Les habitants d’un lotissement « tranquille » de Guipavas (29) vivent depuis des années un enfer auprès de la famille qui leur a vendu leur terrain, sur fond d’impasse judiciaire et d’exaspération grandissante.
Pire qu’une fiction ! Les habitants d’un quartier de Guipavas subissent la pression de la famille qui leur a vendu les terrains. Depuis quatre ans, les désagréments se sont intensifiés, les procédures judiciaires ont suivi en cascade…
Au milieu de ce lotissement, sur les hauteurs du Moulin-Blanc, près de Brest, traverse un chemin qui conduit à la propriété d’une mère et de sa fille, anciennement propriétaire des parcelles vendues à ces nouveaux arrivants.
La mère est âgée de plus de 90 ans, la fille affiche la bonne cinquantaine et se promène toujours avec un portable en mode caméra.
À partir de ce chemin privé, alors qu’elle dispose d’un accès principal, la fille de l’ancienne propriétaire multiplie les allées et venues où il n’est pas autorisé, par règlement, de rester en « position statique ». On doit y être en mouvement, au risque de se prendre au mieux une remarque acerbe ou un coup de bombe lacrymo !
Procédures en cascade
« Tout s’est plutôt bien passé au moment de l’achat de nos terrains auprès de cette famille guipavasienne », résument les représentants de quatre maisons décidés à exposer publiquement la situation. « Il fallait signer un règlement particulier nous obligeant à un certain nombre de choses à respecter. Nous nous y sommes tous pliés. Jusque-là, rien à redire puisque nous voulions vivre dans le plus grand calme. Mais c’est au moment de nos travaux respectifs que les problèmes ont commencés ».
Tranchées au sol pour empêcher les artisans de travailler, accrochages et insultes envers les ouvriers, camions bloqués et tagués, procédures judiciaires à l’encontre des nouvelles constructions, notamment des limites de terrain et la construction contestées. Depuis quatre ans, les désagréments se sont intensifiés, les procédures judiciaires ont suivi en cascade…
« Elle passe son temps à nous filmer »
Les actes malveillants s’amoncellent, en effet, depuis des années. « Pneus de voiture dégonflés, animal retrouvé à la fourrière, fruits de mer abandonnés le long de la clôture, au plus près de nos propriétés », racontent les riverains, excédés. « Elle vient garer son véhicule sous les arbres quand les élagueurs viennent travailler, démarre régulièrement sa tondeuse ou sa débroussailleuse au plus près de chez nous, puis repart en les laissant tourner en son absence ». Les compteurs électriques extérieurs sont dorénavant fermés à clé. Ils étaient régulièrement coupés, avec des congélateurs ruinés au retour des vacances…
« Quand elle s’aperçoit qu’on est occupé dans le jardin, elle vient avec son 4X4, équipé d’une caméra et moteur en route pour cracher un maximum de fumée, musique à fond », déplorent les riverains. « En plus des insultes récurrentes, elle a expliqué à l’un de mes fils qu’elle finira bien par mettre ses parents en prison », résume une maman encore sous le choc. « Son activité préférée consiste à récupérer nos poubelles et nous les renvoyer, après inspection méticuleuse à son domicile ». Lorsqu’elle aperçoit un riverain dans son jardin, elle vient lui expliquer qu’il est « cocu » et qu’elle dispose des images… « Elle passe son temps à nous filmer depuis son chemin ou sa propriété, ce qui, nous a-t-on expliqué, est parfaitement légal ».
Condamnée à plusieurs reprises mais…
« Que faire face à un tel comportement ? », se demandent les riverains, solidaires entre eux. « On a tout essayé, les dépôts de plainte, le recours à la mairie, aux gendarmes, aux policiers municipaux et jusqu’au procureur de la République, sollicité ces derniers mois. Mais, à deux reprises, elle ne s’est pas présentée aux rendez-vous fixés par le médiateur de la République ».
Entre-temps, plusieurs décisions de justice ont été prononcées en défaveur de cette famille guipavasienne qui ne se serait jamais acquittée des frais et amendes à régler, toujours selon les riverains. Sollicitée sur ce point précis, ainsi que sur l’ambiance générale du quartier, la Guipavasienne n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Pas plus son conseil parisien, « ne voyant rien à communiquer sur le sujet ».
« Les procédures sont parfois au nom de la mère de 91 ans dont l’insolvabilité a été organisée », se désole l’un des riverains. « Nous avons pourtant payé des dizaines de milliers d’euros pour vivre ici », soulignent les membres des quatre familles réunies.
Aucune poursuite pénale jusqu’à présent
« Elle nous doit l’argent des procédures engagées et des amendes mais continue de déclencher des procédures auprès d’un cabinet d’avocats parisiens, probablement après avoir essoré les avocats brestois », poursuit un autre couple. « Cette mère et sa fille font, en effet, l’objet de plusieurs plaintes de la part de leurs voisins avec lesquels elles entretiennent des relations conflictuelles », confirme le procureur de la République à Brest, Camille Miansoni.
« Si beaucoup de faits signalés exaspèrent ceux qui les subissent, il n’a pas encore été possible de caractériser une infraction susceptible d’entraîner des poursuites pénales devant un tribunal », poursuit-il. À titre d’illustration, l’un des plaignants a signalé, en juin 2020, lors de son dépôt de plainte, que « ce jour-là du 15 mai 2020, « elle a passé toute la journée le long de son mur à nous regarder… À aucun moment, je ne lui ai parlé ce jour-là… » « De fait, un classement sans suite a été prononcé » précise le procureur.
En litige avec la municipalité
Dans le même quartier, la municipalité de Guipavas est également en procédure contre l’installation d’une clôture que cette riveraine a érigée sur une voie communale. « Elle a refusé de signer le constat de bornage contradictoire », regrette le maire, Fabrice Jacob. « Elle a entamé plusieurs recours contre des autorisations d’urbanisme délivrés aux riverains qui lui ont acheté les terrains ». « C’est de l’acharnement et cela pollue vraiment la vie de ces habitants », soupire-t-il. « Et le rythme des procédures judiciaires ne mollit pas, tout en sollicitant l’aide juridictionnelle ! », constate-t-il.
Les gendarmes de Guipavas ont également fait les frais de son courroux. Elle a déposé plainte pour harcèlement contre l’un d’entre eux et s’adresse dorénavant aux brigades des communes voisines. Du coup, les gendarmes de Guipavas marchent sur des œufs…
En association pour se faire entendre
Excédée par ce comportement, la dizaine de riverains s’apprête à mobiliser les habitants du lotissement voisin, qui commencent également à avoir maille à partir. « Sans appui suffisant des forces de l’ordre et de la justice, nous nous apprêtons à fonder une association de défense pour faire entendre notre voix et retrouver le calme dans notre lieu de vie. C’est dingue de devoir en arriver là, aujourd’hui en France. Mais nous n’abdiquerons pas ». Un point positif dans le marasme ambiant ? Ces relations de voisinage pour le moins toxiques ont réussi à créer un véritable élan de solidarité dans le quartier. « On n’a jamais été aussi soudés et déterminés pour que cesse ce comportement ! ».
Source : Le Télégramme
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