Corruption au Parlement européen : les photos des billets saisis par la police belge

Corruption au Parlement européen : les photos des billets saisis par la police belge

Des valises et des sacs photographiés par les enquêteurs de la police belge qui mettent en lumière les sommes supposément payées par Doha pour défendre les intérêts de l’émirat à Bruxelles.

FREDERICK FLORIN / AFP Le sceau sur la porte du bureau de l’ex-vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, perquisitionné par les enquêteurs dans cette vaste affaire de corruption au sein de l’institution européenne.

Par Maxime Birken avec AFP

CORRUPTION – 1,5 million d’euros en petites coupures. Alors que l’enquête pour corruption et blanchiment d’argent en bande organisée au sein de la haute institution européenne a déclenché la colère de la présidente du Parlement européen, un cliché des sommes déjà saisies par la police atteste de l’ampleur de l’affaire liée au Qatar.

Sur une photo relayée dès mardi 13 décembre sur le compte de la Police Fédérale belge, les enquêteurs donnaient à voir les importantes sommes d’argents trouvées aux domiciles de plusieurs personnes soupçonnées, dont l’ex-vice présidente du Parlement européen Eva Kaili. Des clichés qui font depuis réagir anonymes comme eurodéputés.

Au total, « la Police Judiciaire Fédérale a saisi près d’1,5 millions d’euros lors des perquisitions menées en région bruxelloise », indiquait à ce titre les enquêteurs dans cette publication où l’on peut voir différentes photos d’épais sacs et valises, remplis de billets de banque.

Des sacs de 150 000, 750 000 ou 600 000 euros

Bien qu’elle assure ignorer l’existence des sommes d’argent considérables trouvées chez elles, l’élue grecque Eva Kaili avait été perquisitionné dès vendredi 9 décembre à son domicile bruxellois. Des sacs remplis de billets de banque d’une valeur de 150 000 euros y avaient été découverts. Eva Kaili n’a « aucun rapport avec l’argent retrouvé à son domicile (…) elle ne connaissait pas l’existence de cet argent », a assuré, mardi, Michalis Dimitrakopoulos, son avocat.

En dehors d’Eva Kaili, son compagnon, l’Italien Francesco Giorgi fait également partie des trois autres personnes perquisitionnées et écrouées dans le cadre de l’enquête du juge belge Michel Claise qui éclabousse les instances européennes.

D’autres figures du Parlement européen ont été perquisitionnées à leur domicile, comme l’ancien eurodéputé socialiste Pier-Antonio Panzeri, où 600 000 euros ont été trouvés et saisis. Le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) Luca Visentini ou encore Marc Tarabella, eurodéputé belge ont également reçu une « visite » des enquêteurs.

Michalis Dimitrakopoulos, qui a dit s’être entretenu à plusieurs reprises par téléphone avec sa cliente en détention, a souligné que « seul son compagnon », avec qui elle vivait, pouvait fournir « des réponses sur l’existence de cet argent ». Le père d’Eva Kaili a pour sa part été surpris avec une valise contenant 750 000 euros en liquide.

L’avocat a également rejeté avec véhémence les « rumeurs fausses » selon lesquelles Eva Kaili aurait reçu des pots-de-vin du Qatar. « Elle va lutter pour prouver son innocence », a-t-il assuré, « et informer ses collègues députés européens (…) que le lien entre son nom et la corruption présumée de la part du Qatar ou de tout autre pays ou État du Golfe est totalement irréel ».

Eva Kaili « demande sa libération »

Concernant le sort respectif des différentes personnes ciblées par l’enquête, la justice belge doit décider ce mercredi si l’ex-vice-présidente du Parlement européen reste en détention ou pas. Mais elle doit également se prononcer sur le maintien éventuel en prison des trois autres personnes écrouées depuis dimanche dont Pier-Antonio Panzeri et Francesco Giorgi.

Depuis vendredi, l’élue socialiste de 44 ans est soupçonnée d’avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l’émirat qui accueille actuellement la Coupe du monde de football sur son territoire. Et bien que le Qatar ait fermement démenti les accusations de corruption, une source judiciaire avait rapidement confirmé à l’AFP que ce pays était bel et bien soupçonné par les enquêteurs belges.

Me Dimitrakopoulos a également indiqué que « demain (ce mercredi 14 décembre) » Eva Kaili allait « demander sa libération » aux autorités judiciaires à Bruxelles. « Elle n’est pas fugitive ou suspecte pour autre infraction », a ajouté l’avocat, disant espérer que sa cliente soit remise en liberté conditionnelle.

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