meech en 1990 dans l’objectif d’appuyer le mouvement souverainiste québécois lors de la tenue prochaine d’un référendum sur l’indépendance du Québec qui eut lieu en 1995, s’est transformé, suite à la défaite référendaire du camp du oui, à la démission de Jacques Parizeau à la chefferie du PQ et à son remplacement par le créateur du Bloc québécois Lucien Bouchard, en un parti fédéral se disant officiellement pour la souveraineté du Québec mais dont la mission fondamentale est devenue celle de « défendre les intérêts du Québec à Ottawa ». Ce discours de défense des intérêts des Québécois à Ottawa a été porté principalement par Gilles Duceppe, premier élu bloquiste de l’histoire en 1990 qui a dirigé le Bloc québécois de 1997 jusqu’en mai 2011 et est porté maintenant par le chef actuel Yves-François Blanchet depuis 2019.

Avec un Parti québécois dont la survie est en cause avec trois députés élus, soit le plus petit nombre de députés de toute son histoire, et Québec solidaire, un parti souverainiste certes, mais qui ne fait pas de la souveraineté du Québec son objectif principal comme le fait le Parti québécois, le mouvement souverainiste québécois peut-il encore se permettre d’éparpiller ses forces et ses énergies dans un troisième parti souverainiste, le Bloc québécois, à un endroit, le parlement canadien à Ottawa, où la réalisation de la souveraineté du Québec est totalement impossible à réaliser ?

Un des arguments économiques solides en faveur de la souveraineté du Québec consiste à mettre en relief le fait que celle-ci ferait disparaître les dédoublements de services avec le gouvernement fédéral, économisant ainsi des milliards non seulement en salaire, mais aussi certainement bien davantage encore en gain d’efficacité. Curieusement, le Parti québécois, en approuvant et en appuyant le Bloc québécois au niveau fédéral, ne prend pas avantage de ce principe dans l’efficacité de son propre parti. La présence d’un parti souverainiste au fédéral vient pourtant clairement diviser les forces souverainistes en puisant ses ressources humaines et financières principalement dans les troupes péquistes depuis le tout début de son histoire. À partir de 1993, le militant péquiste devra diviser en deux son budget de financement et son temps de bénévole pour appuyer le Bloc québécois au fédéral puisque le Parti québécois l’encourage à le faire. Ce faisant, le Parti québécois a diminué sa puissance financière et sa force de travail avec les résultats que l’on connaît présentement. Le même dédoublement s’applique lors du recrutement des candidats aux élections. Avec la présence de deux partis souverainistes au Québec, doit-on encore encourager un parti qui vient offrir un poste de député souverainiste dans une ville, Ottawa, située plus proche de Montréal que Québec? Le député battu au provincial peut maintenant tenter de se « reprendre à Ottawa » au lieu de se représenter à la prochaine élection québécoise. En outre, toutes choses étant égales par ailleurs, la qualité des candidats souverainistes a été de facto amoindrie avec la présence du Bloc québécois au fédéral car le nombre de candidats souverainistes exigé aux élections est devenu presque le double depuis l’arrivée du Bloc. Dans la situation actuelle, où les chances d’élection sont plus élevées à Ottawa qu’à Québec, on peut même supposer que les meilleurs candidats souverainistes se présenteront désormais … à Ottawa !

Un député de qualité comme Yves-François Blanchet entre autres, ne serait-il pas plus utile au mouvement souverainiste en travaillant à se faire élire à Québec plutôt que de siéger à Ottawa? Étant donné la situation actuelle du PQ, poser la question, c’est y répondre.

Je n’insisterai pas sur l’illogisme fondamental d’un parti allant siéger dans le parlement du pays qu’il veut quitter. Comment un indépendantiste québécois sincère peut-il aller volontairement travailler dans le parlement d’un pays qu’il considère étranger au sien? Si, d’une façon analogue au Québec, le Canada décidait d’éliminer le serment au roi par un serment d’allégeance au peuple canadien, que feraient alors les députés bloquistes? Il y a fort à parier que ceux-ci continueraient à faire ce qu’ils ont toujours fait, prêter serment au souverain britannique.

Par définition, puisque condamnés à l’opposition, les députés du Bloc québécois ne peuvent avoir aucun impact sur les décisions du gouvernement fédéral. La seule situation théorique où le Bloc québécois pourrait avoir un impact réel et concret sur les décisions du gouvernement canadien se produirait si le Bloc québécois était le seul parti à détenir la balance du pouvoir. Or, cette situation ne s’est jamais produite en 33 ans depuis la création du Bloc en 1990. On peut imaginer par contre que si jamais une telle situation se produisait, le Canada anglais la refuserait net et le gouvernement déclarerait une nouvelle élection au plus vite afin de se faire ré-élire de façon majoritaire. Ainsi, lorsque le Bloc québécois a eu l’occasion de participer à une coalition avec le PLC et le NPD afin de former un gouvernement de coalition en vue de remplacer le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper en 2008, la gouverneur générale est rapidement intervenue à la demande du premier ministre Stephen Harper afin de dissoudre le parlement et d’imposer la tenue d’une nouvelle élection. Il n’était tout simplement pas question qu’un parti souverainiste obtienne quelque pouvoir que ce soit au sein du gouvernement fédéral.

