L’ex-animateur de Ce soir ou jamais sur France 2 et 3 – remplacé par Salamé la pistonnée – puis d’Interdit d’interdire sur RT – arrêtée deux jours avant le conflit en Ukraine – est interrogé par la paire mixte du Crayon, une chaîne YouTube qui fait dans le débat mou. Normalement, on regarde pas la télé étudiante amateur tendance Sciences Po, mais peut-être que Taddeï va dire des choses osées à propos de la liberté d’expression. À l’époque, c’est lui qui l’incarnait sur la télé de papa.
Avant de commencer, pour bien situer Taddeï, par exemple pour les jeunes qui n’étaient pas nés il y a 10 ans (le clash date de 2013), on remet la naissance de Patrick Liste Noire, qui est devenu une vedette sur le Net non aligné depuis. Magnéto, Serge !
Taddeï a correctement défendu la liberté d’expression devant le petit propagandiste du service public socialo-sioniste. Voyons voir s’il a gardé le feu sacré une décennie plus tard. Malheureusement, ça commence assez mal : il a gagné sa vie à la télé pendant des années, notamment sur Canal+ et le service public, et il crache dessus. On l’écoute.
Taddeï : Je regarde jamais la télévision.
Le Crayon : Vous l’avez jamais regardée ?
Taddeï : Jamais.
Traduction : je suis un intello, je ne me rabaisse pas au niveau du consommateur TV moyen. Passons au débat. Là, Taddeï va être cash.
4’30 – Taddeï : Le fait qu’on peut plus rien dire pour moi est une connerie. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui vous avez plus de sensibilités différentes à ménager. Autrefois vous étiez obligé de ménager la sensibilité de la majorité, qui créait la norme. À partir de là vous ne pouvez pas dire « caca prout » ou ou « je t’encule » par exemple. […] Il y a différentes normes, et à l’aune de chacune vous pouvez froisser des susceptibilités, donc effectivement comme les susceptibilités peuvent se manifester à travers les réseaux sociaux, c’est plus compliqué. Mais on peut tout dire.
La Crayon : Est-ce que vous pensez qu’on a une plus grande liberté d’expression aujourd’hui qu’à l’époque ? Justement à cause des réseaux sociaux ? Ou pas forcément parce qu’il y a des sujets beaucoup plus sensibles que tout le monde peut rebondir dessus ?
Taddeï : Moi je crois que on peut, on peut, y a à la fois une plus grande liberté d’expression parce que la norme commune à tout le monde est faible, donc vous pouvez beaucoup plus vous exprimer, mais les sensibilités et les susceptibilités étant plus nombreuses, il faut faire attention à ce qu’on dit.
Donc si on suit bien la pensée taddéiste, on peut tout dire, mais il faut faire attention à ce qu’on dit, donc on ne peut pas vraiment tout dire. Ce qui a été le cas de sa dernière émission sur RT, où, à force de faire attention, on n’y disait plus rien.
17’08 – La Crayon : Y a beaucoup de gens qui pensent qu’aux États-Unis il y a une plus grande liberté d’expression qu’en France…
Taddeï : Ça c’est sûr ! (…) La liberté d’expression est totale aux États-Unis, la liberté d’expression est extrêmement réduite en France.
Taddeï vient de dire le contraire de ce qu’il a avancé quelques minutes plus tôt. On appelle ça une contradiction majeure. Pour une pensée théoriquement structurée, c’est embêtant.
Taddeï : On peut défiler après l’attentat contre Charlie Hebdo pour la liberté d’expression, ça mange pas de pain. Mais en réalité notre liberté d’expression est extrêmement réduite. et elle a été réduite par la loi pour toutes sortes de raisons, qui vont de la diffamation au respect de la vie privée en passant par un certain nombre de lois, contre l’apologie du racisme ou de la haine, ou pour des lois mémorielles. Pour toutes ces raisons-là, notre liberté d’expression est réduite. Il se trouve que j’ai grandi dans ce pays et que je suis fait comme ça aussi. J’ai pas du tout envie qu’on puisse se traiter de « sale Arabe » ou de « sale juif » dans le journal. On peut le faire aux États-Unis, y a pas de problème. On peut défiler en criant « sale juif », en France non. Je trouve ça mieux.
Il faut rappeler à l’animateur que la liberté d’expression ne consiste pas forcément à haïr ou à insulter ses adversaires, pour le coup politiques, mais à discuter avec eux, même si c’est tendu. Or, en France, on ne peut pas discuter avec les représentants du lobby sioniste : ses contradicteurs sont interdits de plateau. Et Taddeï le sait. Mais il ne le dit pas. Sur RT, son émission de liberté d’expression – on s’est naïvement fiés au titre ! – a rapidement dérivé vers le culturel, avec un casting original mais toujours politiquement correct.
Avoir défendu la liberté d’expression devant Liste Noire en 2013 pour arriver à justifier sa limitation en 2023, c’est vraiment tourner casaque. Tout ça pour ça, aurait dit Lelouch.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation