Déclaration d’une ex-présidente de Caisse Desjardins
C’est ainsi que m’interpella l’ancienne présidente du conseil d’administration de la Caisse Desjardins de La Tuque. Je fus évidemment surpris d’une telle affirmation!
Oui, tout le monde, sociétaires comme non-membres de Caisses Desjardins mettent aujourd’hui en doute les fondements historiques «coopératifs» des actuelles Caisses Desjardins, depuis la restructuration opérée par Claude Béland et confirmée dans la controverse, le 4 décembre 1999 par un vote de quelques délégués désignés à cette fin, laissant dans l’ignorance et sans voix l’ensemble des 5 millions de membres aptes à voter sur une décision aussi fondamentale et fondatrice.
Mais alors, pourquoi les hautes instances de Desjardins, ainsi que les gouvernements successifs du Québec maintiennent-ils cette «institution bancaire» dans ce flou constitutionnel d’une coopérative qui appartiendrait toujours à ses membres si ce n’est plus vrai depuis plus de 22 ans?
Dites-moi, Desjardins, dites-moi, M. le président Cormier, êtes-vous ou n’êtes-vous plus une coopérative? Selon vous, dirigeants du Desjardins actuel, êtes-vous toujours une vraie coopérative et pourquoi le seriez-vous toujours?
L’ex-présidente de la Caisse de La Tuque a-t-elle raison ou non? Qui dit vrai?
L’ambiguïté constitutionnelle qui persiste depuis le passage de Claude Béland à la présidence de Desjardins ne devrait-elle pas être finalement et franchement éclaircie? Quel statut les personnes faisant leurs affaires bancaires chez Desjardins doivent-elles porter : membres ou simples clients de banque? Sociétaires ou simples exploités capitalistes? Si Desjardins relève d’une loi provinciale du Québec (L.R.Q., c. C-67.3) portant le nom de «Loi sur les coopératives de services financiers», ne faut-il pas convenir, contrairement aux dires de l’ex-présidente de la Caisse de La Tuque, que Desjardins est toujours une coopérative?
En ce début de l’année 2023, c’est la question que je soumets au peuple du Québec et ses dirigeants, afin qu’une fois pour toutes, nous sachions officiellement si «oui», chez Desjardins, nous faisons affaire avec une vraie coopérative financière qui appartient à ses membres, ou si c’est «NON».
Personnellement, j’ai plusieurs raisons de penser que Desjardins ne serait plus une coopérative comme l’ont fondé Dorimène et Alphonse Desjardins; Desjardins serait devenu une patente financière «communo-capitaliste» ou une banque «socio-communo-capitaliste» dirigée par une oligarchie avec les pleins pouvoirs décisionnels, soutenue légalement par une Loi provinciale du Québec et son bras de contrôle: l’Autorité des marchés financiers du Québec (AMF).
Les «membres» ne seraient que des figurants, et leur « assemblée générale annuelle » ne serait qu’« apparence démocratique » n’ayant plus aucune souveraineté légale. Les dirigeants, maintenant grassement rémunérés depuis 2005, assument seuls la direction (référence, une lettre de l’AMF datant du 13 novembre 2014) sous la haute direction de Lévis-Montréal, elle-même mise au pas par les agences de notation financière mondiales. Cette patente «communo-capitaliste» ou cette institution «socio-communo-capitaliste» est au service d’elle-même et du gouvernement du Québec par sa Loi provinciale toujours en force à cette fin.
Le 4 décembre 1999, les membres des Caisses se sont fait « Hara-Kiris » par l’intermédiaire de quelques délégués réunis à cette ultime fin, afin de voter cette nouvelle constitution, cette nouvelle structure décisionnelle qui, aux dires mêmes de son auteur, Claude Béland et son « comité de révision des structures », «plaçaient les intérêts supérieurs du Mouvement Desjardins au-dessus de toute préoccupation et garantissait ainsi l’avenir de Desjardins» (« Desjardins Express » numéro 4, octobre 1999). Claude Béland a ainsi fait passer la propriété de la coopérative de ses membres, vers le C. A. du Mouvement Desjardins. C’est ainsi que l’AMF interpréta la Loi lorsque nous avons cherché à comprendre pourquoi on nous délestait de nos actifs, et pourquoi l’assemblée générale des membres n’était plus souveraine sur les décisions unilatérales des C. A. des Caisses.
Dans les faits, les membres n’ont plus aucun pouvoir s’ils en ont déjà eu! Ils ne le savent pas officiellement, contrairement à la déclaration de l‘ex-présidente de la Caisse de La Tuque, mais ils devraient le savoir officiellement par le Gouvernement du Québec et le Mouvement Desjardins lui-même par la voix de son PDG bien rémunéré, Guy Cormier.
Qu’en pensez-vous? Savez-vous que Desjardins n’est plus une coopérative qui, légalement parlant, le serait toujours par la « Loi sur les coopératives de services financiers » du Québec, mais dont la propriété et les décisions opérationnelles seraient maintenant assumées par le seul C. A. du Mouvement et non plus par les membres en assemblée générale annuelle?
« L’obligation de subir nous donne le droit de savoir. »
Jean Rostand, biologiste
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec