Enfants de Merkel

Enfants de Merkel

Enfants de Merkel

• La chancelière qui fit l’admiration de toutes nos élitesSystème est devenue, par ses dernières sorties médiatiques révélant ses pensées secrètes et profondes sur le processus de pacification de l’Ukraine (les accords Minsk-I et -II), le mythe du Système pour ceux qui n’entendent plus rien et pour les autres l’image du mythe effondré du bloc-BAO grimé en ‘Collective West. • Peu importe la précision de ses confidences et le degré d’incompétence ou d’infamie qu’on y peut trouver, Merkel est devenue ce “mythe effondré”. • Il est normal que la chose se fasse dans une dynamique de complète inversion du principal objectif de la politiqueSystème du bloc, qui n’est rien de moins que la destruction de la Russie.• Cet objectif de folie pure selon la raison nuancée d’expérience et d’intuition, est réellement le but principal actuel de la politique extérieure (?) américaniste-occidentaliste, et la chancelière nous salue bien dans cette aventure à laquelle elle donne un élan décisif. • En un sens, son rôle étrange à l’ombre des accords Minsk comme une lumière éclairant la période.

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11 décembre 2022 (18H20) – Lors de la même conférence de presse de Bichkek de vendredi, signalée dans notre texte d’hier sur l’hypersonique et “MAD guillotiné”, Poutine a également parlé de cette autre affaire, dite par nous de “la trahison de Merkel”. Le président russe a parlé assez droitement de sa réaction de déception et d’amertume, dont il n’a pas caché l’importance en raison des liens de confiance qu’il croyait avoir avec Merkel.

« Poutine a trouvé l'aveu de la chancelière allemande Angela Merkel, – selon lequel le but des accords de Minsk était de “gagner du temps” pour l’Ukraine, – surprenant et décevant … S’il savait que l'Ukraine n’avait pas l'intention d'appliquer l'accord, dit-il, “je pensais que les autres participants à ce processus étaient honnêtes. Il s'avère qu'eux aussi nous trompaient”. »

Poutine ne s’attarde pas à ce sentiment de déception et d’amertume, mais il ne nous cache pas, selon notre propre jugement, que le sentiment pèsera sur ses jugements politiques. Pour autant et selon lui (Poutine), l’attitude de Merkel, Porochenko & Cie valide a posteriori l’“Opération Militaire Spéciale” [OMS] en Ukraine, à propos de laquelle on notera qu’il ne cesse de répéter qu’il a eu tort de ne pas la lancer plus tôt.

«… Poutine a déclaré que [la “trahison de Merkel”] confirme que la décision de lancer l'opération militaire spéciale était correcte. “Leur but était uniquement de charger l'Ukraine en armes et de la préparer aux hostilités. Nous le constatons. Honnêtement, nous nous en sommes peut-être rendu compte trop tard, et nous aurions peut-être dû commencer tout cela plus tôt”. »

Mais plus encore : l’incident confirme en le détériorant un événement capital pour les relations internationales, et notamment les relations entre la Russie et le bloc-BAO. Il s’agit de la désintégration totale de la confiance, ce sentiment sj nécessaire pour d’éventuelles négociations et d’éventuels accords. C’est désormais, dans la période dite de la postvérité, l’avatar de “la confiance tombée à zéro”.

« La tromperie au sujet de Minsk soulève maintenant une “question de confiance”, a déclaré Poutine, notant qu'elle [la confiance] est actuellement “presque nulle”. La vraie question est maintenant de savoir si des négociations sur quoi que ce soit avec qui que ce soit sont même possibles, et ce qui garantirait un éventuel accord, a-t-il ajouté. “Au final, il devra y avoir des pourparlers. Nous sommes prêts pour eux, je l’ai dit à de nombreuses reprises. Mais cela nous fait réfléchir, notamment à propos de ceux à qui nous avons affaire”. »

Cette affaire Merkel est un excellent exercice pour évoluer vers une appréciation générale de la situation autrement qu’à partir d’un jugement de midinette pour laquelle l’histoire du monde commence le 24 février 2022. Avec Merkel, on est un peu plus dans le dur de la cause, dans son essence si elle en a, puisqu’on remonte à 2014-2015 et à ce qui est désormais une pantalonnade atlantico-bouffe des accords de Minsk. Nous nous rappelons combien, à l’époque, nous connaissions un bref moment de satisfaction en constatant combien l’Europe, dont la France messieurs-dames, jouait un rôle important. Nous nous trompions gravement, alors encore en retard d’un métro sur la pente de notre décadence.

