Comme rapporté en ce jour par le Général Dominique Delawarde,
« la Banque Nationale Suisse vient d’annoncer des pertes colossales de 143 milliards de dollars en 2022. Ce sont les pires enregistrées par cette banque en 116 ans d’histoire. Ce record est 5 fois plus important que le dernier qui datait de 2015 et représente 18% du PIB Suisse prévu pour 2022. La Suisse a-t-elle fait une bonne affaire en abandonnant, si peu que ce soit, sa neutralité qui faisait sa fortune, pour s’aligner sur le camp occidental ? À chacun de répondre à cette intéressante question. Pour ceux qui ont un VPN. Évidemment, nos médias n’évoquent pas le sujet. On ne doit pas parler des choses qui fâchent, lorsqu’on est en mode propagande. Le monde de la haute finance internationale qui a provoqué et finance la guerre en Ukraine aurait-il des difficultés ? »
En ce qui concerne les remarques pertinentes du Général Delawarde concernant la propagande atlantiste qui se fait de plus en plus grossière à mesure qu’elle se heurte à une réalité diamétralement opposée, au point de prendre la forme de la censure brutale de médias alternatifs et étrangers et donc d’aboutir à une dissonance cognitive aigüe, il nous semble essentiel de souligner que cette propagande n’est pas récente et qu’elle possède une filiation directe avec les méthodes nazies dont chaque citoyen conscient connaît à minima ces maximes :
« Plus un mensonge est gros… plus il a de chances d’être cru ! Mentez, mentez, mentez, encore et toujours, il en restera bien quelque chose ! »
De telles campagnes de calomnies sont menées (et ont été menées) inlassablement par les relais de la propagande atlantiste contre les ennemis qu’il désigne, depuis les démocrates-bourgeois souverainistes des pays dépendants s’opposant à la tutelle coloniale occidentale jusqu’aux communistes révolutionnaires qui combattent pour la destruction de toute forme d’exploitation de l’Homme par l’Homme, sous ses formes violentes comme pacifiques. Voilà pour la partie émergée de l’iceberg… Pour autant, il nous apparaît essentiel de souligner également les mécanismes autrement moins célèbres, mais néanmoins tout aussi prégnants, de sa partie immergée. Une montagne sous-marine certes invisible mais bien plus massive que la pointe affleurant à la surface. Là encore, les intellectuels nazis nous donnent la clef :
« Je veux qu’on ne tourne actuellement pour les français que des films légers, superficiels, divertissants, mais stupides… Le peuple français s’en contentera sûrement ! » (Joseph Goebbels)
Quelles que soient les méthodes employées (une question de forme), elles n’en ont pas moins le même but fondamental : pacifier idéologiquement les esclaves salariés, à l’intérieur comme à l’extérieur du cadre national…
Cette décérébration de masse a été davantage systématisée et précisée en 1956, à une époque où elle commençait déjà à être mise en œuvre à grande échelle et alors que le souvenir des méthodes nazies les plus brutales était encore vif dans la conscience des peuples et interdisait donc à la ploutocratie atlantiste de les employer à grande échelle (du moins à domicile…)
Comme nous le soulignions en mai dernier, si à une époque, l’anéantissement de la culture avait besoin de la violence, sous la façade de la démocratie bourgeoise accompagnant la « société de consommation » dont jouissent les peuples des pays impérialistes dominants, cet anéantissement de la culture au sens large, et de la culture politique en particulier, s’est opérée en premier lieu via un formatage de bas niveau aussi divertissant que librement consenti, version moderne du « panem et circenses »…
Voici la systématisation qu’en fît le philosophe Günther Anders :
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées… Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste… que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser, s’interroger, réfléchir. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir ». (L’obsolescence de l’homme, 1956)
Finalement, nul besoin de recourir aux autodafés et à la répression féroce. La « cancel culture » atlantiste combinée à la « libération sexuelle » et aux « théories du genre » produisent en effet les mêmes effets !… Nous renvoyons à ce sujet à un excellent article qui traite de cette stratégie poursuivie de longue date par la ploutocratie atlantiste.
Voici donc les recettes psychologiques du néofascisme « ordinaire » (élaborées et mises en œuvre par le bloc impérialiste occidental triomphant).
