Merkel et l’ombre d’Adolf H.
• Comment en est-on arrivé là ? (C’est-à-dire à l’opération russe du 22 février avec tout ce qui peut s’ensuivre jusqu’à une guerre générale). • L’original John Helmer détaille son point de vue où Adolf H. n’est pas très loin de Merkel.
Depuis ses bavardages un peu imprudents dans telle ou telle gazette, Merkel s’attire l’ire de nombreuses et diverses plumes. Certaines sont plus intéressantes que d’autres, et particulièrement originales ainsi que sans la moindre crainte du complotisme puisque la chancelière l’a désormais affiché. C’est le cas de celle John Helmer dont on a déjà parlé [voir son article sur le ‘regime change’ à Moscou], et dit tout le bien que nous pensions de cet Américain atypique, vivant à Moscou, faisant des affaires, partout bien introduit… Helmer doit rendre fou certains services de renseignement parce que trop marginal, trop bien informé et surtout, surtout, bien trop indépendant. Helmer n’est pas un ange dans un monde où tout le monde joue à l’ange jusqu’à la nausée, mais il est bien informé et n’a pas peur d’en écrire là-dessus.
Cette fois, nous empruntons à son site une partie d’une interview qu’il a donnée à un journaliste hongrois, et qui n’est pas encore publié par son intervieweur. Les informations que Helmer donne sur son intervieweur sont les suivantes :
« Tamas Gergo Samu a réalisé cet entretien par courriel au début du mois. Samu, journaliste, a été député au Parlement hongrois à Budapest, puis conseiller du chef du Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik Magyarországért Mozgalom), un parti clé du bloc d'opposition parlementaire connu sous le nom de United for Hungary (EM). Il a quitté le parti Jobbik il y a deux ans et est désormais conseiller indépendant du comté de Bekes. L'interview sera publiée dans Erdélyi Napló ("Journal de Transylvanie"), le principal hebdomadaire hongrois publié à Cluj-Napoca, capitale de la région de Transylvanie en Roumanie. »
L’intérêt de cette longue réponse d’Helmer à la première question de Samu est qu’il donne sa version complète des événements ayant abouti à l’opération russe du 24 février ; Surtout, il dévoile ce qu’il croit être les plans allemands, et particulièrement de Merkel. La comparaison entre Merkel et Adolf H. est succulente et goûteuse… Elle montre au moins une chose : la “confession” (la “trahison”) de Merkel a “libéré la parole”… Profitons-en.
dde.org
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Interview de Helmer sur Merkel et Adolf H.
Tamas Gergo Samu : « Les gens veulent généralement examiner un problème de manière simplifiée. Dans cette guerre, la plupart des pays occidentaux accusent la Russie d'être un agresseur. Habituellement, nous voulons voir le monde en noir et blanc. Mais cette guerre est-elle la lutte des bons (Ukraine) et des mauvais (Russie) ? »
John Helmer : « Cette guerre que mène la Russie est la continuation de sa défense contre l'objectif de guerre de l'Allemagne, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne depuis 1939. Ce but a été la destruction de la Russie en tant que puissance européenne à égalité avec les autres, avec comme méthodes le changement de régime au Kremlin et la liquidation des ressources militaires et économiques du pays. Les objectifs de la chancelière Angela Merkel ne sont pas différents de ceux du chancelier Adolph Hitler, mais elle n'a pas commis les erreurs de ce dernier en combattant les Britanniques et les Américains en même temps, ni en lançant trop tôt son opération militaire contre la Russie. La haine raciale contre les Russes que Merkel a attisée, avec les États-Unis et les alliés de l'OTAN, est le substitut aujourd'hui, motivant et propageant la guerre en Europe, comme la haine raciale contre les Juifs l'était dans l'idéologie d'Hitler.
