L’ancienne responsable du service Amérique latine à la Defense Intelligence Agency, Ana Belén Montes, a été libérée après 21 ans de réclusion.
Elle s’était insurgée contre le traitement des Cubains par Washington et, violant la loi, avait transmis les plans du Pentagone à La Havane durant 16 ans. Elle était la plus haute fonctionnaire US a connaître les rapports et les plans des différentes agences concernant Cuba. Son expertise était telle qu’elle fut surnommée la « Reine de Cuba » et fut décorée par le directeur de la CIA, George Tenet (photo).
Elle a agi ainsi par pure conscience morale, sans attendre quoi que ce soit en retour.
Lors de son procès, elle a déclaré :
« Votre Honneur, je me suis engagé dans l’activité qui m’a amené devant vous parce que j’ai obéi à ma conscience plutôt qu’à la loi. La politique de notre gouvernement envers Cuba est cruelle et injuste, profondément hostile ; je me sens moralement obligée d’aider l’île à se défendre contre nos efforts pour lui imposer nos valeurs et notre système politique.
Nous avons fait preuve d’intolérance et de mépris envers Cuba pendant quatre décennies. Nous n’avons jamais respecté le droit de Cuba de faire son propre chemin vers ses propres idéaux d’égalité et de justice. Je ne comprends pas comment nous continuons à essayer de dicter la manière dont Cuba devrait sélectionner ses dirigeants, ceux qui ne peuvent pas l’être, et quelles lois sont les plus appropriées pour cette nation. Pourquoi ne laissons-nous pas Cuba suivre sa propre voie intérieure, comme le font les États-Unis depuis plus de deux siècles ?
Ma façon de répondre à notre politique cubaine était peut-être moralement répréhensible. Peut-être que le droit de Cuba d’exister sans coercition politique et économique ne justifie pas de donner à l’île des informations classifiées pour l’aider à se défendre. Je peux seulement dire que j’ai fait ce que je pensais être juste pour contrer une grave injustice.
Mon plus grand souhait serait de voir émerger une relation amicale entre les États-Unis et Cuba. J’espère que mon cas encouragera d’une certaine manière notre gouvernement à abandonner son hostilité envers Cuba et à travailler avec La Havane dans un esprit de tolérance, de respect mutuel et de compréhension.
Aujourd’hui, nous voyons plus clairement que jamais que l’intolérance et la haine, de la part d’individus ou de gouvernements, ne font que propager la douleur et la souffrance. J’espère que les États-Unis développeront une politique envers Cuba fondée sur l’amour du prochain, une politique qui reconnaît que Cuba, comme toute autre nation, veut être traitée avec dignité et non avec mépris. »
Elle a été arrêtée en 2001, et condamnée pour espionnage. Elle a été placée dans un hôpital psychiatrique militaire, en cellule d’isolement. Ses relations sociales étaient limitées à ses promenades, aux côtés de personnes violentes et d’assassins. Elle n’avait pas accès aux journaux, ni à la télévision. Ses conditions de détention étaient cruelles et dégradantes.
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