par Moon of Alabama
Sous l’administration Trump, les États-Unis ont lancé une guerre commerciale contre la Chine. Elle a commencé par l’imposition de divers droits de douane sur les produits chinois. L’administration Biden a ensuite utilisé le prétexte peu convaincant du prétendu « travail forcé » au Xinjiang pour rendre plus difficile l’importation de biens en provenance de Chine. Cela contredisait le plan de Biden sur le changement climatique, car presque tous les panneaux solaires sont fabriqués à partir de matières premières trouvées au Xinjiang. La guerre commerciale s’est poursuivie avec la guerre des puces contre le progrès technologique de la Chine.
Les droits de douane et les restrictions vont à l’encontre de l’accord commercial mondial que les États-Unis sont de plus en plus disposés à ignorer.
L’administration a maintenant mis au point un nouveau stratagème qui utilisera le prétexte du changement climatique pour mener une guerre économique contre les industries de l’acier et de l’aluminium de la Chine et d’autres pays. Pour être plus efficace, elle tente d’obtenir l’adhésion de l’Union européenne :
« L’administration Biden a envoyé mercredi à l’Union européenne une proposition suggérant la création d’un consortium international qui favoriserait le commerce des métaux produits avec moins d’émissions de carbone, tout en imposant des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de Chine et d’ailleurs, selon une copie consultée par le New York Times.
Le groupe proposé, connu sous le nom d’Arrangement mondial pour un acier et un aluminium durables (Global Arrangement on Sustainable Steel and Aluminum), utiliserait la puissance des marchés américains et européens pour tenter de soutenir les industries nationales tout en atténuant le changement climatique. Pour ce faire, les pays membres imposeraient conjointement une série de droits de douane sur les métaux produits de manière nuisible à l’environnement. »
Il ne s’agit clairement pas d’une politique visant à atténuer le changement climatique, mais à limiter le libre-échange au profit des industries nationales.
La cible de cet effort est évidemment la Chine :
« Les prélèvements viseraient la Chine et les autres pays qui n’ont pas rejoint le groupe. Les pays qui y adhéreraient bénéficieraient de conditions commerciales plus favorables entre eux, notamment pour l’acier et l’aluminium produits de manière plus propre.
Pour adhérer à l’arrangement, les pays devraient veiller à ce que leurs industries de l’acier et de l’aluminium respectent certaines normes d’émission, selon le document. Les gouvernements devraient également s’engager à ne pas surproduire d’acier et d’aluminium, ce qui a fait baisser les prix mondiaux des métaux, et à limiter l’activité des entreprises d’État, qui sont souvent utilisées pour acheminer des subventions aux fabricants de métaux étrangers. Bien que le document de réflexion ne mentionne pas la Chine, ces exigences semblent susceptibles de l’empêcher de devenir membre. »
Le système donnerait un avantage aux sidérurgistes qui fondent la ferraille dans des fours à arc électrique pour fabriquer du nouvel acier. (Ne demandez pas comment l’électricité est produite…) Mais la population mondiale continue de croître et il faudra fabriquer davantage d’acier. Avec l’aide du charbon, il est fondu à partir du minerai dans des hauts fourneaux, selon un processus relativement sale. Le fer brut est ensuite transformé en acier à l’aide de convertisseurs d’oxygène, eux aussi peu respectueux du climat.
La plus grande partie de la production d’acier de base est désormais réalisée en Chine, en Inde et dans d’autres pays moins riches, tandis que la fabrication de l’acier dans les pays occidentaux se résume souvent à un simple processus de recyclage :
« L’industrie sidérurgique américaine compte déjà parmi les plus propres du monde, grâce aux normes environnementales plus strictes du pays et à l’accent mis sur le recyclage de la ferraille. L’accord est conçu pour tirer parti de ces avantages et aider les entreprises américaines à résister à la concurrence des fabricants d’acier et d’aluminium fortement subventionnés en Chine et ailleurs.
Mais les États-Unis abritent également de nombreuses industries qui achètent de l’acier et de l’aluminium étrangers pour les transformer en d’autres produits. Elles pourraient objecter que cette mesure augmenterait leurs coûts. »
Ces industries ne protesteront que si elles ne peuvent pas répercuter l’augmentation des prix sur les consommateurs de leurs produits. Elles exigeront probablement davantage de droits de douane sur les importations pour entraver leur concurrence étrangère.
La partie la plus stupide de ce projet est qu’il n’existe aucun moyen pour les États-Unis ou l’Europe de mesurer ou même d’estimer dans quelle mesure la production étrangère d’acier est respectueuse de l’environnement ou non :
« Si les États-Unis et l’Europe vont de l’avant avec cette structure, il est probable qu’il y aura une lutte intense sur la fixation des droits de douane et la façon de mesurer les émissions de carbone.
La mise au point d’une méthode permettant de déterminer la quantité d’émissions de gaz à effet de serre dans la production d’un produit donné n’en est qu’à ses débuts, et il faudrait recueillir beaucoup plus de données au niveau de produits et d’entreprises spécifiques, ont déclaré des personnes au fait de ces projets. »
Cette politique n’a pas grand-chose à voir avec la réduction des gaz à effet de serre et vise à limiter le commerce au profit des industries nationales. Les consommateurs en souffriront en raison de la hausse des prix. On pourrait la résumer ainsi : les pays riches puniront les pays pauvres de ne pas être riches.
J’espère que les eurocrates n’accepteront pas ce plan car cela pourrait lui donner une certaine crédibilité. Les États-Unis n’auraient certainement aucun scrupule à utiliser éventuellement des mécanismes similaires contre les industries européennes.
La Chine, l’Inde et d’autres pays des BRICS s’opposeront bien sûr à ce projet et exerceront probablement des représailles contre les exportations américaines s’il venait à être mis en œuvre.
Pour un aperçu historique de la Chine et de ses politiques commerciales, je recommande vivement cet entretien avec Brian Berletic et Carl Zha : Le « siècle d’humiliation » de la Chine et les tensions entre les États-Unis et la Chine aujourd’hui
source : Moon of Alabama
traduction Réseau International
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