Mais si un tel parti ne peut exercer aucun pouvoir sur les actions du gouvernement fédéral, comment peut-il prétendre défendre les intérêts du Québec davantage que les députés québécois faisant partie des partis politiques fédéraux pouvant former le gouvernement canadien? Cet argument souvent relancé par les candidats des autres partis fédéraux que le Bloc au Québec est pourtant bien vrai pour la simple et bonne raison que tous les gouvernements ont tendance à favoriser les comtés ayant un député de leur parti au pouvoir. En fait l’élection de députés du Bloc québécois automatiquement relégués à l’opposition aux élections fédérales vient diminuer généralement le poids du Québec dans le parti formant le gouvernement canadien sauf dans les cas où les Québécois votent en masse pour un parti d’opposition comme c’est arrivé lors de l’élection fédérale de 2011 avec le NPD. De plus, le Québec étant dirigé par des gouvernements issus de partis fédéralistes depuis longtemps, comment définit-on au juste ce qui constitue les intérêts du Québec? Parle-t-on de l’intérêt du gouvernement du Québec? Dans ce cas, on peut se demander comment un parti tel que le Bloc québécois peut servir la cause souverainiste en s’alliant avec les actions des gouvernements fédéralistes élus à Québec, même en supposant que les gouvernements fédéralistes québécois servent toujours les intérêts supérieurs du Québec, ce qui n’est pas nécessairement le cas d’un point de vue souverainiste. En réalité, comme on le constate amèrement avec le gouvernement Legault dans ses relations avec Ottawa, le gouvernement du Québec ne gagne rien de plus avec la présence des 32 députés bloquistes à Ottawa, pour la simple et bonne raison que ce parti ne dispose d’aucun pouvoir au sein du gouvernement canadien.

Dans le cas d’un référendum gagnant sur la souveraineté du Québec, on peut aussi se demander en quoi des députés souverainistes siégeant à Ottawa seraient utiles au Québec. Leur première action concrète légitime ne serait-elle pas de démissionner immédiatement de leur poste le lendemain du référendum gagnant ? On a longtemps parlé du rôle de négociateur en chef du Québec dévolu à Lucien Bouchard dans la situation théorique de la victoire du oui au référendum de 1995. Malheureusement, on a confondu les qualités bien réelles de négociateur de Lucien Bouchard ainsi que son charisme et son impact sur le vote du oui au référendum avec la fonction de député fédéral. S’il est contradictoire de siéger au gouvernement fédéral quand on est souverainiste québécois, siéger au gouvernement fédéral une fois la décision prise par le Québec de devenir un pays souverain devient en fait un geste de trahison envers le peuple du Québec. Ceux-ci seraient utiles nous dit-on dans la période de transition, qu’on estime à environ un an, entre la victoire référendaire et la déclaration officielle de souveraineté? S’imagine-t-on une seconde au Parti québécois et dans le mouvement souverainiste que le gouvernement fédéral tiendrait compte de l’avis des députés d’opposition du Bloc québécois dans ses négociations avec un Québec souverain ?

Siéger au parlement fédéral, c’est avant toute chose participer au bon fonctionnement du fédéralisme canadien. C’est légitimer sa présence et ses actions au Québec. Dans les faits, un député fédéral, quoiqu’il prétende et quelle que soit la profondeur de ses convictions souverainistes, est fédéraliste en ce sens qu’il représente le gouvernement fédéral dans son comté. Sans le vouloir, il renforce même les arguments des fédéralistes en faisant croire au Québécois que le système fédéral, par la voie du Bloc Québécois, permet la défense des intérêts du Québec tels que définis par les souverainistes québécois eux-mêmes. Il ne s’agit pas ici de mettre en doute les convictions souverainistes sincères des députés bloquistes, ni de contester l’excellence de leur travail de député qui, dans certains cas, peut être admirable. Il s’agit ici de déterminer à quel endroit leur travail admirable serait le plus utile à la cause de la souveraineté du Québec.

Un impact possiblement insidieux de la présence du Bloc québécois sur la scène fédérale pour le mouvement souverainiste et le Parti Québécois est le faux sentiment de sécurité que l’élection de députés prétendument souverainistes au parlement fédéral peut apporter aux Québécois. Pendant que les députés bloquistes font de beaux discours nationalistes québécois à Ottawa qui, par définition, ne rapportent rien concrètement au Québec, les Québécois, se pensant défendus et écoutés à Ottawa en écoutant leur télé-journal, ont peut-être ainsi moins de remords à élire des fédéralistes en charge de leur État-nation potentiel, le gouvernement du Québec. En effet, les députés du Bloc seront toujours disponibles pour crier à Ottawa, se dit-on, dans une forme d’équilibre qui était autrefois inversement représenté par le dicton, bleu à Québec et rouge à Ottawa. Les Québécois ont donc été incités par le Bloc Québécois à se donner bonne conscience en votant pour des souverainistes totalement impuissants à Ottawa alors qu’ils votaient pour un parti fédéraliste à Québec.

Le Parti québécois, dans la situation actuelle, ne peut plus se permettre de diviser ses forces en deux succursales. Dans les faits, la présence du Bloc québécois a coïncidé à la lente et constante érosion de l’appui populaire au Parti québécois depuis la création du Bloc. Si le Parti québécois est sérieux dans son désir de prendre le pouvoir et de réaliser la souveraineté, si la survie du peuple québécois est importante pour le PQ, et je ne doute absolument pas qu’elle le soit, la disparition du Bloc québécois, ce parti fédéral parasite du mouvement souverainiste, doit être réalisée avant qu’il ne soit trop tard, soit avant que le Parti Québécois ne disparaisse complètement de la carte politique. Les députés actuels du Bloc québécois sincèrement souverainistes de ce parti doivent être invités à démissionner et à se présenter, s’ils le désirent, au seul endroit où ils peuvent être vraiment utiles à la réalisation de la souveraineté du Québec, soit l’Assemblée nationale du Québec. Il s’agit, en fait, d’une urgence nationale.

Yves Capuano, membre du PQ, économiste et auteur du livre bientôt à paraître « Jean-Baptiste Colbert – Le colbertisme dans le monde et le Québec libre. »

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