Par The Saker – Le 2 janvier 2023 – Source The Saker’s Blog
Il ne fait aucun doute que l’OTAN s’efforce d’intensifier la guerre en Ukraine. Juste avant la fin de l’année, deux frappes de drones ont eu lieu contre une importante base des forces aérospatiales à Engels. Les attaques n’ont pas été couronnées de succès, mais des Russes sont morts lorsque des éclats d’obus ont touché un camion-citerne qui a explosé. L’importance de cette attaque tient au fait qu’Engels est située au cœur de la Russie.
Ensuite, il y a eu diverses petites attaques contre divers postes frontaliers russes et des villes proches de la frontière russe.
Et maintenant, ceci en une seule journée :
Un drone ukrainien frappe une installation énergétique en Russie – gouverneur
et
Des dizaines de morts dans une attaque ukrainienne contre des troupes russes – Moscou
Traitons d’abord du deuxième titre. La première chose que nous devons dire est qu’il s’agissait clairement d’une cible légale en vertu des lois de la guerre : L’OTAN a frappé du personnel militaire russe, et c’est une cible tout à fait légale. Cependant, si nous regardons un peu plus loin, nous nous rendons compte que l’attaque HIMARS a clairement été menée par des « volontaires/conseillers » occidentaux, c’est-à-dire des membres de l’OTAN qui ont retiré leur uniforme et sont sous couverture. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une nouvelle attaque directe de l’OTAN contre des soldats russes.
[Encadré : c’est le type d’attaque pour lequel les HIMARS sont très efficaces : des frappes de précision contre des cibles fragiles. Les HIMARS ont une très bonne portée et une bonne précision, mais leurs ogives sont trop petites pour réussir à détruire des cibles plus difficiles, comme des ponts ou des bunkers. Les HIMARS, surtout s’ils sont soutenus par l’ensemble des capacités C4ISR des États-Unis et de l’OTAN, représentent une menace majeure pour les cibles « molles » comme, dans ce cas, des casernes en bois.]
Je voudrais noter que seul un civil ignorant pourrait s’attendre à ce que l’OTAN ne fasse jamais rien, n’offre aucune résistance, ne prenne aucune contre-mesure, ne réussisse jamais ou ne frappe pas les Russes en cas de blessure. La vérité dans la guerre est que l’ennemi ripostera (du moins dans une vraie guerre, pas dans une opération de contre-insurrection contre un adversaire largement inférieur).
Mais qu’en est-il du reste de ces frappes, notamment celles visant le territoire russe (tel qu’il était avant la libération des régions ukrainiennes) ?
Il faut donc se poser une question fondamentale : quel est l’objectif de ces frappes ?
Commençons par quelques truismes :
Premièrement, aucune de ces frappes ne changera quoi que ce soit au cours de cette guerre. Tout comme les frappes israéliennes contre le Liban ou la Syrie (la dernière en date, aujourd’hui, a tué deux Syriens et endommagé des installations). Cependant, alors que les frappes israéliennes sur la Syrie sont faites pour des « raisons psychothérapeutiques » (je l’ai expliqué de NOMBREUSES fois dans le passé), ce n’est pas le cas des frappes de l’OTAN, y compris celles « non revendiquées » contre Engels.
Deuxièmement, après chacune de ces frappes, beaucoup de gens se demanderont ce que la Russie va faire à ce sujet. Le précédent est l’attaque du pont de Crimée qui a donné à la Russie un prétexte pour éteindre les lumières au Banderastan. Et oui, ce n’était clairement qu’un prétexte, car une campagne de frappes massives de ce type ne peut pas être planifiée et exécutée rapidement, en quelques heures/jours. La vérité évidente est que les Russes étaient tout à fait prêts à déclencher leurs frappes bien AVANT l’attaque du pont de Crimée, mais qu’ils étaient plus qu’heureux d’avoir cette attaque comme prétexte (par opposition à une raison) pour frapper.
Et si vous vous posez la question, sachez que la Russie continue de mener quotidiennement de telles frappes, y compris des frappes impliquant des centaines de missiles ! Ces frappes successives ne sont pratiquement pas rapportées dans les médias occidentaux parce que 1) « Ze » a interdit toute image/vidéo des résultats de ces frappes et 2) rapporter leur véritable ampleur saperait le récit officiel (y compris celui selon lequel la Russie est à court de munitions).
Néanmoins, l’OTAN n’agit pas uniquement pour montrer qu’elle peut agir. Il y a un véritable objectif militaire derrière ces frappes. Et il ne s’agit pas « simplement » de provoquer la Russie pour qu’elle réponde d’une manière ou d’une autre (pas avec les dizaines, voire les centaines de frappes de missiles russes qui ont déjà lieu chaque jour).
La guerre est déjà en cours, les Russes se battent déjà sur une très longue ligne de front, les forces aérospatiales russes frappent déjà des cibles dans toute l’Ukraine, alors qu’y a-t-il de plus à provoquer/déclencher ?
Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose que les Russes n’ont pas encore faite, et c’est l’opération combinée de grande envergure que l’état-major russe est manifestement en train de préparer. Et puisque cette offensive majeure est presque certaine, la seule chose que ces frappes de l’OTAN pourraient affecter est le moment de l’attaque. Et comme il n’y a aucun moyen pour que ces frappes (par piqûre d’épingle) de l’OTAN puissent retarder l’offensive russe, leur seul objectif possible serait de la faire arriver plus tôt.
Pourquoi l’OTAN voudrait-elle que l’offensive russe ait lieu plus tôt que tard ? Dans toutes leurs autres actions, les Anglo-sionistes ont essayé de faire durer cette guerre aussi longtemps que possible, alors pourquoi voudraient-ils que les Russes attaquent plus tôt ?
Parce que l’état-major russe attend que tous les « canards soient alignés » avant d’attaquer. Ainsi, en essayant de forcer les Russes à attaquer prématurément, l’OTAN essaie, très logiquement, d’empêcher que tous les « canards » soient « alignés« . En d’autres termes, l’OTAN tente de forcer la main de l’état-major russe en augmentant la pression sur le Kremlin pour qu’il « passe enfin à l’action« .
Essayer de contraindre son ennemi à une attaque prématurée est parfaitement logique sur le plan militaire (comme tout effort visant à prendre l’initiative et à imposer son rythme à l’ennemi).
Ces efforts sont grandement facilités par les catégories suivantes :
- Les civils qui ne comprennent pas la guerre.
- Les infantiles qui s’indignent chaque fois que l’OTAN réussit à frapper des cibles russes
- Les (faux) « amis de la Russie » occidentaux qui répètent tel un mantra que « Poutine est faible, indécis, naïf » etc.
- Les PSYOPS occidentaux qui veulent répandre la peur, l’incertitude et les doutes dans l’opinion publique russe.
Ces quatre groupes forment une foule assez bruyante qui agit EXACTEMENT comme les anglo-sionistes le souhaitent.
Quelle est donc l’efficacité de ces efforts de l’OTAN ?
Il convient de mentionner ici une profonde différence culturelle entre la société russe et la société occidentale : la plupart des Russes ont une bien meilleure compréhension de la guerre que les Occidentaux. Cela vaut pour les civils comme pour les généraux. Il y a de nombreuses raisons à cela, mais je n’en citerai que quelques-unes :
- De nombreux Russes ont une formation militaire (de base ou plus avancée).
- Presque tous les Russes ont perdu des membres de leur famille pendant la Seconde Guerre mondiale et savent donc à quel point la guerre est horrible.
- La culture russe, des livres aux films, est remplie d’histoires de guerre, et pas du type Tom Clancy, mais de la vraie guerre.
- Les guerres en Tchétchénie, en Croatie, en Bosnie, en Serbie, en Géorgie, en Syrie, en Arménie et bien d’autres conflits encore ont « éduqué » la société russe aux réalités douloureuses de la guerre.
Contrairement aux hallucinations des (faux) « amis de la Russie » à l’Ouest, les « Strelkovites » et autres « allislosters » assortis en Russie ont très peu de traction ou de crédibilité auprès du grand public russe. Pour dire les choses simplement, les Russes font confiance à Surovikin (et à Poutine !) beaucoup, beaucoup, beaucoup plus que ces hystériques parce qu’ils sentent instinctivement que ce qui est nécessaire n’est pas la colère, mais la concentration.
L’OTAN fait tout son possible pour forcer les Russes à respecter le « calendrier de l’OTAN » et à sortir de leur calendrier prévu. Un effet secondaire bénéfique supplémentaire de ces frappes « pour la façade » est de donner aux crétins du Congrès une raison d’injecter encore plus d’argent dans le CMI américain.
Quant à forcer la Russie à attaquer dans des conditions sous-optimales, cela n’arrivera pas. Ni Poutine, ni Shoigu, ni Gerasimov, ni Surovikin ne sont du genre à répondre à l’hystérie par des actions « rien que pour la façade » (il suffit de regarder leurs visages !). Et cela vaut également pour l’ensemble de l’état-major général.
Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui, comme Macgregor, ont annoncé une grande offensive combinée au printemps, mais elle aura lieu quand Poutine le décidera, pas quand l’OTAN le voudra. Pour l’instant, le hachoir à viande russe inflige de telles pertes à l’Ukraine que cela n’aurait vraiment aucun sens pour les Russes de l’arrêter. Mais, tôt ou tard, cela finira par produire des rendements marginaux décroissants et, à ce moment-là, les forces russes (il y en a trois entourant l’Ukraine) seront entièrement prêtes, entraînées, équipées et prêtes à attaquer.
La grande inconnue (pour nous, les Russes le savent probablement déjà) est ce que l’OTAN fera lorsque cette offensive se produira. Vous pouvez être sûrs que les « meilleurs » esprits (relativement parlant) des États-Unis travaillent sur la tâche suivante : comment déclencher une guerre continentale sans impliquer directement et officiellement les États-Unis ?
Je n’ai pas de réponse à cette question, votre supposition est aussi bonne que la mienne
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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