par Bruno Bertez
J’analyse la situation géopolitique, économique, financière et monétaire mondiale comme une rupture.
Je pèse mes mots car souvent le mot rupture est utilisé à mauvais escient pour désigner des phénomènes somme toutes mineurs.
Les États-Unis ont décidé d’aller jusqu’au bout des facilités que leur donnait le dollar impérial.
Ils ont décidé de profiter jusqu’au bout de la supériorité temporaire qui est encore la leur pour s’opposer aux nécessités du mouvement de l’Histoire.
Ils ont tordu le bras des Européens afin de les forcer à rompre avec la Russie sans espoir de retour en arrière.
Ils ont cyniquement accepté dévoiler leur emprise sur l’Europe, balayant les prétentions hypocrites anciennes de partenariat égalitaire. Nous savons que nous sommes soumis maintenant.
Les États Unis ont choisi de poursuivre leur politique de domination par l’exercice de leur puissance de moins en moins soft et de plus en plus violente, ce qui par contrecoup clive les peuples du Reste du Monde en deux camps anti et pro occidentaux.
Les échéances se rapprochent avec l’accélération de la rareté réelle et climatique, avec la fin du cycle long du crédit, avec l’épuisement de la confiance dans le système monétaire, avec la fin de l’illusion sociale démocrate, avec sur tout l’explosion incontrôlée de la masse de capital fictif constitué par les dettes. Tout cela sur fond de marche vers la parité militaire entre le bloc occidental et le bloc chinois.
La Russie a mis longtemps à tirer les conclusions des provocations américaines, même encore maintenant je ne suis pas sur qu’elle soit allée jusqu’au bout de la logique terrible qui est en cours. À mon sens Poutine espère encore …
Mais les dirigeants comme Medvedev, pourtant ex modéré, voire ex-pro-occidental commencent à voir clair.
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Le bilan de fin d’année de Medvedev replace la nouvelle grande stratégie de la Russie dans son contexte
par Andrew Korybko
La grande stratégie de la Russie a évolué. Elle poursuit avec détermination ses intérêts nationaux objectifs. Elle a compris qu’il fallait abandonner tout espoir de parvenir à un compromis avec l’Occident sauf à accepter d’être vassalisée.
L’ancien président russe et vice-président sortant du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev a publié dimanche un bilan détaillé de fin d’année dans Rossiysakaya Gazeta.
Il a divisé son article d’opinion en six résultats, qui mettent en contexte la nouvelle grande stratégie de son pays. Tout cela a été précédé par sa déclaration d’intention concernant l’information des autres décideurs et des membres de la société sur la direction que prend la Russie dans l’avenir à venir.
Le premier résultat concernait le début de l’opération spéciale de son pays, qu’il a décrite comme motivée par la nécessité de réagir aux menaces existentielles soutenues par l’Occident émanant de l’Ukraine.
Comme on pouvait s’y attendre, il a évoqué la pertinence de ce conflit par rapport à la Seconde Guerre mondiale en déplorant que l’Occident n’ait pas tiré les leçons de cette époque et qu’il arme aujourd’hui le fascisme contre la Russie.
Medvedev a terminé cette partie de son article sur une note optimiste en promettant que tous les objectifs de Moscou seront atteints.
Le deuxième résultat qu’il a évoqué est que la Russie ne se fait plus d’illusions sur le milliard d’or de l’Occident dirigé par les États-Unis.
L’ancien dirigeant russe a également exprimé sa profonde déception face à l’aveu d’Angela Merkel selon lequel Minsk n’était qu’une ruse pour gagner du temps pour armer Kiev avant son offensive finale prévue contre le Donbass.
Cela a grandement contribué à la conclusion de Medvedev selon laquelle des relations pragmatiques avec ce bloc de facto de la nouvelle guerre froide sont impossibles jusqu’à ce que de nouveaux dirigeants arrivent au pouvoir là-bas.
Le troisième résultat de l’année écoulée a été la prolifération mondiale de la russophobie, qu’il a décrite comme motivée par le désir intéressé du milliard d’or de détourner l’attention de ses propres échecs.
Medvedev a établi des parallèles historiques entre le passé et le présent pour affirmer que cela a en fait été une constante dans les relations de la Russie avec l’Occident. Selon lui, les concurrents de son pays ont toujours tenté de l’abaisser; ils ne le respecteront jamais comme un égal et n’accepteront jamais qu’il puisse exister en tant que concurrent.
Le quatrième résultat contenu dans son article était largement détaillé et impliquait l’observation de Medvedev selon laquelle la transition systémique mondiale se dirige de manière irréversible vers la multipolarité.
Pour résumer ses pensées, il s’attend à ce que l’incertitude mondiale persiste alors que le milliard d’or tente agressivement d’inverser ce processus dans une tentative désespérée de s’accrocher à son hégémonie unipolaire en déclin. L’ancien dirigeant russe est convaincu que le Sud global réussira à réformer l’ordre mondial.
S’appuyant sur ce qui précède, le cinquième résultat de Medvedev concerne les risques littéralement apocalyptiques liés à la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie via l’Ukraine si le conflit échappe à tout contrôle.
Il a rappelé à tous que les capacités de dissuasion nucléaire de la Russie sont la seule chose qui s’oppose actuellement à la Troisième Guerre mondiale.
Medvedev a ensuite conclu cette section en expliquant ant que les intérêts de sécurité de son pays doivent être garantis pour que l’humanité s’éloigne du bord de l’impensable.
Et enfin, le dernier résultat de l’année écoulée qu’il a jugé important de souligner est que la Russie n’a pas seulement survécu, mais continue de prospérer et d’avancer vers la victoire.
Il a félicité son peuple pour son patriotisme et a salué la résilience de l’économie face aux sanctions sans précédent de l’Occident.
Medvedev a promis que l’État protégerait tous ses citoyens sans exception, en particulier ceux des régions nouvellement réunifiées, et s’est dit convaincu que la Russie en sortirait encore plus forte l’année prochaine.
Ces six résultats suggèrent collectivement que la grande stratégie de la Russie a évolué au point de poursuivre avec confiance ses intérêts nationaux objectifs sans hésitation, contrairement aux années passées où elle avait encore l’espoir de parvenir à un compromis avec l’Occident.
Un tel accord n’est plus possible, c’est pourquoi la Russie a commencé son opération spéciale et a ensuite catalysé la dernière phase de la transition systémique mondiale qui a mis les relations internationales sur la voie irréversible de la multipolarité.
• https://korybko.substack.com/medvedevs-end-of-the-year-review
source : Bruno Bertez
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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