Ça n’a pas manqué : mon billet de la semaine dernière m’a valu une avalanche de réactions indignées. Je m’y attendais un peu parce que Christian Perronne est devenu une icône de la résistance et qu’il n’est pas bien vu d’égratigner ceux qui la personnifient. Mes propos louangeurs n’ont pas été retenus par de nombreux lecteurs qui n’ont lu dans ma lettre que des attaques et des critiques envers un saint homme injustement persécuté. Celles que j’ai reçues, de critiques, m’ont parfois étonné. Par exemple, une lectrice m’a reproché de faire mon beurre avec la polémique et de chercher à « faire le buzz » par intérêt financier. Erreur, chère madame : je sais d’expérience qu’il est plus rentable d’épouser les opinions majoritaires et d’applaudir sans réserve les personnalités populaires. Pour preuve, vous m’avez annoncé votre désabonnement de Néosanté et vous n’êtes pas la seule ! Dans plusieurs messages, on m’a également fait le grief de semer la zizanie et de vouloir diviser l’opposition alors qu’il y a encore des luttes à mener en restant soudés et unis. Mais pourquoi l’unité exigerait-elle l’unanimité ? Je pense au contraire que la diversité et la pluralité font la force du camp de la liberté. Dans les manifestations petites ou grandes auxquelles j’ai participé, il était frappant qu’elles réunissaient des gens de toutes conditions, horizons et opinions. Alors que nous subissons depuis près de trois ans une politique covidiste monolithique et une pensée médiatique unique, il serait sot de basculer à notre tour dans l’irrespect des différences et divergences. Pas de bon combat sans culture du débat ! Je suis ami avec le Pr Perronne sur plusieurs réseaux sociaux et ce n’est pas parce que je le châtie durement que je n’apprécie pas sa présence aux créneaux à nos côtés. Parmi les répliques courroucées à mon éditorial, il y avait aussi l’accusation que j’associe Christian Perronne et Didier Raoult dans ma réprobation au motif que les deux infectiologues dissidents ont défendu le droit de soigner précocement. Or si j’ai volontiers décoché des flèches sur le premier, il me semble avoir toujours épargné et supporté le second. Permettez-moi aujourd’hui de rappeler pourquoi.
Un rassuriste précovidien
Certes, je ne suis pas un supporter inconditionnel de l’ex-directeur de l’IHU de Marseille. Je le blâme d’avoir vanté l’hydroxychloroquine alors que ce médicament chimique n’est pas sans danger et qu’il est même, selon certains scientifiques, partiellement responsable de la surmortalité enregistrée en 2020. Pour moi, la réussite du « protocole Raoult » ne repose pas sur le remède antipalu, elle s’explique autrement et j’ai partagé très tôt cette conviction dans ma lettre du 20 juin 2020. Non sans une légère autosatisfaction, je constate d’ailleurs que le druide phocéen amorce une courbe rentrante dans ses dernières interviews. Il met désormais les vertus de sa molécule chérie au conditionnel et insiste de plus en plus sur l’action combinée du zinc et de l’azithromycine. À mon avis, un jour viendra où l’on reconnaîtra que les médecins de ville ayant soigné sans recourir à l’HCQ ont obtenu des résultats tout aussi remarquables, voire meilleurs qu’au CHU marseillais. Didier Raoult conserve cependant toute mon estime car, dans sa corporation, il a été le premier et longtemps le seul à fustiger la virophobie délirante qui s’est emparée du monde médical à l’aube de la pseudo-pandémie. Pour les toutes premières manifs, j’avais imprimé en grand la phrase qu’il avait prononcée au début du confinement : « À la fin, qu’est-ce qu’on va suggérer ? Que tout le monde reste enfermé toute sa vie parce qu’il y a des virus dehors ? Mais vous êtes tous fous. Vous êtes devenus tous cinglés ». Ce diagnostic psychiatrique très pertinent, qui a osé le poser avant lui ? Personne, et en tout cas pas Perronne ! À propos de ce dernier, savez-vous qu’il était naguère en guerre contre Raoult ? Les deux éminents professeurs se sont en effet écharpés dans le dossier de la maladie de Lyme, c’est un épisode de leur vie que j’ai raconté dans une de mes lettres consacrée à cette maladie. Pour Raoult, il est absurde et fou de crier haro sur les tiques et de redouter une fausse épidémie de Lyme chronique. Dans le genre rassurant et rassuriste, le directeur de l’IHU avait donc des antécédents et a été un véritable récidiviste avec le covid. Dans son livre « Arrêtons d’avoir peur », sorti en 2016, il enjoignait déjà ses contemporains de ne pas croire au grand retour de fléaux infectieux façon peste ou choléra. Six ans plus tard, je suis plutôt fier d’avoir à l’époque recensé et encensé cet ouvrage dans Néosanté : son auteur a ensuite confirmé tout le bien qu’on pouvait penser de lui. Il est à mes yeux la figure de proue de l’anticovidisme, la seule blouse blanche qui peut se regarder dans le miroir sans rougir !