Il y a eu quelques arguments sur les déclarations de Merkel. Certains excellents commentateurs, dont ‘b’, de MoA (‘TheMoonofAlabama’, voir le texte en français dans le ‘Sakerfrancophone’), jugent que Merkel a été moins perfide et traîtresse qu’on ne le dit car on le lui en fait dire trop. MoA s’en explique longuement et sa plaidoirie est accueillie avec intérêt par un de ses amis, Andrei Martyanov, mais sans faire changer d’avis celui-ci sur l’essentiel qui est l’“effet de communication”, c’est-à-dire l’effet politique :

« Bernhard [MoA] a écrit un bon article sur cette question. Lisez-le en entier. Bernhard soulève quelques points valables. Mais ils ne changent rien aux conséquences de cette affaire du point de vue de la communication. »

Nous sommes moins indulgents, même si nous reconnaissons à Merkel une réelle capacité de parler entre les lignes et de noyer quelques poissons mort dans la soupe, de passivement laisser faire tout en sachant, entre l’un ou l’autre coup actif pour verrouiller l’orientation du sabotage dont “le roi du chocolat” (Porochenko) porterait l’entière responsabilité. Merkel a une façon bien à elle, comme cette image de celui qui pousse un passager d’un bateau à l’eau en criant “Attention, vous allez tomber”, puis lorsque l’autre est dans l’eau, lui lancer une bouée en bois d’ébène propre à assommer un bœuf en criant : “Attention, vous allez vous noyer”…

Au contraire, nous partageons sans hésiter, avec un réel enthousiasme, – cela n’étonnera personne, – l’analyse d’Alexander Mercouris, longue et fouillée sur sa vidéo du 10 décembre (voir de 34’00” à 45’00” sur la vidéo). Avec lui, le paysage s’élargit et l’on passe de leurs petites personnes (Merkel certes, – et Hollande, bien sûr !) à la situation des relations internationales…

« Merkel a participé au sabotage des accords de Minsk, et elle a fait pire encore… elle savait que ce sabotage avait lieu et ne fit rien pour l’empêcher, elle participa à la mise en place de sanctions contre la Russie tant que Minsk ne serait pas appliqué et, d’un autre côté, laissa faire pratiquement le sabotage de Minsk [par les Ukrainiens et le bloc-BAO] alors que les sanctions restaient en place…

» Il est difficile de mesurer l’extension des dommages que son comportement [de Merkel] a fait aux relations internationales. »

Merkel a participé passivement et activement à la destruction de la confiance et de l’esprit même des lois internationales (puisque Minsk fut sanctionnée par un vote du Conseil de Sécurité, « devenant ainsi un élément officiel de la légalité internationale »). La défiance totale dont Poutine parle vis-à-vis des Allemands, de l’UE, de l’OTAN, notamment à la suite du sabotage de Minsk, est en fait promise à imprégner toute l’attitude des pays du reste (le Grand-Sud & associés) vis-à-vis du bloc-BAO, participant activement sinon centralement à l’effondrement du système américaniste-occidentaliste… Et pourquoi, tout cela ? Parce que Merkel a voulu, selon Mercouris, « protéger ce qu’il lui reste de réputation en Allemagne », obtenant devant l’Histoire l’effet contraire, – celui de “la trahison de Merkel”, non plus vis-à-vis du seul Poutine, mais paradoxalement vis-à-vis du système qu’elle a prétendu défendre.