Dans les métropoles impérialistes dominantes, le recours privilégié aux méthodes douces, et de préférence les plus invisibles, excluant notamment le plus souvent la répression physique directe, a conduit à la transformation de la grande masse des esclaves salariés relativement privilégiés en « consommateurs-citoyens » politiquement et économiquement incultes, des « analphabètes politiques », pour reprendre la désignation de Bertolt Brecht…
Cette transformation a comme avantage essentiel, de présenter une facette démocratique-bourgeoise interne séduisante (quand bien même elle présente une image colonialiste fasciste à l’autre bout de la planète), présentant à ses esclaves indigènes l’État (aux mains exclusives de la ploutocratie capitaliste via ses relais politico-médiatique) comme un « arbitre » au-dessus des classes, une façade capable de duper les naïfs politiques dans les périodes de relative prospérité économique et de lutte de classes d’importance et d’acuité secondaires, car systématiquement limitées à des revendications corporatistes et économiques (sauvegarde ou extension du « pouvoir d’achat » et des « acquis sociaux »), en d’autres termes la préservation des miettes lancées par la classe dominante pour neutraliser les classes populaires et acheter chez elle la « paix sociale ».
Rien n’a donc fondamentalement changé depuis les préceptes systématisés par Goebbels et appliqués à grande échelle par ses disciples, en particulier en Occident…
« Nos » élites ont seulement tenté de privilégier les méthodes de propagande et de coercition idéologique et sociales « douces », les plus indolores pour le maintien de la stabilité sociale… Cette propagande est à l’évidence bien plus subtile et sophistiquée que les méthodes de répression brutale, employées par les nazis à destination des peuples des « races inférieures » (slaves et peuples de couleur proclamés tout juste bons à servir d’esclaves), puis par leurs successeurs sous une manière aseptisée et « démocratisée », sous le prétexte de la lutte internationale contre le « totalitarisme communiste » puis de la « lutte contre le terrorisme », prétextes rituels invoqués pour justifier l’utilisation d’un arsenal varié (sanctions, embargos, interventions militaires) employé quasi-universellement (avec une efficacité cependant variable) au cours de la seconde moitié du XXe siècle contre une multitude de peuples des pays dépendants aux quatre coins du monde…
Le IVe Reich atlantiste a succédé au IIIe Reich Nazi, remplaçant avantageusement, quand c’était possible, la Wehrmacht et les camps de concentration par la TV, Hollywood et « l’american way of life », des canaux idéologiques et culturels capables de porter non seulement au sein des métropoles impérialistes dominantes, mais même jusqu’aux zones périphériques coloniales les plus lointaines maintenues dans un état de grande arriération économique… y entraînant un « brain drain » structurel de leur main-d’œuvre la plus qualifiée vers les métropoles dominantes, et les condamnant par ricochet au sous-développement chronique !…
Et quand cet arsenal de méthodes venait à échouer, et que le spectre menaçant du communisme, de l’anti-colonialisme ou même seulement d’un goût un peu trop prononcé pour le souverainisme tiers-mondiste venaient à se manifester, alors on se résolvait à des coups d’État et à des ingérences militaires, perpétrées parfois-même sous le faux-drapeau ubuesque, non plus seulement des sacro-saintes lois de la libre circulation des marchandises et des capitaux (promues par ses organes internationaux, à l’instar de l’OMC, du FMI ou de la Banque mondiale), mais de l’exportation brutale du « modèle démocratique » occidental…
Au-delà de cette sophistication indéniable, les pays coalisés au sein de l’OTAN forment une alliance fondamentalement colonialiste et fasciste, dirigée prioritairement contre les communistes et les peuples des pays coloniaux… Les communistes ont certes (presque totalement) « disparu » (une quasi-extinction du courant marxiste-léniniste authentique résultant des lois économiques de développement des sociétés capitalistes, lois objectives qu’il avait découvertes et qui ont conduit à l’anéantissement de sa propre base sociale via l’embourgeoisement massif du prolétariat tertiarisé privilégié des métropoles impérialistes dominantes), mais il reste cependant les peuples des pays coloniaux qui aspirent à se libérer du joug de l’occupation militaire atlantiste… et à occuper une place un peu plus en accord avec leur poids industriel et démographique réel, avec pour résultat inévitable l’émergence d’une répartition mondiale de la plus-value assez radicalement différente, qui promet d’être bien moins en faveur du « milliard doré »…
Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que la ploutocratie atlantiste ait promu des stratégies de containment démographiques et industrielles sophistiquées :
1° la théorie du changement climatique d’origine anthropique visant à priver les « PVD » de sources d’énergies bon-marché afin de forcer l’adoption de technologies occidentales « propres » et de donner davantage de chance de brider leur développement industriel et donc de les priver d’indépendance économique),
2° des politiques démographiques malthusiennes visant à limiter l’expansion, voir à réduire leur bassin-versant démographique (lequel constitue un facteur clef de l’accumulation capitalistique). Tout ceci afin d’empêcher, ou à minima de retarder ce bouleversent d’un ordre mondial occidental multiséculaire via l’émergence de rivaux incontrôlables…
Cette parenthèse étant close, la patrie du Forum de Davos qu’est la Suisse est l’un des principaux centres de coordination historiques des pays impérialistes d’Occident, et sa « neutralité » légendaire ne vaut donc qu’au sein de ce référentiel… À l’égard des pays coloniaux ou de coalitions capitalistes concurrentes, la Suisse ne peut raisonnablement être « neutre » : comme nous l’avons démontré il y a une douzaine d’années, sa structure économique et sociale est en effet parfaitement similaire à celle des autres pays impérialistes dominants « post-industriels », à savoir une industrie famélique constituée de quelques niches high-tech assurant une place privilégiée dans l’écosystème économique mondial, au sommet de la division internationale du travail. Cette structure économique fortement parasitaire (« industrie de bazar ») est hautement dépendante des revenus extérieurs tirés de ces niches technologiques résiduelles, de leur domination sur le paysage mondial de la propriété intellectuelle, sans oublier la finance et les services qui leur sont associés.
Un ensemble de sources de revenus qui, comme nous l’avons déjà démontré, représente une proportion essentielle de leur PIB : rien de moins que l’équivalent des 9/10èmes de leur PIB provient directement ou indirectement de plus-value extorquée à l’étranger via ces différents canaux… Le tout est encadré par une occupation militaire permanente du monde (conditionnée par le maintien de son hégémonie militaire), capable de dissuader ou de réprimer par la force toute velléité de bouleverser cet ordre mondial…
Voilà pour la théorie, car dans la pratique, comme nous l’avons démontré, ces puissances impérialistes longtemps situées au sommet de la pyramide alimentaire mondiale ont vu leur position mondiale se dégrader de manière accélérée dans tous ces domaines et leur hégémonie industrielle, commerciale, scientifique et militaire être remise en cause de manière croissante par des challengers (coalisés au sein de l’OCS et des BRICS). Devant cette crise de déclassement et la menace de perdre cette rente de situation vitale, la moindre des choses semble être de faire front commun avec ses semblables, c’est-à-dire les autres représentations locales du IVe Reich atlantiste sous leadership étasunien. On conçoit donc sans mal que la Suisse ait jeté sans hésitation aux orties le masque de sa prétendue « neutralité »…
En réalité, c’est la désolidarisation de la Suisse du reste du camp atlantiste qui eût été étonnant… Mais dans tous les cas, le soutien apporté par la Suisse à la stratégie atlantiste de confrontation avec la Russie, déterminée à faire du Bandéristan la tombe de l’hégémonie coloniale atlantiste mondiale autant que de ses idiots utiles bandéristes, promet à la Suisse de suivre le sillage du cours autodestructeur du suicide collectif (assisté) amorcé par l’Occident, désormais confronté à la phase finale de l’effondrement de son hégémonie mondiale… et à minima prétexte par excellence d’une « remise à zéro » radicale du standard de vie longtemps privilégié des peuples des futurs ex-pays impérialistes dominants : le Grand Reset !…
Si la ploutocratie atlantiste renonce aujourd’hui ouvertement (à domicile comme à l’extérieur) à ses méthodes de domination les plus indolores, et renoue ouvertement avec ses vieux démons fascistes, c’est parce que sa situation objective se dégrade à un rythme accéléré et qu’elle n’a plus les moyens d’entretenir, chez elle comme à l’étranger, un « soft power » dont l’efficience va d’ailleurs décroissant à mesure que son principal rival stratégique émerge et que la contestation internationale de son « ordre mondial » va crescendo…
Vincent Gouyse
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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