Un vaccino-prudent qui voit clair
Contrairement au « Lyme Doctor » de Garches, Didier Raoult n’est pas non plus un partisan impénitent des « vrais » vaccins à technologie classique. Pour lui, ça n’a pas de sens d’être « pour » ou « contre » cette branche de la médecine dont il faut examiner l’opportunité au coup par coup et maladie par maladie. Il s’en est clairement expliqué dans un autre livre publié en 2018 par la maison Michel Lafon. Dans cet ouvrage, il s’en prenait encore une fois aux « fantasmes qui propagent la peur » et à ceux qui en usent pour intervenir médicalement et inutilement. Il fait notamment un sort au BCG (vaccin contre la tuberculose dont il souligne l’échec) et au DTP (diphtérie-tétanos-polio) qu’il juge ridicule de continuer d’administrer en France alors que les trois menaces y ont disparu. De mon point de vue, l’infectiologue ne va évidemment pas assez loin dans son analyse critique des vaccins. Il défend notamment celui contre les papillomavirus qu’il trouve « raisonnable » de généraliser et celui contre l’hépatite B dont il nie la grande dangerosité. À propos de cette injection dommageable qui a fait exploser l’incidence de la sclérose en plaques, savez-vous que le scandale a été (co)révélé à la fin du siècle dernier par le Dr Marc Girard ? Et vous rappelez-vous que cet expert en épidémiologie et pharmacovigilance a sauvé l’honneur de la médecine en 2010 en levant le voile sur la grande arnaque de la grippe AH1N1 et sur son vaccin aussi risqué qu’inefficace ? C’était le temps où les vrais spécialistes avaient encore droit de parole sur les plateaux télé. Dans une autre lettre sur la fumisterie de Lyme, je mentionne que le Dr Girard s’est également et ironiquement opposé à Perronne concernant cette maladie. Or tandis que le second vient d’être totalement blanchi, le premier vient d’être radié à vie par l’Ordre des Médecins ! À votre avis, lequel des deux dérange le plus le système établi ? Je ferme la parenthèse et je reviens à Didier Raoult. Même si le vaccin avait été conventionnel, il aurait certainement dénigré celui contre le covid développé trop vite et fatalement impuissant face aux inévitables variants. Dans toutes ses interventions audiovisuelles, il n’a eu de cesse de rappeler cette évidence naturelle de l’adaptation spontanée des virus à ARN aux produits censés les empêcher de circuler. Il a toujours mis en garde contre « la baguette magique » vaccinale dont l’incapacité à procurer une immunité collective ne faisait pas un pli à ses yeux. Le « vaccino-prudent » qu’il est a eu raison à 100% et tout le monde ne peut pas en dire autant.
Un pasteurien ouvert
Avec la prudence, la modestie est probablement la qualité majeure du Professeur Raoult. À rebours de tous ceux qui le trouvent vantard et vaniteux, je le trouve pour ma part très humble car conscient de la complexité de sa discipline et des limites de son savoir. Si vous écoutez bien ses vidéos, vous entendrez que les expressions « on ne sait pas, on ne comprend pas » , « je ne suis pas devin » ou « c’est un mystère qui reste à éclaircir » reviennent à tout bout de champ dans sa bouche. Il avoue constamment son ignorance et son inaptitude – lui qui est pourtant un savant de haut rang – à prédire l’évolution d’un épidémie virale. C’est un faux prétentieux et un vrai modeste dont le seul tort est de rappeler à juste titre qu’il est l’un des infectiologues les plus publiés et les plus cités au monde. Bien sûr, il continue à voir dans les virus la cause des maladies qu’on leur impute. Mais est-il vraiment un pasteurien de stricte obédience ? Ce n’est pas l’impression qu’il me donne. Pour rappel, Raoult a déclaré bruyamment dès début 2020 qu’ « une pandémie, ça n’existe pas ». Il voulait dire par là que les épidémies, qui ne sont jamais réellement planétaires, surgissent et évoluent en fonction de l’endroit et de l’environnement qui les voient naître. Il n’a jamais varié dans ses déclarations et il énonçait encore récemment que « les épidémies sont des maladies d’écosystèmes », autrement dit que leur gravité dépend moins de la virulence des agents infectieux que du contexte social et environnemental où ils émergent. N’est-ce pas une manière moins radicale de dire que le microbe n’est rien et le terrain est tout ? En tout cas, il n’a jamais dévié d’un iota dans son approche thérapeutique : d’abord traiter le patient en tenant compte de son état au lieu de céder à la psychose des germes. Pour rappel aussi, c’est à l’IHU de Marseille que le Dr Louis Fouché a fait son entrée tonitruante dans le camp des rassuristes/rassurants qui s’insurgeaient contre la panique ambiante. Or depuis lors, le jeune réanimateur fondateur de RéinfoCovid n’a plus caché son allergie à une médecine allopathique qui considère les micro-organismes en ennemis et néglige la santé dans ses toutes ses dimensions. Il se fait que Louis Fouché vient de publier un nouveau livre intitulé « Agonie et renouveau du système de santé ». Je ne l’ai pas encore lu ni même encore reçu mais je suis très impatient de découvrir son contenu car cet ouvrage a été publié aux éditions Exuvie de Fabien Moine, un petit éditeur qui s’est spécialisé dans la naturopathie et qui est lui-même naturopathe ! Et devinez qui signe la préface de ce bouquin prometteur ? Didier Raoult lui-même qui écrit dans son hommage que « Louis Fouché se pose des questions que je me pose aussi ». S’il est et demeure un adepte de Pasteur, le préfacier de Fouché rejoint visiblement l’auteur dans son ouverture à d’autres conceptions du soin et de la maladie. Cela me conforte encore dans mon appréciation positive de celui que j’ai surnommé humoristiquement le « Panoramix de la Cannebière ». Je persiste à dire qu’il y a confusion sur les mérites de sa potion et méconnaissance dans son chef de certains dégâts vaccinaux – d’où une seule étoile décernée – mais je le range sans hésiter dans ma constellation de précieuses sources lumineuses. Non, je n’ai jamais mis Raoult et Perronne sur le même pied ni dans le même sac.
Yves Rasir
Source : NéoSanté
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