par Rorik Dupuis Valder.
« Vendre du rêve » : cette expression populaire résume assez bien, politiquement et moralement, le non-sens du projet libéral américain. Un col blanc, une pose de pin-up et un large sourire pour faire diversion ; des images de réussite pour dissimuler le vice capitaliste.
En somme, le « rêve américain » — qu’aujourd’hui des milliers de migrants africains sous-éduqués, par quelques malentendus culturels, viennent vivre sur notre Vieux Continent — n’est qu’une vaste et perpétuelle publicité mensongère. La croyance en l’épanouissement personnel par l’enrichissement matériel. Avec, pour rattraper un peu le coup, une pseudo-spiritualité de repenti, tenant plus de la limite superstitieuse que de l’entendement moral.
Pendant des décennies de flottement idéologique, les ambassadeurs patentés et les agents infiltrés de l’American Dream n’ont cessé de corrompre le monde de leur vision spéculative et antisociale, en lui imposant de faux besoins immédiats par la religion de la consommation. La facilité individualiste et le progrès illimité au service de celui qui contrôle, pour mater toute tentative d’engagement désintéressé en faveur de la collectivité. Comme si l’obsession du gain et la démocratisation de l’arme à feu allaient constituer un projet de société suffisamment viable…
À l’heure du grand basculement de civilisation, qu’en reste-t-il, de ce rêve américain élargi ? Un immense champ de ruines et de fosses communes au Moyen-Orient ? Des crises sociales et humanitaires à répétition, partout où l’Oncle Sam est venu dicter sa loi de banquier dévoyé ? Une élite illégitime de parvenus et d’improductifs, apparue dans la lâcheté vénale de ses partenaires ?
Comment a-t-on pu laisser le gros colon américain s’en prendre à tout ce qui fait la subtilité, la richesse et l’identité d’un peuple ? Pourquoi n’avons-nous pas été plus nombreux à cramer du McDo ? À condamner la célébration du mensonge, de l’outrance, de la vulgarité et de l’ignorance ? À ridiculiser le culte assumé de la bagnole, l’allégeance suicidaire à la télé et la névrose aveugle du selfie ?
L’ultralibéralisme pailleté de l’Oncle Sam et son manichéisme politico-religieux pour enfants ne sont en substance que des attrape-soldats, des conditionneurs de chair à canon et à cacheton. Sur nos terres infectées, droitards et gauchistes ignorent qu’ils font en réalité partie de la même race : celle des péquenots rigides de la pensée. Puritains et pornographes, même combat. À se complaire dans les diktats de la croyance, les uns et les autres s’écharpent à l’envi sur le petit théâtre des intérêts et des réputations, quand la Liberté, la vraie, les dépasse par son caractère fondamentalement changeant et insaisissable.
Dans la défaite généralisée de l’esprit de résistance, il convient toutefois de reconnaître au faiseur de rêve américain une ambition hors norme et, de ce fait, un sens inégalé du spectacle. Le blockbuster anonyme du 11-Septembre avait, il est vrai, quelque chose d’assez grandiose, et d’admirable, d’un point de vue symbolique et scénaristique. Désemparés, les téléspectateurs les plus obéissants en cherchent toujours le héros !
Certains n’ayant résolument plus rien à perdre pour se maintenir au pouvoir, il serait tout de même regrettable qu’on en vienne au terrorisme biologique appliqué — spécialité militaire du pays —, en une opération Covid augmentée… En attendant, pas de panique. La tyrannie du rêve américain — comme toute escroquerie politique en bande organisée — n’est qu’une parenthèse honteuse de l’Histoire, dans le règne éternel de la musique et de la philosophie.
Finalement, le seul intérêt qu’on pourra lui trouver est dans sa contre-culture, dans les productions artistiques et intellectuelles de l’underground, dans le message inspiré et solidaire de ceux qui ont fait de cet empire de carton-pâte un objet de détestation créative. Sans lui, nous n’aurions peut-être jamais connu certains de ces chefs-d’œuvre de rock, de jazz ou de la littérature qui nous font mettre l’Homme, définitivement, au-dessus de toutes les manœuvres possibles de l’Escroc.
Le morceau Men of good fortune de Lou Reed, issu de son concept album Berlin paru en 1973, est à mon sens une remarquable synthèse mélodique de cette impasse. Décrivant, à travers le récit d’une passion amoureuse destructrice, une désespérante lutte des classes que seuls les riffs de guitare et le détachement du poète semblent pouvoir résoudre, il est l’élégant bras d’honneur de n’importe quel peuple en demande de reconnaissance : « And me, I just don’t care at all »…
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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