Sous le patronage de Diogène, Jean Biès propose la voie pour constituer une véritable élite qui garde les pieds sur terre pour le bien du plus grand nombre au contraire de « l’élite » autoproclamée qui nous exploite et nous ment depuis des siècles.
L’élite se constituera d’individualités issues de différents milieux dont elles se seront affranchies pour constituer une race mentale différenciée, indépendante des conditions sociologiques et idéologiques de l’heure. Ceux qui n’auront pas les qualifications requises s’excluront d’eux-mêmes, mis par leur « parti pris d’incompréhension » et leur peur d’affronter la « grande solitude ».
Moins d’intellos
Les plus éminents universitaires, savants, philosophes, ont peu de chance, en raison de leurs habitudes mentales et de leur « myopie intellectuelle », d’appartenir à cette élite. Ses éléments, éparpillés, apparemment non agissants, sont néanmoins plus nombreux qu’on ne serait tenté de le croire. Le nombre ne fait de toute manière rien à l’affaire pour que l’influence transformante puisse s’exercer de façon effective ; et il doit s’entourer de discrétion.
Plus de sages
L’élite aura pour principale fonction de préserver et de transmettre le dépôt de la connaissance métaphysique, et de préparer les conditions de la naissance du nouveau cycle : on ne doit pas attendre que la « descente » soit achevée pour préparer la « remontée ».
Formation doctrinale et pratique spirituelle
Mais si l’effort ne débouchait sur rien au plan du macrocosme, il ne serait point perdu au niveau individuel : ceux qui auront pris part au travail – formation doctrinale et pratique spirituelle – en retireront forcément des bienfaits personnels.
Quoique insuffisante au niveau livresque, la formation doctrinale sera le premier degré de la transmutation. Elle consistera à étudier le contenu des « enseignements traditionnels » et des « sciences sacrées » d’Orient et d’Occident, à se donner la mentalité initiatique qu’a détruit l’éducation profane.
La Philosophia perennis
Il est évident que depuis l’époque où Guénon délivrait son message, d’immenses facilités ont été offertes à ceux qui veulent s’informer de la Philosophia perennis, même si celle-ci continue d’être étouffée par les instances officielles – autant de « compensations » inhérentes à l’époque, relevant pour la plupart d’une saine vulgarisation et contribuant à contrebalancer les pires amalgames de la « contre-initiation ». Ceux qui, sans tomber dans la dispersion mentale, sont parvenus à se donner une doctrine cohérente, ne sauraient plus être atteints par les influences dissolvantes et insidieuses du nihilisme contemporain. « Ceux qui savent qu’il doit en être ainsi ne peuvent, même au milieu de la pire confusion, perdre leur immuable sérénité ».
Ces assises doctrinales permettent au contraire de prendre une plus juste mesure de l’époque et de soi-même, à travers les désagréments qu’elle suscite ; et, par là, de s’en mieux préserver. Elles enseignent à éviter l’inutile dialectique, source de confusion sans fin, à rompre avec les systèmes philosophiques qui ne font qu’engendrer la « maladie de l’angoisse » en multipliant les questions sans fournir de réponses. Elles débarrassent à jamais des préjugés et illusions qui, depuis le XVIe siècle au moins, pourvoient l’intelligence occidentale : la « déification » de la raison, la « superstition » de la vie, la primauté de l’action sur la contemplation, le progrès continu de l’humanité…
Certes, de tels hommes auront à souffrir plus que les autres par excès de lucidité au sein de l’aveuglement panique ; et même, une hostilité inconsciente du milieu pourra se déclencher à leur endroit. Mais il y a dans toute souffrance un ferment de maturation, et toute connaissance exige rançon.
Jean Biès.
2 livres de Jean Biès (1933-2014) :
Quelle spiritualité pour l’homme d’aujourd’hui ?
Notre monde s’effondre de toutes parts : pollution de la nature, danger de destructions massives, chaos social, corruption morale, terrorisme, falsifications de l’Histoire, conditionnements idéologiques, dévastation du langage et des arts, dissolution de la psyché, nihilisme philosophique, religion en crise, proliférations sectaires; bref, le « triomphe de la Subversion » – énorme caricature du Réel.
C’est ce constat inquiétant qu’analyse d’abord Jean Biès avec son talent habituel. Mais il existe des réformes radicales qu’il propose également, fondées sur les enseignements initiatiques de la Philosophia perennis, communs à l’Orient et à l’Occident, et seules capables d’opérer, avant qu’il ne soit trop tard, un complet retournement de l’être, et de rendre aux esprits lucides mais désorientés les axes et les références dont on les a privés, indispensables à l’acquisition d’une « formation doctrinale » et à un redressement personnel et profond. Il s’agit de rétablir la primauté de l’Essence sur l’existence, de retrouver les chemins de l’ésotérisme chrétien, relié à l’ésotérisme universel (ou Tradition primordiale), de restaurer la vision ternaire de l’être humain, reflet des trois plans du macrocosme, de recourir à des pratiques d’intériorité adaptées à l’homme moderne…
– Vie spirituelle et modernité
Nous sommes à la fin d’une époque, toute la question est de savoir comment traverser cette « crise » apocalyptique et en atténuer les effets. La vraie solution ne peut-être que spirituelle. Une nature ravagée, une société déstructurée, un totalitarisme massif ou feutré: il s’agit de recréer des cadres de vie, des modes d’existence, des attitudes intérieures susceptibles de sauver le meilleur de l’homme.
Source : L’Echelle de Jacob
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