Prenant le parti un instant d’un jugement cynique sur l’évolution depuis 2014 avec le sabotage de Minsk, avec Merkel participant au moins passivement (et parfois activement) au sabotage de l’accord dont elle avait été l’architecte essentielle, Mercouris observe :

« …Si l’Ukraine est effectivement devenue plus forte au moins dans un domaine [le militaire] depuis 2014 [et le sabotage de Minsk], la Russie est, elle, devenue beaucoup plus forte dans nombre de domaines  [économique, financier, diplomatique, militaire]. »

Ce faisant, Mercouris, avec l’aide de Merkel par conséquent, nous offre le principal enseignement de ces presque-neuf mois nous conduisant à la fin de l’année 2022 ; après elle (2022), bien entendu, “rien ne sera plus jamais pareil”.

Comment ne pas détruire la Russie

L’étrange prestation d’Angela Merkel, qui commence à faire des vagues et qui devrait peu à peu s’imposer par son importance littéralement historique, ressemble à une sorte de représentation illuminant brusquement toute l’histoire de ces huit dernières années jusqu’à cette étrange guerre totalement provoquée ; un peu comme les spectateurs abrutis de la caverne de Platon, brusquement privés de leur spectacle simulacre, sortis de la caverne et éblouis par le soleil du monde (la réalité de la Vérité)… Plus prosaïquement présentés, disons : les accords de Minsk et leur “sabotage” comme poursuite par une autre voie du “coup d’État le plus flagrant de l’histoire” tel que nous l’avions présenté dans les remous qui suivirent (ici, le 2 février 2015) :

« “La Russie définit l’événement qui a eu lieu au début de cette année [en février 2014 à Kiev] comme un coup d’État organisé par les USA. Et en vérité, ce fut le coup [d’État] le plus flagrant dans l’histoire”, etc. (Voir successivement le 22 décembre 2014, le 21 janvier 2014, le 22 janvier 2015 [entièreté de l’interview de George Friedman par Kommersant présenté par nous en traduction française], le même 22 janvier 2015, comme commentaire de l’interview complet.)

Nous voulons dire par là que, d’un point de vue symbolique devenant peu à peu factuel sinon opérationnel, – le temps de pénétrer la presseSystème qui prend eau de toutes parts, – la “trahison de Merkel” met, comme par un coup de baguette magique, de l’ordre et du rangement dans cette période commencée en 2014-2016 et qui parvient à son paroxysme depuis le 24 février de cette année.

Nous suivons là un des grands chantiers de la “diplomatie” américaniste : la complète destruction de la Russie, qui constitue un but si ambitieux, si irréaliste, si fantasmagorique que l’on a du mal à en faire une référence acceptable et surtout féconde pour l’esprit, – pour ce qui est le problème le plus délicat en réalité, c’est-à-dire la tâche de “penser” cette époque.

Note de PhG-Bis : « PhG parle avec exactement 59 ans de travail dans le journalisme (au sens le plus large), sur la matière de la politique extérieure, et singulièrement les relations Est-Ouest (URSS-USA). A part l’option inacceptable, ‘unthinkable’, de l’anéantissement nucléaire réciproque, l’idée d’une guerre directe entre ces deux pays, et encore plus d’une politique de l’un des deux ayant pour but (importance du mot) la destruction de l’autre, constitua dès l’origine dans son travail, d’un point de vue techniquement objectif, une voie complètement absurde de la pensée, et d’ailleurs rendue encore plus absurde par cette menace nucléaire. Selon lui (PhG), rien de fondamental n’a changé depuis dans les situations réciproques, malgré la chute de l’URSS. Ce “but” de la politique extérieure US, – plus “politiqueSystème” que jamais, – constitue donc une monstruosité, une difformité de la pensée et n’a d’explication que psychologique, c’est-à-dire psychiatrique et pathologique. La difficulté de bien faire son travail aujourd’hui est celle-ci : réaliser qu’il faut être autant médecin qu’analyste ».

Il y a donc une grande difficulté pour comprendre ce qui s’est passé, et plus encore ce qui se passe, – quant à savoir “ce qui va se passer” ! Le verbe “comprendre” est d’ailleurs, sans doute inapproprié : disons plutôt “deviner” ou “rendre compte” par intuition ce qui est destruction et déstructuration pure, non pas de l’objet haï (ici la Russie), mais de celui-qui-hait. Il faut pour cela écarter la forêt dense de mensonges et de narrative qui constituent le simulacre satisfaisant ces psychologies plongées dans une telle pathologie. Le résultat, une fois constaté les dégâts du champ de batailler, est par contre conforme à une logique de reconstruction de la réalité et nous donne l’inévitable résultat : tous les aspects du projet fou donnent leur exact contraire.