Lorsque Merkel a déclaré aux Allemands, il y a quelques jours, qu'elle avait l'intention de faire accepter par l'Allemagne les accords de Minsk de 2015, afin de donner du temps à la préparation militaire de l'Ukraine, elle répétait les gribouillis sur papier qui permettent de gagner du temps et que Hitler avait conclus avec la Tchécoslovaquie, l'Union soviétique et la Grande-Bretagne en 1938. Le gribouillis sur papier que Neville Chamberlain annonça aux électeurs britanniques avoir signé avec Hitler pour assurer "la paix en notre temps" s'est avéré être un chiffon de papier faux en un an. L'accord de Minsk de Merkel, elle le reconnaît maintenant, était chiffon dès le départ de son côté ; elle ne l'a admis que maintenant, sept ans plus tard.
Mais Merkel suit l'exemple d'Hitler depuis plus longtemps. L’Aschluss autrichien de mars 1938 et la prise de contrôle des Sudètes six mois plus tard du premier étaient dans l’arrière-mémoire de Merkel lorsqu'elle a accepté l'accord du 21 février 2014 avec le président ukrainien Victor Yanukovich, – au moment où la même Merkel avait également accepté le plan américain pour le coup d'État de Maidan remplaçant Yanukovich à Kiev et commençant le plan pour transformer l'Ukraine en une plate-forme de tir visant carrément Moscou. Le coup d'État de Maidan a fait de l'Ukraine le lebensraum de Merkel, – l’adhésion à l'Union européenne et à l'alliance de l'OTAN en est le nom contemporain.
Merkel n'était pas aussi impatiente qu'Hitler pour une invasion comme l'opération Barbarossa de 1941. Elle a refusé d'approuver le plan néerlandais d'intervention militaire à Donetsk après la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines en juillet 2014. Merkel pensait que ce plan était prématuré et qu'il déclencherait une contre-attaque russe risquant la destruction totale des forces ukrainiennes. Elle et les dirigeants américains n'étaient pas aussi impulsifs que les Néerlandais ; ils avaient tous été surpris par l’efficacité et la rapidité de la prise de contrôle de la Crimée par les Russes. Ils ont donc commencé à planifier à plus long terme. Mme Merkel n'a pas non plus accepté de rompre les liens économiques lucratifs avec la Russie dont dépendaient les entreprises et les syndicats allemands, – et aussi les votes dont elle avait besoin pour sa réélection en 2017 ; elle l'a remportée malgré un revirement de 8% en sa défaveur. Berlin n'a donc pas arrêté le projet gazier Nord Stream; au contraire, Mme Merkel a retardé sa mise en œuvre et gagné du temps.
Merkel s'est ensuite rendue au chevet d'Alexei Navalny à Berlin en septembre 2020, révélant ainsi l'engagement total de la chancellerie et des services secrets allemands dans l'histoire du Novichok. C'est un exemple de la fabrication de l'idéologie du bien contre le mal que vous identifiez dans votre question, et en son centre, l'incarnation du mal russe, la diabolisation du président Vladimir Poutine que Merkel a juré de détruire tout comme Navalny s'est déclaré.
L'horloge de ce plan de guerre contre la Russie ne s'est pas arrêtée pour l'Allemagne lorsque Merkel a été remplacée à la chancellerie de Berlin par Olaf Scholz en décembre 2021. Elle s'est terminée le 24 février 2022, lorsque les forces russes ont commencé l'opération militaire spéciale.
La particularité de cette opération est qu'il ne s'agit pas tout à fait de la guerre pour l'Europe que les Allemands, les Américains et les Britanniques ont planifiée. Elle est spéciale parce qu'elle vise, de la part de la Russie, à démanteler la plate-forme d'armes ukrainienne et à l'empêcher de menacer d'attaquer. Cependant, si les Allemands, les Américains et leurs alliés en Europe ont pour objectif de se battre jusqu'au dernier Ukrainien, et de continuer à mener cette guerre contre la Russie depuis les régions frontalières ukrainiennes, – depuis la Galicie des deux côtés de la frontière polonaise, depuis la Transcarpathie des deux côtés de la frontière hongroise, et depuis les lignes roumaines et moldaves, – alors l'opération spéciale sera devenue une opération générale. C'est-à-dire la reprise de la guerre en Europe contre la Russie. »
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org