Le légendaire fatalisme russe est peut-être bien vivant, mais il finira par avoir honte de ses doutes.
Par William Schryver
Source : imetatronink.substack.com, le 8 janvier 2023
Traduction : lecridespeuples.fr
« Nous souffrons plus souvent dans l’imagination que dans la réalité. » Sénèque
Depuis près d’un an, je m’efforce en vain de comprendre les craintes de défaite potentielle fréquemment exprimées par un grand nombre d’observateurs russes de cette guerre –comme s’ils étaient constamment hantés par le sentiment qu’une humiliation inévitable est tapie dans l’ombre juste devant eux, et qu’ils feraient mieux de se préparer en conséquence.
Les faits les plus manifestes de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, tels que j’ai pu les établir, sont que l’Ukraine a subi environ cinq cent mille pertes irrémédiables et a perdu la quasi-totalité de son matériel militaire d’origine, l’équivalent de TOUT le personnel et de l’équipement (d’active et de réserve) avec lesquels elle avait commencé ce conflit.
Leur force militaire a été partiellement reconstituée au cours de l’été 2022, avec les meilleurs équipements que l’OTAN pouvait mettre à disposition, mais tant en quantité qu’en qualité, celle-ci n’est tout simplement plus capables d’être reconstituée.
En plus de cette importante injection d’armements de l’OTAN, plusieurs milliers de soldats de l’OTAN ont insidieusement fait leur apparition sur le champ de bataille, principalement sous la forme de troupes de choc et de spécialistes techniques chargés de faire fonctionner et d’entretenir les systèmes les plus complexes tels que les obusiers M-777 et l’artillerie à roquettes HIMARS.
Cette armée partiellement reconstruite a été effectivement anéantie au cours des quatre derniers mois d’ « offensives » ukrainiennes futiles, voire suicidaires, contre les lignes défensives russes.
Nous savons que c’est vrai parce que le haut commandement ukrainien supplie désespérément l’Occident de lui fournir une troisième armée entièrement équipée pour faire face à la puissance de feu écrasante de la Russie.
Pendant ce temps, ici, au début de 2023, la force de combat russe est, selon presque tous les critères, beaucoup plus puissante qu’il y a un an.
De l’autre côté de la balance, l’OTAN n’a littéralement plus rien de significatif à offrir, à l’exception des quelques miettes restantes de leur équipement obsolète, de leurs munitions excédentaires et de leurs promesses vides de production future, qui ont très peu de chances de se concrétiser un jour.
Les évangélistes de l’Empire occidentaux qui se font passer pour des « analystes militaires » continuent de parler des extraordinaires prouesses militaires ukrainiennes et de leur étonnante série de « victoires » au cours de cette guerre. Ils supplient ensuite avec passion les gouvernements occidentaux d’augmenter considérablement les livraisons à l’Ukraine des moyens de lancer une offensive finale décisive qui chassera du Donbass et de la Crimée des Russes (prétendument) militairement éviscérés et abjectement humiliés.
En effet, dans leurs fantasmes les plus enfiévrés, ils parlent de marcher jusqu’à Moscou même, de procéder à un changement de régime par la force des armes, puis de diviser une fois pour toutes la Russie en de multiples États vassaux qui pourront ensuite être incorporés avec soumission dans le rapace « ordre international fondé sur des règles ».
Et, de manière incompréhensible, pour la classe des défaitistes russes perpétuellement fatalistes, il semble que nombre de ces chimères ridicules ne soient pas si éloignées du domaine du possible.
D’où vient cet irrépressible fatalisme slave et l’inexplicable complexe d’infériorité qui l’accompagne trop souvent ?
Je ne suis pas russe. Je ne parle pas couramment la langue russe. Je ne suis jamais allé en Russie. Je n’ai même jamais eu d’ami ou de connaissance russe. Mais je suis fasciné par la Russie depuis mon enfance et j’ai une connaissance modeste de l’histoire russe et des grandes réalisations du peuple russe au cours des siècles passés.
De mon point de vue distant, la Russie est une grande nation habitée par des gens extraordinairement intelligents et capables – bien qu’elle se soit laissée à plusieurs reprises tromper et abuser par ses cousins occidentaux, envers lesquels elle a nourri beaucoup trop d’envie pendant de trop nombreuses générations.
À mon avis, nous assistons actuellement à ce que les historiens ultérieurs qualifieront d’ « heure de gloire » de la Russie. Confrontés à la perspective de se soumettre et d’embrasser la décadence avilissante de la civilisation occidentale en déclin, un grand nombre de Russes ont cherché à rétablir l’orientation culturelle de leurs anciennes traditions orthodoxes, à remettre l’accent sur la famille en tant qu’unité fondamentale de la société, et à se démarquer audacieusement de la trajectoire sociale dégradante des « valeurs » occidentales sans ancrage.
De manière plus significative et pertinente, la Russie a courageusement choisi de « se dresser seule » face à ce que presque tout le monde sur la planète croyait être la puissance indomptable de l’Empire américain complètement corrompu. Oui, on peut peut-être soutenir que, à certains égards, les premiers pas de la Russie dans cette direction ont été quelque peu hésitants. Mais parce qu’elle a été assez audacieuse pour les faire, elle a maintenant attiré à sa cause non seulement le soutien moral, mais de plus en plus le soutien substantiel de nombreuses autres nations puissantes qui sont déterminées à résister à la poursuite et à l’expansion exploitante de l’hégémonie impériale dans leurs régions du globe.
Il a été dit que, plus qu’un combat physique, la guerre est un différend d’ordre moral. Je pense que cette idée est tout à fait justifiée. Vladimir Poutine, Sergey Lavrov, Dmitry Medvedev, Sergey Glazyev, Aleksandr Dugin et de nombreux autres Russes influents s’engagent dans cet argument moral depuis de nombreuses années maintenant.
Mais dans le contexte de la guerre actuelle entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, je soutiens que la Russie l’emportera principalement parce que sa puissance militaire et son leadership sont manifestement supérieurs ; sa force et ses capacités sont plus grandes aujourd’hui qu’il y a un an, et elles augmentent de mois en mois ; sa compréhension des réalités en évolution rapide de la guerre au XXIe siècle a été grandement améliorée par les événements de l’année précédente – et, il ne faut pas le sous-estimer, je suis convaincu qu’elle sera soutenue dans une mesure toujours plus grande par la Chine et l’Iran, qui ont tous deux clairement compris que leur destin existentiel est inextricablement lié au triomphe final de la Russie dans la présente confrontation militaire.
Du point de vue de cet auteur et observateur des événements, et malgré les penchants fatalistes et souvent effrayants de beaucoup de ceux qui se disent Russes, la Russie ne peut tout simplement pas être et ne sera pas vaincue dans cette guerre. Bien au contraire, je suis convaincu qu’elle en sortira plus sûre d’elle, plus autonome et plus influente sur la scène mondiale qu’elle ne l’a jamais été.
Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.
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