Il s’agit bien entendu d’une dynamique métahistorique, telle que l’identifiait indirectement, en septembre 2020, Alain Finkielkraut. (Lequel, malheureusement, lorsqu’il s’agit des grandes affaires des relations internationales, et notamment notre ‘Ukrisis’, ne nous semble pas du tout suivre sa propre méthodologie, tant s’en faut.)

« Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueilli les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”… »

Dans le cas qui nous occupe, nous reprenons la phrase de Mercouris pour nous en servir comme un fil d’analyse évident : « [Depuis 2014], la Russie est, elle, devenue beaucoup plus forte dans nombre de domaines [économique, financier, diplomatique, militaire] », c’est-à-dire dans tous les domaines où l’on prétendait l’affaibli, l’abaisser, puis, très vite, la détruire.

• Au niveau économie et financier intérieurs, on se rappelle à peine le ridicule « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe » du ministre Lemaire à la fin-février 2022, – ridicule au regard de ce qui a suivi. Les conditions de l’évolution économique russe extrêmement favorable par rapport aux circonstances ne nécessitent pas plus de détails. On va jusqu’à la mise en évidence d’une exceptionnelle capacité russe à disposer d’une base industrielle sans doute sans-rivale pour la production d’armements en temps de guerre.

• Au niveau diplomatique, aussi bien qu’au niveau économico-financier, aussi bien qu’au niveau de la communication, la Russie a provoqué avec son OMS du 24 février un coup de tonnerre pour un regroupement hostile au “Collective West” (BRICS+, OPEP+, OCS etc.). L’extraordinaire visite du président chinois Xi à Ryad et sa rencontre avec les dirigeants saoudiens et des pays du Golfe signale un « extraordinaire réalignement » qui est l’incontestable conséquence indirecte du 24 février, avec dans la nouvelle logique ainsi lancée les menaces pressantes qui pèsent désormais sur l’hégémonie du dollar.

• Loin de disperser un mythe créé par nos narrative pour pouvoir mieux proclamer sa destruction, – le mythe de la puissance militaire russe, – la guerre en Ukraine, OMS + ‘Ukrisis’, provoque au contraire un vaste mouvement d’expérimentation et d’opérationnalité des forces russes confrontées à une guerre conventionnelle de haut niveau. Le résultat devrait être une armée russe superbement expérimentée, sans doute la meilleure du monde pour l’action opérationnelle, intégrant massivement des technologies nouvelles sans rien perdre des qualités rugueuses du contact avec les réalités de la guerre.

… Mais nous ne devons pas nous tromper : tous ces développements constituent moins une “victoire” de la Russie contre le projet de destruction du bloc-BAO, qu’une catastrophique “défaite” face à la vérité-de-situation, de ce projet alimentant de lui-même une extraordinaire dynamique d’autodestruction. Jamais nous ne sommes plus approchés de l’horizon (“Que va-t-il se passer maintenant ?”) de l’équation fatale du bloc-BAO, – surpuissance-autodestruction. Dans ce cas, la Russie a servi d’instrument à des forces évidemment supérieures et hors de notre contrôle.

En un sens, Angela Merkel s’est retirée au bon moment… Quelle mouche l’a piquée de juger qu’il était temps de tant détailler ses turpitudes dans les interviews qu’on a lus ? Un message amical de la NSA ? Tout est tellement sens-dessus-dessous, au strict sens de l’expérience, qu’un peu de complotisme permet de mieux digérer les cahots de la cavalcade et d’en appeler à ces “forces évidemment supérieures et hors de notre contrôle”.

Note de PhG-Bis : « Ainsi, par cet référence sans surprise à ces “forces évidemment supérieures et hors de notre contrôle” se trouve justifié, sinon expliqué, le constat à la fois de la folie qu’est le projet de destruction de la Russie, et la folie de ceux qui le conçoivent. »

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

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« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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